“To the Moon” : que vaut cette rom-com spatiale avec Scarlett Johansson et Channing Tatum ?
La NASA aurait bel et bien fait appel au milieu des années 1960 non pas à une, mais à de nombreux·ses spécialistes des relations publiques pour redorer l’image des missions Apollo, jugées trop coûteuses en ces temps de misère et de guerre.
Une armée de communicant·es à qui l’on doit la célèbre télédiffusion de l’alunissage, et que To the Moon a synthétisé en un personnage fictif, Kelly Jones (Scarlett Johansson), experte en marketing recrutée au Kennedy Space Center pour y révolutionner le petit monde geek des astronautes et des ingénieurs, introduire l’univers des marques et de la publicité, et enfin, roucouler avec le directeur de vol d’Apollo 11 (Channing Tatum – rôle de tendance consistant à confier des rôles de nerds timorés à des mannequins bibendums au mépris de toute plausibilité, à l’instar de Glen Powell dans Hit Man de Linklater).
Un simulacre de parodie ?
Tout ou presque est faux, ce qui crée tout de même un drôle de sentiment de mascarade à cette rom-com dont l’ancrage historique imposait une certaine attente de véracité, même très romancée, et qui semble donc totalement caduque dès lors qu’on la sait montée de toutes pièces. Avec un peu de générosité, on peut s’amuser à y voir une forme de prolongement méta, comme le sujet affiché par le film est justement la dimension du faux : les publicités idéalisées montées par Jones, et le faux alunissage tourné dans un hangar du centre au cas où le vrai échouerait – mythique théorie du complot avec laquelle le film ironise copieusement.
Mais To the Moon est moins intelligent que cela, et même si son héroïne tend évidemment vers une rédemption de sincérité, récusant in fine ses escroqueries publicitaires pour tomber dans les bras de son hercule, on peine à y croire tant tout ici hurle le contraire : le couronnement de la communication qui dicte désormais sa lettre à la société tout entière, y compris aux plus indécrottables nerds. Que le film soit une production Apple n’est pas étonnant au vu du véritable sens de sa conclusion : non pas le démantèlement de la pub, mais son entrée dans une nouvelle ère haut de gamme drapée dans une simulation de sincérité.
To the Moon de Greg Berlanti, avec Scarlett Johansson et Channing Tatum. En salle le 10 juillet 2024.