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À Angoulême, les super-héros de Marvel mis à l’honneur

Détail de l'affiche de l'exposition “Super-héros et Cie” (© Olivier Coipel)
À Angoulême, l'exposition “Super-héros et Cie” voit les choses en grands et met en lumière les comics Marvel qui ont façonné notre imaginaire fantastique.
Détail de l'affiche de l'exposition “Super-héros et Cie” (© Olivier Coipel)

Presque un siècle après leur création, les super-héros et héroïnes nous fascinent toujours autant, peuplent nos souvenirs d’enfance, personnages troubles de contes de fées ultra dark qui devraient être à des millions d’années-lumière de nous, et pourtant nous parlent intimement. Dans les années 1930, deux maisons d’édition américaines, National Allied Publications (désormais DC Comics) et Timely Publications (Marvel Comics), lancent des périodiques de BD dont les héros sont doubles : ordinaires le jour, dotés de super-pouvoirs la nuit. Ou plutôt : seulement humains le jour, polis, civilisés, etc, ils embrassent leur part naturelle, leur être duel, dès que le besoin urgent se fait sentir.

À l’occasion de la grande exposition Marvel, Super-héros et Cie, qui vient de s’ouvrir à la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, à Angoulême, et qui donne à voir à quel point ces “vieux” personnages infusent la culture contemporaine, notre présent et notre inconscient collectif, il est intéressant de voir que nombre de ces héros et héroïnes sont constitué·es d’éléments souvent incontrôlables (la foudre, le feu, la glace) ou de traits animaux (araignée, chauve-souris, chat…). Spiderman, Ant-Man, Wolverine, Black Panther sont autant de super-héros Marvel, alors que chez DC Comics se retrouvent Batman, Catwoman, Batwoman, Raven, etc. Ils et elles n’assument leur part animale que la nuit, cette part qui, aux yeux des humain·es, les ostraciserait, les “dégraderait” au rang de minorité.

Rentrée littéraire

Les super-héros et héroïnes nous hantent peut-être parce qu’ils et elles représentent un désir, une jubilation, celle d’être entièrement et puissamment nous-mêmes, en même temps qu’une terreur profonde, être montré·es du doigt et rejeté·es comme “anormaux”. Il·elles deviennent ainsi le symbole de toute minorité, de genre, de sexe, ou de race. Si certain·es auteur·rices nous ont récemment confié, lors d’interviews, avoir envie de travailler sur la question animale, ce n’est peut-être pas un hasard, dans un temps où le RN a plus que jamais failli s’imposer.

Il faudra lire, dès la rentrée, le très ambitieux et très littéraire essai de Kaoutar Harchi, Ainsi l’animal et nous (Actes Sud), qui établit des parallèles passionnants entre le traitement réservé aux animaux et la colonisation, le patriarcat, le capitalisme, le fascisme. Nous y reviendrons bien sûr dans quelques semaines.

Super-héros et Cie, Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, Angoulême, jusqu’au 4 mai 2025.

Édito initialement paru dans la newsletter Livres du 11 juillet. Pour vous abonner gratuitement aux newsletters des Inrocks, c’est ici !

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