"Faire l’effort d’entretenir la flamme" : comment la ville de Thiers perpétue les liens avec ses villes jumelles
Pour traverser les années, les histoires d’amitié sont comme les romances, elles doivent être chéries. En 1978, la Ville de Thiers a signé une déclaration d’affection avec celle de Bridgnorth, en Angleterre, avant de sceller son histoire avec Schrobenhausen, en Allemagne, en 1986. Depuis, les trois villes jumelées entre elles continuent de tisser les liens malgré les kilomètres qui les séparent.
Des échanges une fois par anChaque année, l’une d’elles organise une rencontre et ce week-end, c’était au tour de la cité coutelière. Une trentaine d’Allemands et à peine moins d’Anglais ont grimpé dans des bus, direction Thiers. Cinq Germaniques ont même fait le trajet à vélo. "Il ne suffit pas de manger ensemble une fois de temps en temps. Il faut faire l’effort d’entretenir la flamme, car l’amitié entre la France et l’Allemagne est précieuse", prône Kriemhild, dans le parc du Breuil, samedi matin.
Entre deux manches de pétanque, Jurgen, son adversaire de jeu, mais ami dans la vie, rapporte des nouvelles de Schrobenhausen. "Le maire n’a pas pu nous accompagner cette année. Il y a eu de grosses inondations chez nous." Helmut, Jurgen, Kriemhild et Thérèse Clerc, la trésorière du comité. L’habitant d’outre Rhin âgé de 79 ans a été parmi les premiers à rejoindre le comité de jumelage il y a plus de trente ans. À une époque où l’on se déplaçait moins facilement, les voyages organisés étaient l’occasion de découvrir la France. "Si je viens toujours, c’est parce qu’ici, des gens comptent pour moi", confie-t-il. Amis ou pas amis, sur le terrain par contre, le joueur est la preuve que la mauvaise foi dépasse les frontières. Il a fallu que les filles, grandes vainqueures de la partie, justifient leur victoire. "On s’aime beaucoup, mais ce n’est pas pour autant que l’on va les laisser gagner", rigole sa concurrente, Kriemhild.
Des relations autour de langages universelsÀ quelques mètres de là, neuf amis des villes jumelles, plutôt branchés travaux manuels, se sont donné rendez-vous à l’Orangerie pour un atelier collage.
"La coopération entre les villes se perpétue à travers le sport, la musique et beaucoup l’art, car ce sont des langages universels"
Avant de commencer, Irène Georges, coprésidente de l’association l’Atelier, et membre du comité, retrace brièvement l’histoire du collage et explique l’activité. Par groupes de trois, les participants ont 25 minutes pour réaliser une partie de l’œuvre, puis, ils la cachent et laissent une autre personne du même groupe la continuer. "C’est un collage exquis, un remake du cadavre exquis. Le but est de favoriser les échanges", détaille l’organisatrice, qui fait le lien entre Allemands, Français et Anglais freinés par la barrière de la langue.Les ateliers de collage sont l'occasion d'échanger pour ceux qui ne se connaissent pas. Au milieu des plantes et des bassins de l’Orangerie, l’ambiance est zen. Autour des tables, on découpe des morceaux de journaux et de magazines que l’on assemble pour créer son univers. Parmi les neuf participants, Peter Knuhr, Dietrer Wührl et Dieter Bauer sont trois artistes allemands qui exposent leurs œuvres avec d’autres, le même week-end, à la médiathèque Maurice-Adevah-Pœuf pour le salon Art estival de l’Atelier.
Découvrir d'autres culturesEntre deux coups de ciseaux, Peter explique, dans un français incertain, que c’est la première fois qu’il prend part au voyage. "C’est bien de rendre visite aux voisins et de découvrir la culture thiernoise, surtout pendant la Pamparina." Assise à côté de lui, Rita Vitaioli habite à Paslières et héberge des Allemands pour la deuxième fois dans le cadre du jumelage. "C’est un bonheur de rencontrer des personnes d’une culture différente, de découvrir d’autres façons de vivre et d’être." La Française raconte aussi la difficulté d’entretenir les liens.
"Quand ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vu, parfois, le fil se perd, mais quand on se retrouve, rien n’a changé."
Un comité pour créer les rendez-vousD’où l’importance du comité de jumelage, qui provoque les rendez-vous. "Le secret, c’est de partager des projets, considère Thérèse Clerc. On espère aussi attirer des jeunes pour donner une nouvelle dynamique au groupe." Pendant trois jours, le programme a été dense. L’après-midi, les amis avaient rendez-vous à Vichy pour une visite guidée, avant de finir la soirée à la Pamparina. C’était la première fois que les rencontres avaient lieu en même temps. L’occasion pour les Thiernois de montrer aux Allemands et aux Anglais, que l’on sait faire la fête dans la cité du Jacquemart.
Chloé Cambier et Angèle Broquère