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En Birmanie, des habitants désemparés après de nouveaux combats meurtriers

En Birmanie, des habitants désemparés après de nouveaux combats meurtriers

"Sept personnes ont été tuées ici, et il y a eu beaucoup de dégâts (...) Des morceaux de corps, de tête, de mains et de jambes ont été projetés sur mon toit quand une bombe a frappé des maisons pas loin", explique à l'AFP Kyaw Paing.

"Nous voulions la paix, la stabilité et l'accès à une vie digne. Je ne veux pas vivre cette vie pauvre et misérable dans la guerre. Je suis tellement triste", se lamente cet habitant âgé de 63 ans.

La semaine dernière, les combattants d'un groupe appartenant à une minorité ethnique ont revendiqué le contrôle de Kyaukme, infligeant à la junte un énième revers dans l'Etat Shan.

Les frappes aériennes et les tirs d'artillerie ont ravagé une partie de la ville d'environ 30.000 habitants, stratégique pour son emplacement sur l'autoroute entre Mandalay, la deuxième ville du pays, et la Chine.

Devant un bâtiment de quatre étages aux fenêtres détruites, des carcasses de voitures calcinées témoignent de l'intensité des combats, qui continuent de résonner dans la tête des habitants.

En treillis et équipés de fusils, des combattants de l'Armée de libération nationale Ta'ang (TNLA) patrouillent dans rues de Kyaukme, et contrôlent des véhicules.

Les régions frontalières de la Birmanie abritent une myriade de groupes armés ethniques, dont la majorité lutte contre l'armée depuis l'indépendance en 1948 pour une autonomie accrue et le contrôle des ressources locales.

Offensive coordonnée

Certaines de ces formations ont fourni une assistance aux opposants politiques de la junte ayant pris les armes à la suite du coup d'Etat de 2021 contre Aung San Suu Kyi, dans un contexte d'embrasement du territoire qui s'est durci ces derniers mois.

Lancée en octobre, l'offensive coordonnée de trois groupes ethniques, dont TNLA, a infligé dans l'Etat Shan des revers d'une ampleur inédite aux généraux, qui ont perdu le contrôle de plusieurs carrefours commerciaux lucratifs en lien avec la Chine.

Pékin a négocié un cessez-le-feu en janvier, mais les affrontements ont repris fin juin, dans plusieurs localités situées sur l'autoroute entre Mandalay et la Chine.

Les combattants du TNLA ont attaqué jeudi Lashio, où se trouve un important commandement militaire de la junte, à environ 85 kilomètres de Kyaukme.

Une habitante de Lashio, qui a souhaité ne pas donner son nom à l'AFP pour des raisons de sécurité, a entendu des bruits de coups de feu et de frappes aériennes lundi matin, mais depuis, la ville a retrouvé un peu de calme, et quelques boutiques sont ouvertes.

Un employé de la gare routière a décrit des longues files de véhicules d'habitants qui souhaitent partir, mais les déplacements pâtissent des destructions sur la route, à l'extérieur de la ville.

"Très inquiets"

Des dizaines de civils ont été tués dans les derniers combats, selon des secouristes locaux.

L'armée a indiqué que plusieurs personnes ont été tuées par des bombes de ses opposants. L'AFP n'a pas pu joindre un représentant de la junte pour des détails.

Dans ce contexte, le numéro 2 de la junte, le général Soe Win, s'est rendu récemment en Chine, un allié important et un fournisseur d'armes, pour discuter de coopération en matière de sécurité dans les régions frontalières, selon un journal d'Etat birman.

Les liens entre la junte birmane et Pékin se sont distendus avec la prolifération de complexes dédiés aux arnaques en ligne dans les zones frontalières de la Birmanie, qui ciblent des citoyens chinois.

La Chine aurait donné son accord tacite à l'offensive des groupes ethniques, avec lesquels elle maintient aussi des relations, et qui ont promis de faire le ménage sur ces activités illégales, selon des analystes.

A Kyaukme, la menace de nouvelles frappes aériennes de la junte a provoqué le départ de nombreux habitants, bien que l'essence commence à manquer, décrit Naung Naung, un habitant de 21 ans.

Le prix de certains aliments a plus que doublé, développe le jeune homme.

"Nous ne savons pas quand on pourra reprendre le travail. Nous avons fait face à tellement de difficultés, pas seulement notre famille, mais toute la ville", explique-t-il.

"Tous les habitants s'inquiètent de savoir combien de temps cette guerre va durer."

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