World News in French

Pourquoi les exploitants du camping de La Santoire voient leur activité en perte de vitesse ?

« Stupéfaits et dans l’incompréhension totale ». Jelle et Dennis n’ont pas d’autres mots pour définir la situation à laquelle ils se disent confrontés. Les propriétaires du camping de La Santoire, à Saint-Bonnet-de-Condat et de l’épicerie et du bar/snacking du village depuis janvier 2022, accusent « une perte d’activité de 20 % depuis le début de cette année », estiment-ils.En cause ? Les travaux menés conjointement et en même temps par le Conseil départemental, les communes de Saint-Bonnet-de-Condat et de Saint-Saturnin, qui entraînent des fermetures successives de routes et des interdictions de circulation. Rendant ainsi l’accès au camping « difficile », voire « impossible ». Car si des déviations sont mises en place, « elles ne sont pas, selon eux, adaptées aux camping-cars ou caravanes », leurs principaux clients. Ainsi,

soit les gens n’arrivent pas à nous trouver, soit ils ont trop peur pour emprunter ces petites routes avec leurs véhicules. C’est étroit, raide, avec énormément de virages, donc vraiment dangereux. Quant aux touristes, ils ne s’arrêtent pas puisqu’ils ne passent plus par là.

Sans parler des livraisons qui sont fortement impactées.Si le couple concède « que les travaux doivent être réalisés », ils regrettent de « ne jamais avoir été concertés, consultés et informés » sur leur déroulé et le calendrier et s’interrogent sur la pertinence de les engager, « tous en même temps » à cette période de l’année. « Nous, nous avons trois mois pour faire 80 % de notre chiffre d’affaires », insiste Jelle qui s’avoue « abandonné et oublié ». En atteste son mail, envoyé via la plateforme du Conseil départemental, il y a une quinzaine de jours à Philippe Fabrègue, directeur des mobilités, qui est resté lettre morte. « Je veux que le département prenne au sérieux les entreprises d’ici. Je ne veux pas être le petit enfant embêtant néerlandais, mais quand même ! ».

Face à cette situation, Jelle et Dennis s’avouent inquiets pour l’année 2024, et plus encore pour l’avenir. « L’épicerie et le bar, c’est un service pour le village. Mais comment on va pouvoir rester ouverts cet hiver si on ne fait pas notre chiffre cet été ? », s’interroge Jelle, qui pointe du doigt la « mise en péril de l’activité. Si ça continue, nous devrons arrêter, car nous avons des charges énormes ». Et de conclure : « on va croiser les doigts pour qu’au moins on nous tienne au courant ! ». 

Les travaux

Saint-Saturnin. Fermée à la circulation depuis avril 2016, suite à un glissement de terrain, la portion de la RD 16 reliant Allanche à Saint-Bonnet-de-Condat par Saint-Saturnin, est toujours condamnée. L’étude engagée par le Bureau de recherches géologiques et minières en 2021 « devrait encore durer, selon les dernières nouvelles, jusqu’au milieu de l’année 2025 », déclare Claire Andrieux, le maire de Saint-Saturnin. « J’aurai terminé mon mandat que ce ne sera toujours pas fini », rit-elle jaune.

L’été dernier, le Conseil départemental a refait le pont de Soulages, sur le RD 21, qui mène à Saint-Saturnin. Le 12 juin, il a engagé, dans la continuité, une nouvelle tranche de travaux, depuis l’ouvrage jusqu’au panneau d’entrée du village, pour refaire la route avec un tout nouveau procédé expérimental d’enrobé vert. La commune prendra, elle, le relais du panneau jusqu’à la mairie. Le tout pour une durée de trois mois.Saint-Bonnet-de-Condat. Depuis septembre dernier, et jusqu’à fin 2024, des travaux d’assainissement sont réalisés dans le bourg de la commune. « Mais ils n’ont jamais gêné l’accès au camping, assure le maire, Jean-Paul Malbec, et il n’y a jamais eu de coupure de route à Saint-Bonnet, hormis deux jours, les 18 et 19 juin, et uniquement pour les poids lourds, c’est-à-dire plus de 3,5 t ».Le bourg de Saint-Bonnet-de-Condat est en chantier depuis septembre pour des travaux d'assainissement.À cela, vont s’ajouter les travaux d’étanchéité du pont de Saint-Bonnet, sur le RD 36, en direction de Saint-Saturnin, que le Conseil départemental attend de démarrer « lorsque la rivière sera à son niveau le plus bas comme nous l’impose la loi sur l’eau », explique Didier Achalme, vice-président du Conseil départemental en charge des grandes infrastructures. Programmés pour une durée de deux mois, « ils entraîneront la fermeture du pont pendant un mois et demi », complète Claire Andrieux. « Sans oublier, poursuit-elle, qu’en ce moment, il y a des travaux entre Ségur-les-villas  et Saint-Saturnin sur le RD 436 ».Face à ces innombrables chantiers, dont les déviations rallongent indéniablement les temps de parcours, elle concède « un manque de coordination. Il aurait peut-être fallu davantage les étaler ». 

Isabelle Barnérias 

Читайте на 123ru.net