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Le Cantal théâtre d'une nouvelle étape de légende entre Pogacar et Vingegaard sur le Tour de France

Le Cantal théâtre d'une nouvelle étape de légende entre Pogacar et Vingegaard sur le Tour de France

La 11e étape du Tour de France entre Évaux-les-Bains et Le Lioran, mercredi 10 juillet, a offert un magnifique spectacle entre les deux grands favoris, Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar. Le Danois s’est imposé au sprint après un superbe duel dans les monts du Cantal.

Coude à coude. Vélo contre vélo. Dans la dernière ligne droite qui menait à l’arrivée au Lioran, les deux meilleurs coureurs de ces dernières années sont allés puiser dans leur retranchement, après 211 kilomètres et près de cinq heures d’efforts, pour se disputer la victoire dans un sprint de haute volée entre deux doubles vainqueurs du Tour de France.

Dans ce duel qui prend chaque année – si ce n’est chaque jour – une envergure de plus en plus importante dans l’histoire du cyclisme, Jonas Vingegaard a empoché la victoire d’un boyau, mercredi 10 juillet, lors de la 11e étape du Tour de France, entre Évaux-les-Bains et Le Lioran.

« Je suis très ému, cette victoire veut dire beaucoup pour moi. Je reviens d’une très grave chute. J’ai cru mourir. Alors, être assis là avec une victoire d’étape dans la plus grande course du monde, c’est incroyable. »

Tadej Pogacar ne pouvait que s’incliner : « Chapeau à Jonas ».

Derrière, les deux autres membres des « quatre fantastiques » lâchaient 25 secondes dans l’affaire, Primoz Roglic, étant, après sa chute dans la dernière descente, reclassé dans le même temps que Remco Evenepoel, troisième de l’étape. Le reste de la meute finissait plus loin. Près de deux minutes pour Ciccone ou Rodriguez, plus encore pour Gall, Buitrago, Gee ou encore Simon Yates qui devront se réinventer pour exister sur cette édition.

La UAE contrôle, Pogacar s'isole dans le Puy Mary

Car le quatuor ne semble vouloir laisser que des miettes au reste du peloton. « On saura après 70 kilomètres si c’est une étape pour les échappées », analysait Romain Bardet en mai dernier. Il a fallu attendre un peu plus. Une centaine de kilomètres, déjà, pour voir le bon coup partir et quelques kilomètres supplémentaires pour s’apercevoir que la UAE Team Emirates de Pogacar avait bien décidé de jouer la victoire d’étape.La victoire s'est joué d'un boyau. Photo Jérémie Fulleringer

« On a suivi le plan prévu », assurait le Maillot jaune après l’arrivée. Une partition que son équipe a jouée à la perfection pour placer sur orbite son maestro toute de jaune vêtu, qui avait bien décidé de sublimer les monts du Cantal comme il a coutume de le faire sur tous les terrains qu’il estime à sa convenance.

Accélération collective et progressive dans Néronne puis dans le pas de Peyrol avant de voir le Slovène se dresser sur les pédales et partir seul à 600 mètres du sommet du puy Mary.

« Je voulais créer un écart car je connais très bien cette côte. La fin est très pentue. Je pensais que j’allais créer un écart et pouvoir aller jusqu’à l’arrivée. »

Effectivement, personne n’a pu répondre à son démarrage. Pas même Vingegaard, calé dans sa roue, sans relâche, depuis le kilomètre 0. « Quand il m’a lâché, je n’ai pas voulu me mettre dans le rouge. J’ai été surpris de l’écart », admettait le Danois. Au sommet du volcan cantalien, il n’accusait que quatre secondes de retard sur le Slovène. Roglic, un temps au niveau de Vingegaard, basculait à 13 secondes et Evenepoel à 29 secondes.

Numéro de Vingegaard dans le Pertus

« Personne ne réagit. Vas-y avec ton rythme, avec ta tête », crachait la radio de la UAE Team Emirates dans les oreilles de son leader qui semblait parti, une fois de plus, dans un numéro de soliste dont il régale les suiveurs du mois de mars au mois d’octobre.

Derrière la Visma-Lease a bike ne voulait pas lâcher l’affaire : « Récupère un peu dans la descente parce que dans la prochaine ascension tu peux le rattraper », exhortait la radio de Vingegaard. Difficile à croire à ce moment-là, car, dans la descente vers le Pertus, l’écart avait atteint une trentaine de secondes entre Pogacar et un groupe de favoris qui s’était reformé.

Battu dans le pas de Peyrol, Vingegaard, double vainqueur sortant du Tour de France, allait se lancer dans une folle remontée dans le col de Pertus.

« Peu à peu, j’ai compris que je revenais. Quand je l’ai vu, j’ai pensé que c’était possible de rentrer. »

Le Cantal n’allait pas assister à un numéro de soliste époustouflant mais à deux prestations gigantesques de deux champions d’exception.

Mètre après mètre, le Danois est revenu jusqu’à ce que le Maillot jaune doive rendre les armes. « Jonas volait. Il m’a un peu surpris, confessait Pogacar. J’ai préféré l’attendre pour me reposer un peu. » Pour passer en tête, dans un premier sprint déjà serré, au sommet du Pertus où des secondes de bonifications étaient à distribuer. Huit pour Pogacar, cinq pour Vingegaard. Un donné pour un rendu. En remportant le sprint final, Vingegaard empochait dix secondes de bonification, Pogacar six. Le Danois reprend donc une seconde au Slovène. « Ça reste une surprise de le battre dans le sprint final. J’espère que c’est un tournant. »

Le Cantal a lancé le duel

Derrière, Evenepoel ne pouvait que se muer en spectateur de luxe d’un tel duel. « Tadej a mis une attaque explosive, mais je ne pense pas qu’il ait tué le peloton. Jonas a montré dans le Pertus qu’il avait de très bonnes jambes et qu’il pouvait mettre un gros rythme. » Le Belge, lui, a décidé de prendre son rythme pour limiter les dégâts. « Je pense que 25 secondes de retard sur deux coureurs comme ça, ce n’est pas un écart honteux. » Ni honteux, ni irrémédiable pour la suite du Tour. Reste que dès que la route se cabre, que ce soit dans les hauteurs du Galibier ou dans les horribles pentes du Cantal, deux hommes semblent au-dessus du lot. Une année de plus.Remco Evenepoel a assisté au duel, impuissant. Photo Jérémie Fulleringer

Le Cantal aura joué son rôle. Isolé en cœur de Tour avant l’arrivée dans les Pyrénées et dans les Alpes, il aura dressé la table, ouvert l’appétit des spectateurs, sans tuer le suspense. « On a un plan, je ne vais pas vous dire lequel, mais on va essayer de l’exécuter du mieux possible et voir où ça nous mène », lâchait Vingegaard, fidèle à lui-même, confiant sans trop en dire.

Néanmoins, au soir de l’étape cantalienne, face au numéro réalisé par le Danois, on en oublierait presque que Pogacar reste devant au général avec une belle avance d’une minute et quatorze secondes sur Vingegaard, toujours troisième derrière Evenepoel. « Je ne prête pas attention à l’avance que j’ai sur lui, balayait Pogacar. Aujourd’hui, on a montré qu’on avait un niveau égal à des moments différents. »

Le Cantal a lancé le duel, le Tour attend la suite avec impatience.

Mathieu Brosseau

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