Le rapport qui s'inquiète d'une "marée montante" de l'antisémitisme en Europe
Les chiffres sont éloquents. Les Juifs sont "plus angoissés que jamais en Europe" face à la "marée montante de l'antisémitisme", le conflit au Proche-Orient sapant les efforts menés par l'UE, selon une vaste enquête européenne publiée ce jeudi 11 juillet.
Selon ce rapport de l'Agence des droits fondamentaux (FRA) basée à Vienne, en Autriche, "96 % d'entre eux" y ont été confrontés "en ligne" ou dans leur quotidien au cours des 12 mois précédant l'enquête. Une écrasante majorité juge que "la situation s'est aggravée ces dernières années", écrit en préambule sa présidente Sirpa Rautio, alors même qu'ils ont été interrogés "avant les attaques du Hamas en octobre 2023 et la guerre à Gaza".
Une "augmentation spectaculaire"
Dans ce contexte tendu, 76 % des Juifs ont dit "cacher occasionnellement leur identité" en Europe, déplore-t-elle. C'est particulièrement le cas en France, où ils sont 83 % à le faire. Depuis l'escalade entre Israël et le mouvement palestinien Hamas, le tableau s'est encore noirci, selon des informations recueillies "plus récemment auprès de douze organisations communautaires juives".
"Les retombées du conflit érodent des progrès durement acquis" et observés après l'adoption de la toute première stratégie européenne de lutte contre l'antisémitisme en 2021, avec une "augmentation spectaculaire" des incidents. En France, 74 % des Juifs estiment que le conflit a un impact sur leur sentiment d'insécurité, le taux le plus élevé parmi les pays sondés, où ils sont 62 % à éprouver un tel ressenti en moyenne, contre seulement 9 % en Hongrie.
La FRA, agence de l'UE, a soumis un questionnaire en ligne entre janvier et juin 2023 à près de 8 000 Juifs, âgés de 16 ans ou plus, vivant dans 13 Etats accueillant 96 % de la population juive de l'Union. Il s'agit de la troisième enquête sur le sujet après ceux de 2013 et de 2018. Selon ses conclusions, le "stéréotype négatif" accusant les Juifs de "détenir le pouvoir, de contrôler la finance et les médias" est celui le plus fréquemment utilisé, suivi du "déni d'Israël à avoir le droit d'exister en tant qu'Etat".
Dans 4 % des cas, les répondants ont déclaré avoir subi des agressions physiques antisémites, contre 2 % en 2018. Et 60 % d'entre eux trouvent que les efforts de leur gouvernement pour combattre l'antisémitisme ne sont pas assez importants. Au détriment de leurs activités, les organisations juives subissent un poids financier toujours plus important pour assurer leur sécurité, qu'elles doivent souvent gérer elles-mêmes.