JO 2024 : quels effets sur les salles de cinéma cet été ?
Si le phénomène “Barbenheimer” a animé l’été 2023, la saison estivale est plus généralement synonyme de période creuse pour les cinémas, à la fois en termes de sorties et de fréquentation. Et cette année apporte son nouveau lot de perturbations avec la tenue des Jeux olympiques en France, du 26 juillet au 11 août prochain. L’événement a ainsi suscité nombre d’inquiétudes et interrogations ces derniers mois. Préoccupations auxquelles le cinéma n’aura pas échappé.
Fermeture de certaines salles
Afin d’anticiper l’événement, une étude réalisée par Comscore pour la Fédération nationale du cinéma français s’est penchée sur la fréquentation des salles obscures durant les Jeux de Londres (2012), Rio (2016) et Tokyo (2021). Sur les trois semaines concernées par l’événement, le public a diminué en moyenne de 20%, comme le rapporte Le Parisien. Ces données ont ainsi conduit le réseau de cinémas indépendants parisiens Dulac à faire le choix de fermer les portes de ses salles durant cette période.
“On s’est rendu compte qu’on tablait sur une fréquentation insuffisante pour arriver à l’équilibre” nous explique son directeur, Pierre-Édouard Vasseur, avant d’évoquer deux autres raisons qui ont présidé à la fermeture. D’abord, l’offre des films puisque, d’après ses calculs, “les distributeurs indépendants français auront très peu de sorties pendant ces trois semaines”. Une préoccupation organisationnelle entre également en jeu, alors qu’une partie importante de la capitale sera difficile d’accès et que les transports publics risquent d’être exposés à des perturbations.
Confiance chez les distributeurs
“Je pense que tout le monde fait des JO quelque chose d’énorme mais que, finalement, ça ne va pas l’être tant que ça” temporise le directeur de Shellac, Thomas Ordonneau. S’il reconnaît ces difficultés, notamment concernant “l’accès aux salles dans certains quartiers”, le distributeur a choisi d’aborder cet été comme chaque année. Il ajoute : “Au-delà des moments forts comme l’ouverture, les films vont continuer à exister, les gens vont continuer à avoir envie d’aller au cinéma, comme chaque été”.
Se basant sur cette estimation, la société a ainsi prévu de distribuer deux films au cours de la période : Comme le Feu de Phillippe Lesage dont la sortie est prévue le 31 juillet et le film de Víctor Iriarte intitulé Dos Madres qui, lui, sortira un peu plus d’une semaine avant la compétition internationale. “On fait le pari de se dire qu’on peut potentiellement perdre des entrées, notamment à Paris qui représente quand même 50 % du marché art et essai, mais, d’un autre côté, nos films sortiront sur un peu plus d’écrans que si on les sortait aux mois d’octobre ou novembre. Quelque part, on aura un peu plus d’exposition parce qu’il y a moins de concurrence, notamment sur ce même positionnement art et essai” précise Thomas Ordonneau.
Même constat du côté de Condor, dont le dirigeant Alexis Mas “ne croi[t] pas vraiment à une baisse” non plus. “On a l’habitude d’aller à contre-intuition des marchés soi-disant désert parce que c’est jamais complètement désert” nous précise-t-il avant d’ajouter : “Il y a même des coups à faire quand les gros se retirent, car on peut mettre nos gros films”.
Plusieurs sorties prévues
Parmi ces “gros films”, Alexis Mas fait notamment référence au troisième volet de la trilogie horrifique de Ti West, MaXXXine, qui doit débarquer dans les salles françaises le 31 juillet prochain. “C’est un divertissement parfait pour l’été et qui a l’avantage d’être très estival comme c’est un film d’horreur. MaXXXine a aussi la vertu de pouvoir alimenter à la fois les circuits multiplex et le réseau des salles indépendantes plus tournées vers l’art et essai” nous explique le directeur de Condor qui sortira également Tigresse durant la période olympique.
Autre film particulièrement attendu cet été, le blockbuster Deadpool 3 doit quant à lui sortir le 24 juillet c’est-à-dire le même jour que le lancement des JO. Une date qui n’a pas été modifiée, de manière à suivre le line-up décidé par Disney au niveau international et qui offre une alternative à celles et ceux qui n’aimeraient pas le sport, d’autant que ce troisième volet ne vise pas seulement le public parisien mais l’ensemble des français·es.
D’autres ont également fait le choix d’offrir une alternative cinéphile aux Jeux olympiques. Selon Le Film Français, le ciné-club “Lost In Frenchlation”, consacré au cinéma français sous-titré en anglais, a ainsi décidé de renforcer sa programmation du 22 juillet au 11 août afin d’attirer, entre autres, le public anglophone présent en France durant l’été. Parmi les séances proposées dans la capitale, on relève La Petite Vadrouille, Anatomie d’une chute, Le Grand Bain ou encore un cycle dédié à Rohmer, tandis que seront projetés à Biarritz, Le Comte de Monte-Cristo, Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain et Un P’tit truc en plus. De quoi passer une certaine partie de son été en salles.