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Energies renouvelables : ces questions en suspens qui hantent la filière

Energies renouvelables : ces questions en suspens qui hantent la filière

"Le temps est devenu beaucoup moins maussade, mais l’horizon ne s’est pas pour autant éclairci". Dans le tumulte politique de ces dernières semaines, la formule d’un énergéticien résume l’état d’esprit de la filière des énergies renouvelables. Depuis quelques semaines le secteur de la production d’énergie verte retenait son souffle. La menace d’une arrivée de l’extrême droite au pouvoir, qui soutenait dans son programme vouloir instaurer un moratoire sur les "énergies intermittentes", laissait craindre un sévère coup d’arrêt pour les secteurs de l’éolien et du solaire. "Ce qui est écarté aujourd’hui c’est la perspective d’un moratoire global et un renoncement à la décarbonation, mais il est encore difficile de dire quelle en sera l’alternative", constate Jules Nyssen, le président du Syndicat des énergies renouvelables, qui représente le secteur.

L’incertitude vient désormais du flou artistique qui entoure la composition de l’Assemblée nationale. Les résultats des élections législatives ne laissent pas entrevoir de majorité claire pour former un gouvernement, et l’éparpillement des étiquettes politiques questionne sur la capacité des députés à s’accorder sur certains textes clés. "Pour le moment les élections apportent un certain soulagement, mais on attend de voir comment la situation politique va affecter les processus en cours", explique-t-on chez Vattenfall, un énergéticien suédois qui développe des projets d’éolien en mer en France et se positionne sur les futurs appels d’offres offshore.

Un compromis possible ?

En réalité cela fait plusieurs mois que le secteur attend les feuilles de routes structurant l’avenir énergétique de la France. La stratégie dans ce domaine doit être définie par deux principaux textes : d’une part la loi de programmation énergie climat (LPEC), qui vise à aligner les objectifs énergétiques sur la stratégie climatique de la France, et la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) qui doit détailler par secteurs les objectifs à atteindre d’ici 2030. Ces deux textes devaient être adoptés à l’Assemblée nationale, mais ils ont été maintes fois repoussés, en raison notamment d’une majorité gouvernementale déjà introuvable à la Chambre.

Réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici à 2030, rehausser la part des renouvelables dans le mix énergétique, ou abaisser la consommation d’énergie de 30 %... Les députés s’accorderont-ils sur les objectifs précédemment discutés dans le cadre de la proposition de loi sur le sujet ? Du côté de la gauche, les énergies renouvelables font partie des priorités du Nouveau Front populaire. Mais les représentants du secteur soulignent que les groupes politiques — de la gauche à la droite, en passant par le centre — peuvent s’entendre sur les objectifs de décarbonation et de mix énergétiques présenté par RTE, comprenant une part de nucléaire et le développement des renouvelables. "Il y a un consensus des différents groupes sur les trajectoires à suivre d’ici 2035, le compromis doit pouvoir se trouver autour de ces textes", juge Michel Gioria, délégué général de France renouvelable.

La pérennité de la coalition en question

Assurer de la visibilité au secteur sera essentiel pour maintenir les investissements et soutenir les futurs appels d’offres. "Pour le secteur des énergies renouvelables ces feuilles de routes posent des questions très concrètes pour tous les acteurs, sans objectifs clairs d’ici 2030 la machine des affaires courantes risque de se gripper", insiste Andreas Rüdinger, coordinateur Transition énergétique France au sein de l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI). Un sujet qui devrait devenir d’autant plus urgent que le débat sur les finances pourrait arriver en septembre : "Si on n’officialise pas dans la loi l’ambition pour 2030 en matière climatique, les débats sur le financement de l’ambition verte resteront très complexes. C’est pourquoi on a besoin de ces marqueurs politiques pour alimenter et structurer les discussions".

Enfin, à plus ou moins long terme, la question de la pérennité de cette future coalition se pose. Nombreux sont ceux qui s’inquiètent de voir se profiler dans un an, une nouvelle dissolution qui pourrait profiter au Rassemblement national, et signifier le retour de la menace pour tout un secteur. "Le RN existe toujours, il fait un score important et leurs fondamentaux en matière de politique énergétique restent encore dangereux", insiste Michel Gioria. Une manière de rappeler qu’en matière d’éoliennes, le vent peut tourner rapidement.

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