Attaque d'un fourgon dans l'Eure : Mohamed Amra toujours poursuivi, un appel à témoin lancé

Deux mois après l'évasion mortelle de Mohamed Amra, les recherches pour retrouver "La Mouche" et ses complices se poursuivent. Un appel à témoin a été lancé.

Propulsé ennemi public numéro 1 après son évasion le 14 mai d'un fourgon pénitentiaire, lors d'un guet-apens ultra-violent qui a causé la mort de deux agents, Mohamed Amra échappe toujours à la PJ, qui a lancé mercredi 10 juillet un appel à témoin pour trouver de nouveaux témoignages. 

"Pistes sérieuses"

Le mardi 14 mai dernier, le fourgon transportant Mohamed Amra, détenu particulièrement surveillé, surnommé "La Mouche", jusqu'à Rouen, était attaqué à la voiture bélier au péage d'Incarville, dans l'Eure. Un commando d'hommes cagoulés et vêtus de noir tire, sans sommation apparente, sur le convoi pénitentiaire, tuant deux agents, et délivre Amra. Dès lors, la traque est lancée. 

Des déclarations peu de temps après le drame pouvaient laisser deviner que les enquêteurs de l'Office central de lutte contre la criminalité organisée (OCLCO) et de la PJ de Rouen, chargés des investigations, mettraient rapidement la main sur le fugitif et les assaillants. "Ils avancent très bien", confiait ainsi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin à la télévision deux jours après les faits. "Ils ont des pistes sérieuses", avançait au bout d'une semaine la procureure de Paris, Laure Beccuau.

Mais depuis, à l'exception d'auditions de proches d'Amra, dont ses parents et sa compagne, et quelques perquisitions, aucune information sur une éventuelle progression significative de l'enquête n'a fuité dans la presse, à la satisfaction de la PJ où secret rime avec efficacité. "Moins on parle de cette affaire et plus elle progressera vite", a déclaré jeudi 11 juillet le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, au micro de RTL. Les conclusions de l'enquête administrative sur les défaillances éventuelles des services sera publiée prochainement, a-t-il assuré.

Appel à témoin

Mercredi 10 juillet, un appel à témoin a été diffusé. La police judiciaire recherche "toute personne présente le 14 mai 2024 entre 10 heures et 12 heures entre Acquigny (27) et Évreux (27), ou plus généralement dans l’Eure et en Seine-Maritime, ayant été témoin d’évènements suspects ou inhabituels, ou ayant vu les véhicules utilisés par les malfaiteurs". 

Les éventuelles informations sont à transmettre au numéro vert gratuit 0800 35 83 85 ou à l’adresse mail dnpj-oclco-temoin@interieur.gouv.fr.

L'appel à témoins lancé mercredi matin pourrait suggérer que les investigations stagnent. La police judiciaire y admet ignorer avec quelles voitures Mohamed Amra et le commando ont pris la fuite après avoir incendié une Audi S5 blanche et une BMW série 4 noire à Houetteville et Gauville-la-Campagne, deux villages de l'Eure situés à quelques dizaines de kilomètres de l'attaque. 

"Mettre un coup de pression"

Diffuser un appel à témoins est "une démarche classique dans une enquête criminelle", balaye une source proche de l'enquête. "L'enquête ne patine pas, mais nous souhaitons ne pas passer à côté d'informations ou de témoignages susceptibles de venir la nourrir", affirme un responsable de la PJ. 300 policiers "bossent jour et nuit", selon Eric Dupond-Moretti.  

Diffuser un appel à témoins, "ça peut aussi remettre un coup de pression sur les voyous ou les mettre en confiance et les pousser à la faute", estime Jean-François Maugard, ancien commandant à la brigade de répression du banditisme (BRB) de la police judiciaire parisienne. 

"Une cavale, ça coûte hyper cher. Et même si cette équipe a sans doute de gros moyens, l'argent n'est pas inépuisable. Ce sont des trafiquants de stups, avec des concurrents, ils vont être obligés de revenir sur le terrain, ils peuvent se faire balancer."

Avec AFP