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Bistros de campagne : à Mesples, deux Anglaises font revivre le dernier bar de la commune

Bistros de campagne : à Mesples, deux Anglaises font revivre le dernier bar de la commune

Véritables âmes des villages et petites villes, les bistros incarnent une certaine idée du vivre ensemble. Chaque mardi, cet été, La Montagne pousse les portes de l’un d’entre eux. Aujourd’hui, La Petite Auberge, à Mesples (Allier).

"It’s awfully quiet this morning, isn’t it ?", commente Julia Houseman, derrière le comptoir de La Petite Auberge, à Mesples (122 habitants), dans le canton d’Huriel. C’est mercredi, premier jour d’ouverture de la semaine, et la matinée est très calme, donc, pour ceux qui ne maîtriseraient pas ou peu la langue de Shakespeare.

La co-patronne de ce bar-restaurant est Anglaise, mais pas d’inquiétude : elle parle le français et passe d’un idiome à l’autre selon le public. Et c’est dans sa langue natale qu’elle donne un petit gâteau spéculoos à un des clients présents : "This is for you (c’est pour toi)", sourit-elle à Nacho, 7 ans, un petit jack russel croisé fox-terrier.

Réouverture le 22 février dernier

Pendant qu’elle gère le bar, prépare la salle, en cuisine, l'autre co-patronne des lieux, Sally Reeves, confectionne le menu du jour. Ce sera bruschetta tomate basilic, poulet sauce champignons et ses pommes de terre, pot de chocolat au caramel.Les effluves du repas commencent déjà à embaumer l’établissement que les deux amies ont ouvert le 22 février dernier.Julia Houseman est au service. (Photo Florian Salesse)

L'endroit était fermé depuis deux ans

L’endroit, qui s’appelait auparavant Le Fagot, était alors fermé depuis deux ans. C’est le temps qu’il a fallu au duo pour finaliser l’achat des murs avec la commune (20.000 €), effectuer les démarches administratives et rénover les lieux. "On a agrandi le bar avec mon beau-père, qui vit dans l’Indre, et le frère de Sally. C’était tout petit. Le plafond était très bas aussi. Tous les matériaux sont de seconde main, sauf le frigo", reprend Julia Houseman, tout en plaçant des bouquets sur les tables. "Ils sont offerts par une voisine. Chaque semaine, elle nous apporte des fleurs de son jardin", dit-elle.

Cuisine maison

Les deux femmes voulaient que l’endroit soit chaleureux, "fun" : "On y arrive. On a organisé une Fête de la musique le 21 juin. Mon beau-père est venu jouer. On a fait une journée paella, beaucoup de gens sont venus aussi. On a déjà des clients réguliers, mais beaucoup viennent de Montluçon, Désertines, Châteaumeillant… L’été, on sait que les Belges et les Néerlandais seront nombreux".Sally Reeves est à la cuisine. (Photo Florian Salesse)

En juillet et août, elles mettront le menu du jour en pause et Sally Reeves se consacrera à la carte. "La cuisine a toujours été une passion. Je regarde toutes les émissions culinaires, j’aime beaucoup recevoir chez moi et je passe mon temps à étudier des recettes", raconte celle qui met un point d’honneur à travailler du frais.

"Les gens sont surpris du fait que la nourriture soit bonne", rit Julia Houseman. Il faut dire que la gastronomie anglaise ne jouit pas d’une belle réputation. Le pays de Molière est chauvin en matière de bonne chère et hautain avec les plats d’outre-Manche.

Installées dans le Bourbonnais depuis plusieurs années

Les deux amies ne voulaient pas faire de l’endroit un pub britannique de toute façon. Elles ont découvert chacune de leur côté ce coin d’Auvergne. "Je viens du Yorkshire. Avec mon mari, on a acheté ici il y a quatorze ans, et on y vit depuis dix ans", raconte Julia Houseman. "J’ai acheté ici en 2005 et j’y vis vraiment depuis août dernier", poursuit Sally Reeves, originaire du Hertfordshire. Elle avait prévu de quitter le pays pour passer sa retraite ici, à Mesples. Elle attendra encore un peu.Des photos représentant des moments de vie de la commune sont accrochées dans l'établissement. Elles ont été offertes par la municipalité. (Photo Florian Salesse)

Derrière le comptoir

Jusqu’en décembre dernier, Julia Houseman exerçait le métier d’assistance maternelle, à Lyon. À 52 ans, elle passe donc à un autre chapitre de sa vie et emmène dans l’aventure une amie anglaise rencontrée à Mesples même.Sally Reeves, 60 ans, était directrice commerciale chez British Telecom, jusqu’à sa retraite, l’an passé :

Il y a trois ans, j’étais à mon bureau et j’ai reçu un message de Julia me demandant si j’étais intéressée pour reprendre un bar. Je lui ai répondu “appelle-moi” ! Je ne pouvais pas en discuter par texto. J’étais choquée !

Mais elle n’a pas hésité longtemps. C’est un milieu qu’elle connaît bien. Ses parents possédaient un pub : "J’y ai travaillé dès mes 14 ans". Son frère est lui aussi à la tête d’un pub.

Devant le comptoir

Patrick, retraité. Cet habitant de Mesples est un régulier du bar-restaurant. "Je viens ici de temps en temps, je n’habite pas loin", raconte-t-il, assis au comptoir, un verre de Perrier devant lui.Nacho, 7 ans, un habitué des lieux. (Photo Florian Salesse)Marc, touriste. C’est le premier jour d’une randonnée cycliste d’une semaine pour ce touriste néerlandais. Attablé en terrasse, l’homme déguste un café avant de repartir sur les chemins du Bourbonnais. "Cela fait cinquante-quatre kilomètres aujourd’hui. Ce soir, je dors à Saint-Palais", détaille-t-il. Municipalité. Patricia Gridaine, première adjointe, est une fidèle : "J’y vais tous les dimanches pour boire l’apéro et y manger, c’est très bon". Le maire, Jean-Luc Duneaud, va y inviter les employés communaux prochainement, pour un repas. "Julia et Sally sont des personnes motivées. C’est très positif pour le village. On essaie de les aider le plus possible, notamment d’améliorer le cadre."

Horaires. La Petite Auberge est ouverte du mercredi au dimanche. Contact : 04.70.08.94.05.

Seher Turkmen

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