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À Thiers, une balle perdue traverse un appartement : "À un mètre, je la prenais dans la tête"

À Thiers, une balle perdue traverse un appartement :

L’histoire aurait pu finir en drame. Il y a deux mois, une mère et sa fille habitantes du quartier des Cizolles à Thiers (Puy-de-Dôme) ont constaté l’impact d’une balle perdue dans leur appartement.

Les traces de cette nuit-là sont encore visibles dans la chambre de Marie (*). Le premier trou dans le coin de sa fenêtre est marqué d’un numéro « 1 ». Au plafond, l’impact du rebond d’un numéro « 2 » et sur la porte, le « 3 » indique l’endroit où la balle s’est logée. « Je dormais juste à côté. À un mètre, je la prenais dans la tête », introduit la jeune femme de 21 ans.

Une balle tirée à l’aveugle

Ces annotations laissées par les gendarmes au lendemain des événements retracent le fil de l’histoire. Les faits se sont déroulés dans la nuit du 14 au 15 mai, aux alentours d’1?h?30 du matin. Dans le bâtiment F du quartier des Cizolles, à Thiers, les habitants sont témoins de bruits assourdissants. "On entend plusieurs tirs, mais d’abord, on ne pense pas à une arme", poursuit la victime. Quelques secondes plus tard, sa mère déboule dans la chambre. Elle ouvre les rideaux, vérifie que les vitres n’ont pas explosé, ni l’ampoule accrochée au plafond ou un appareil électronique. "On ne voit rien, alors on se dit que ça devait être des pétards et on retourne dormir", enchaîne sa mère, Sophie (*), les larmes aux yeux.

En fait, plusieurs coups de feu viennent bien d’être tirés en l’air depuis le bas de l’immeuble et une balle a traversé le mur de la chambre de sa fille. "Le lendemain midi, j’ai remarqué le trou dans la porte, sans vraiment comprendre. Puis, le soir, j’ai vu celui dans la fenêtre. Là, je me suis effondrée", confie la mère.

Un traumatisme psychologique

Traumatisées, Marie et Sophie ont mis plusieurs jours avant de sortir de chez elles après les événements. Depuis, la première a du mal à réaliser ce qui est arrivé et la seconde en fait toujours des cauchemars. "On sait que nous n’avons pas été visées délibérément, on n’a de problème avec personne ici."

 Mais ma fille aurait pu finir comme cette jeune femme de 24 ans à Marseille. Morte chez elle, à cause d’une balle perdue

Dans le quartier des Cizolles, les faits d’incivilité sont fréquents. Dernièrement, l’abribus a été démoli et des poubelles brûlées. Une situation devenue « étouffante » selon les deux habitantes du quartier. "On ne se sent pas en sécurité quand on sort le soir. Surtout depuis que les lumières sont éteintes." Marie et Sophie soulignent tout de même les rondes de la gendarmerie, mais regrettent le manque de présence après minuit. "Les jeunes, les vieux, tout le monde dit que le quartier devient invivable", rapporte la mère, qui a emménagé aux Cizolles il y a plus de 25 ans.

Fenêtres fissurées, ascenseurs rarement propres, peu de travaux de rénovation à l’intérieur des appartements… L’état des bâtiments est un autre point mentionné. "Les politiques n’ont pas conscience de nos conditions de vie. Ici, on dit souvent que l’on est les oubliés de cette ville."

Une enquête en cours

Après l’épisode de la balle perdue, Marie et Sophie ont appelé la gendarmerie de Thiers et une enquête est en cours. "Je ne veux accuser ni attaquer personne à travers ce témoignage. Juste dire que cette nuit-là aurait pu se terminer en drame. Ma fille aurait pu mourir. Ma fille ou un voisin d’ailleurs."

(*) Les prénoms ont été modifiés.

Médiateur de quartier, travaux, brigade...

L’objectif est d’ouvrir le dialogue. Photo d'illustration. Pour réduire l'insécurité, les institutions misent sur l’ouverture d’un dialogue avec les habitants, notamment grâce à un nouveau médiateur arrivé le 1er juin dans le quartier. Il s’agit d’une phase d’expérimentation jusqu’en décembre.

"Nous sommes conscients des difficultés liées aux incivilités. L’objectif est de mettre plus de moyens humains aux Molles Cizolles"

Depuis le 1er juin, un médiateur d’MK Expertise (*) est présent dans le quartier de 18 heures à 22 heures, en complément de celui de TDM qui assure les horaires de journée avec les "adultes relais" sur place. "Le premier objectif est de créer un lien de confiance avec les habitants et d’ouvrir le dialogue pour devenir le premier relais des problématiques qui touchent cet endroit", présente Mohamed Kadar, chef de l’entreprise basée à Clermont-Ferrand.

Une nouvelle brigade

En parallèle, une nouvelle brigade mobile de gendarmerie doit également ouvrir à Thiers en 2025. "Elle aura aussi un rôle de prévention de la délinquance", poursuit Tony Bernard. L’intercommunalité et la Ville discutent également de rouvrir la maison de quartier, dont l’accès a été définitivement condamné suite à des dégradations en mai dernier. Les politiques réfléchissent à un modèle qui pourrait convenir. "Il ne suffit pas de quatre murs et un toit. Il faut une amplitude horaire suffisamment grande et une présence humaine adaptée." Pour l’instant, aucun planning n’est avancé.

(*) Ce médiateur est financé par Ophis, propriétaire des bâtiments, dans le cadre d’un contrat de ville sur l’abattement de la taxe foncière sur les propriétés bâties.

Réunion. Des travaux sont prévus pour améliorer l’aspect thermique des logements du quartier et l’intérieur des appartements. Pour l’instant, seule une phase de concertation avec les locataires est ouverte. Une nouvelle réunion publique est prévue ce soir, au foyer des jeunes travailleurs, à 17?h?30.

Angèle Broquère

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