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Laurent Wauquiez, l’Elysée en ligne de mire : SMS, plan secret et grandes promesses

Laurent Wauquiez, l’Elysée en ligne de mire : SMS, plan secret et grandes promesses

Laurent Wauquiez n’a plus de temps à perdre. Sitôt sa victoire aux législatives confirmée, le nouveau député Les Républicains (LR) de Haute-Loire a pris le pouls de ses futurs collègues, à coups de SMS de félicitations ou d’appels plus approfondis. Ces élus en sont convaincus : le candidat putatif à l’Elysée envisage fortement de prendre la présidence du groupe LR, qui pourrait être mise aux voix ce mercredi 10 juillet. "Il ne doit pas revenir à l’Assemblée qu’à moitié", défend un cadre. Et entretenir l’image d’un présidentiable caché, fuyant ses responsabilités.

Le message semble reçu. Dans ses échanges, l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy dessine les contours du collectif qu’il envisage de diriger. Le groupe LR pourrait changer de nom, tant l’étiquette a été affaiblie par les échecs électoraux et la trahison d’Éric Ciotti. A un député, il vante un fonctionnement interne plus "collégial" et un travail plus approfondi avec le Sénat à majorité de droite. A un autre, il défend un dialogue accru avant les décisions. Manière d’assurer une plus grande discipline et cohésion interne. La lisibilité, obsession de Laurent Wauquiez. L’ancien patron de LR juge que ses intuitions politiques ont été validées par le verdict des urnes, lui qui veut représenter une droite "indépendante" en 2027. Donnés pour morts, Les Républicains sont parvenus à sauver leur peau dimanche et devraient conserver une soixantaine de sièges. Les deux blocs qui enserrent la droite sortent affaiblis du scrutin.

Champ de mines

Le Rassemblement national, incapable de briser son plafond de verre, a été mis en échec par une résurgence du front républicain. Éric Ciotti avait trahi son "ami" Laurent Wauquiez en pactisant avec Jordan Bardella. Voilà le Niçois plus isolé que jamais, allié marginal d’un parti minoritaire à l’Assemblée. "Il existe un doute sur la capacité de Marine Le Pen à exercer le pouvoir ", confiait Laurent Wauquiez en 2023. Il n’est pas levé. La Macronie a enfin enregistré aussi une défaite cinglante. Le camp présidentiel est dépendant d’une gauche puissante, qui promet de dominer le futur exécutif.

Le problème de la théorie, c’est qu’elle précède la pratique. Laurent Wauquiez avance sur un champ de mines dans cette nouvelle Assemblée. Les députés LR brillaient par leur indépendance depuis 2022. Revenus des enfers, les survivants de la dissolution se promettent déjà une liberté absolue. Jusqu’à ne pas siéger dans un groupe LR ? La tentation du départ agite plusieurs d’entre eux. A chacun ses griefs. Le management solitaire d’Olivier Marleix entre 2022 et 2024 a laissé un goût amer aux députés de la jeune génération. Leurs valises sont prêtes, menacent-ils. "Si n’y a pas de place pour la nouvelle génération et un groupe mal dirigé, on sera une quinzaine à partir", prévient un député. Un appel du large facilité par la crise existentielle de LR, et l’émancipation des figures de droite de la Macronie.

Hostile à toute alliance

LR est un corps en sursis, les ambitieux guettent. Ainsi ce député élu pour la première fois a-t-il eu la surprise de recevoir trois SMS après son élection : Edouard Philippe, Gérald Darmanin et Aurélien Pradié. L’élu du Lot, guère disposé à faire allégeance à Laurent Wauquiez, sonde des élus pour un éventuel groupe. Laurent Wauquiez est prévenu : il n’a pas le monopole du coup de fil facile. Et puis, que serait la droite sans l’éternel refrain de la coalition ? La petite musique d’un accord avec la Macronie rythme la vie des Républicains depuis 2022. Elle ne s’est pas éteinte dimanche 7 juillet, mais la mélodie a changé. Oublié, l’alliance de la droite et du centre. Place à une hypothétique coalition allant des socialistes à LR. Laurent Wauquiez ne veut pas en entendre parler. "La France ne pourra se relever que dans la clarté. Pour nous, il n’y aura ni coalition ni compromission", lançait-il dès l’annonce de sa victoire.

L’ancien patron de région veut rester à distance d’un pouvoir agonisant pour incarner l’alternance en 2027. A l’accord gouvernemental, il préfère des majorités texte par texte. "Il n’est pas dans la politique du pire", promet un proche. Sera-t-il suivi ? Deux écoles se font face. Face A : la droite a récusé toute alliance avec Emmanuel Macron, pourquoi plongerait-elle dans les bras de la gauche à trois ans de la présidentielle ? L’incohérence idéologique se disputerait à l’erreur tactique. "Le fait de revenir à 68 ne nous pousse pas à nous allier", juge le député LR Éric Pauget. Face B : l’alliance est le seul moyen de limiter l’influence du Nouveau Front populaire (NFP) dans un hypothétique gouvernement. L’instinct de survie commande enfin bien des contorsions. "Les députés élus sont en sursis, note un dirigeant. Pour écarter une dissolution dans un an, ils peuvent avoir intérêt à rejoindre une coalition."

Député comme statut, l’Elysée pour ambition

Laurent Wauquiez rentre dans l’atmosphère sous cet épais brouillard. L’homme suscite des attentes contradictoires au sein du groupe LR. Ses membres réclament un leadership plus affirmé, mais plus de dialogue. Ils reconnaissent la stature de l’homme, mais mettent en garde contre la formation d’une écurie présidentielle. Ils la redoutent d’autant plus que des doutes subsistent sur la présidentialité de Laurent Wauquiez, encalminé à 5 % d’intentions de vote pour 2027. A l’ancien ministre de trouver le chemin de crête dans cet ensemble instable.

Député est son statut. L’Elysée reste son ambition. Cette double qualité promet d’irriguer la nouvelle vie de Laurent Wauquiez. Le 8 juillet, l’homme prononce son discours de victoire depuis le Puy-en-Velay. La mise en scène est soignée. A sa droite, deux drapeaux français et européen. Derrière lui, la cité millénaire et son imposante statue Notre-Dame-de-France. Laurent Wauquiez ne s’appesantit pas sur les contours de la nouvelle Assemblée. Il enjambe la législature et esquisse déjà cet "autre chemin" à proposer aux Français en 2027 articulé autour de la "revalorisation du travail" et du "retour de l’autorité". Président de groupe ou pas, c’est bien un prétendant à l’élection suprême qui fait son retour dans l’hémicycle.

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