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Tour de France : comment se forme une bordure, et pourquoi l'étape Orléans Saint-Amand-Montrond peut y être propice

Tour de France : comment se forme une bordure, et pourquoi l'étape Orléans Saint-Amand-Montrond peut y être propice

Déterminant en 2013, la dernière fois qu’une étape est arrivée à Saint-Amand-Montrond, le vent est espéré par beaucoup demain afin de créer des bordures. Décryptage d’un phénomène qui peut coûter cher ou rapporter gros.

Le cyclisme, comme beaucoup de sports, est bourré d’anglicisme. Même en France on parle de sprint, de punch, et on scrute le comportement des leaders. Pourtant, dans l’Hexagone, il est un nom commun qui résiste à son équivalent anglophone : la bordure. Étonnant alors qu’outre Manche on parle d’« echelons », un mot bien plus clair pour illustrer cette situation de course que tout le monde attend et que beaucoup espèrent demain entre Orléans et Saint-Amand-Montrond.

« Le cyclisme, c’est de la voile »

Mais concrètement, qu’est-ce qu’une bordure?? Le Larousse a sa définition, et elle est plutôt convaincante : « Un échelonnement des coureurs d’un peloton perpendiculairement au vent pour s’abriter les uns les autres, la place exposée au vent étant prise successivement par chacun d’entre eux. » En clair, une bordure se crée à la faveur du vent. Mais pas n’importe quel vent.

« Il y a trois types de bordures, expose Sylvain Chavanel, qui était de la bordure gagnante lors de la dernière arrivée à Saint-Amand-Montrond en 2013. Avec un vent de côté, c’est dangereux car cela nous pousse vraiment sur le bord de la route. Un vent de trois-quarts face peut créer une bordure mais casse un peu le rythme donc il peut permettre aux groupes distancés de remonter. Mais le plus difficile, c’est le vent de trois-quarts dos, car c’est avec celui-là que ça va le plus vite devant. »

Ainsi, la dernière fois que le Tour est arrivé dans le Cher, il n’était plus que quatorze dans le groupe de tête réglé par le sprinteur britannique Mark Cavendish. Et son équipe, Omega Pharma Quick Step, à laquelle appartenait Chavanel, avait été à l’initiative de la cassure. « Il y avait peut-être moins de calcul à l’époque que dans le vélo d’aujourd’hui, souligne le désormais retraité. Je me souviens que c’est Stegmans qui avait été à l’initiative de ce coup de bordure et on avait contribué à lui faire prendre du champ avec Terpstra et Cavendish. »

Si le Cav’ l’avait emporté, Christopher Froome, qui avait limité les dégâts ce jour-là, en avait profité pour prendre le large au classement général, à l’inverse d’Alejandro Valverde ou de Thibaut Pinot, relégués à dix minutes. Le directeur sportif du Français s’appelait alors Franck Pineau et pour le natif de Bourges, « le meilleur moyen d’être du bon côté d’une bordure, c’est de la créer ». Celui qui a œuvré durant plus de vingt au sein de l’équipe Groupama-FDJ de Marc Madiot a toujours aimé les bordures.

« Pour moi, c’est ce qu’il y a de plus beau dans le vélo, avec l’organisation d’un train de sprinteur. On ne le dira jamais assez, mais le cyclisme c’est de la voile et le vent peut faire bien plus de dégâts qu’un col.  »

C'est officiel, Saint-Amand-Montrond accueillera une arrivée du Tour de France 2024

Certaines équipes, à commencer par la Quick Step sont devenues des spécialistes de l’exercice. « Plus globalement, les Belges et les Néerlandais excellent dans le domaine », poursuit Franck Pineau qui estime que « les bordures les plus dévastatrices sont celles qu’on n’attend pas. Pour distancer, il faut surprendre. » Or demain, avec le souvenir de l’édition 2013 en tête, chaque équipe cherchera à éviter le piège. « Le vélo d’aujourd’hui n’a plus grand-chose à voir avec celui de l’époque, compare Sylvain Chavanel. Désormais, les équipes roulent ensemble autour du leader, tout est beaucoup plus calculé, davantage étudié. »

Pas besoin que ça souffle fort

La formation Visma lease a bike a ainsi tenté de faire exploser le peloton jeudi entre Mâcon et Dijon. L’opération avait fonctionné, mais aucun leader n’a été piégé et tout le monde s’est finalement regroupé après quelques kilomètres d’incertitudes. En sera-t-il de même demain??

Il n’y a pas besoin que ça souffle très fort, prévient Franck Pineau. 10 ou 15 km/h de trois-quarts dos, sur une plaine bien exposée, et le coup peut partir.

Des données qui permettent déjà d’exclure le début d’étape des terrains pour potentielle bordure, puisque le peloton sera longtemps abrité dans les forêts de Sologne. Ce sont surtout les soixante derniers kilomètres, au sein desquels la direction de course a volontairement inséré de nombreux changements de direction, qui pourraient permettre de grandes manœuvres, mais hier, les organismes de prévisions ne tablaient pas sur des vents propices. 

 

Antonin Bisson

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