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“Saravah” de Pierre Barouh : un documentaire enchanteur sur la musique brésilienne

Un grand petit film, où le chanteur Pierre Barouh part à la rencontre de légendes de la musique brésilienne à Rio en 1969. Un documentaire entraînant et irrésistible.

Saravah, tourné en trois jours, à Rio, pendant l’hiver 1969, est un document historique. Son auteur est Pierre Barouh, chanteur amoureux du Brésil et surtout de sa musique qu’il a contribué à introduire en France, dès le milieu des années 1960. Jusque-là, il n’avait jamais touché au cinéma, si ce n’est comme acteur, quelque temps avant, dans Un Homme et une femme de Claude Lelouch.

C’est donc un film d’amateur, au sens amoureux du terme, qu’il tourne, en équipe réduite, dans les conditions du cinéma direct, en toute innocence. Pour l’occasion, Barouh a emprunté le cameraman, Yann Le Masson, et l’ingénieur du son, Jean-Claude Laureux, de Pierre Kast, présent au Brésil à ce moment-là pour tourner un autre film. Ensemble, ils vont conspirer à produire ce grand petit film qui tient du miracle.

Deux générations de la musique brésilienne

Si Saravah est historique, c’est d’abord parce qu’on y voit, en chair et en os et en pleine forme, quelques figures majeures de la musique brésilienne. Des anciens comme le légendaire saxophoniste et compositeur, Pixinguinha, ou le percussionniste João da Baiana. Mais aussi des modernes tels que le guitariste Baden Powell, la chanteuse Maria Bethânia, ou le rénovateur de la samba, malgré tout fidèle à la tradition, Paulinho da Viola.

Entre les deux générations, il n’y a pas de rupture mais une continuité, typique de la musique brésilienne, qu’on voit s’incarner à l’écran. C’est Baden Powell, ami personnel de Pierre Barouh, qui fait le lien entre tous ces musicien·nes qui nous gratifient de performances intimes, comme glanées au fil de ces journées qui respirent la liberté.

Un mouvement entraînant et irrésistible

Ici, la musique jaillit naturellement. On a même rarement vu un documentaire qui la fait éclore aussi instinctivement et avec autant de légèreté. La force tranquille de Saravah c’est de montrer des situations quotidiennes d’où naît un mouvement irrésistible, celui de la samba et autres chansons brésiliennes. Au passage, il y est question de toute une culture afro-brésilienne, en lien étroit avec cette musique fondamentalement syncrétique. Le candomblé ou la macumba, ces formes spirituelles et autres rituels magiques issues de l’Afrique mais accommodées au Brésil, y sont également largement évoquées. Ce qui fait de Saravah un film qui tourne autour de tout un environnement brésilien, inséparable des formes artistiques qu’il a produites.

Tout au long de ce film enchanteur, qui dure seulement une heure, s’enchaînent des instants de vie et de musique aux apparences totalement spontanées. On y voit, entre autres moments de grâce, Paulinho da Viola, attablé, guitare à la main, évoquer le carnaval et le défilé des écoles de samba, avant d’enchaîner, en duo avec Maria Bethânia, quelques chansons qui coulent de source. Ou encore Baden Powell entraîné, vers la fin du film, dans une sorte de jam session qui pourrait durer des heures sans qu’on éprouve la moindre lassitude. L’histoire de la musique populaire brésilienne s’écrit ici, en direct devant nos yeux et nos oreilles charmés par tant de délicatesse et de beauté.

Saravah, de Pierre Barouh, avec Pierre Barouh, Maria Bethânia, Baden Powell… Ressortie en salles le 10 juillet.

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