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Eau en bouteille : "Ce système n’est pas viable, on ne peut pas le conserver", affirme la scientifique Emma Haziza

Eau en bouteille :

L’hydrologue Emma Haziza, référence en France sur l’eau, alerte depuis des années sur la menace d’un épuisement des nappes. Selon elle, il est urgent de « réduire drastiquement la production d’eau en bouteille et arrêter d’exporter ».

Cette experte, surnommée la « voix de l’eau », dénonce un système qui « continue de considérer l’eau comme une ressource inépuisable ». Pour limiter les crises à venir, il est nécessaire, selon elle, d’apprendre à changer notre mode de vie. Et retrouver confiance en l’eau du robinet. « La qualité d’eau potable est bonne, mais il faut la chlorer, pondère l’hydrologue. C’est ce qui rebute les habitants. » Ces derniers ont perdu confiance et « il faut trouver des solutions pour les rassurer, comme le filtrage ».

Ce système n’est pas viable

D’autant qu’Emma Haziza, qui préside le centre de recherche Mayane, ne voit pas dans l’eau en bouteille une solution viable à l’avenir. Les tensions sur les nappes phréatiques poussent, ces dernières années, des citoyens à s’opposer ouvertement à cette industrie et à réclamer l’application de la loi sur l’eau de 2006 (*).

Les grands groupes, Nestlé et Danone en tête, rappellent qu’ils s’emploient à réduire leur consommation et préservent l’environnement des aquifères. Ils imputent l’assèchement des nappes au réchauffement climatique.

L’hydrologue déplore quant à elle que l’eau minérale en bouteille représente « une large part du plastique non recyclé ». Une consommation qui « finira dans la nature, appuie-t-elle. Ce système n’est pas viable, on ne peut pas le conserver ».

Un basculement de leur modèle d’ici cinq à dix ans

Elle maintient que les prélèvements des minéraliers ne baissent pas suffisamment pour recharger les nappes et prédit, à ce rythme, un basculement de leur modèle d’ici cinq à dix ans.

« Il n’est peut-être pas amené à disparaître complètement mais il doit évoluer. On ne peut pas avoir des habitants que l’on contraint d’un côté et des camions qui sortent des usines de l’autre. »

Seule option, selon la scientifique : réduire « drastiquement » la production d’eau en bouteille et arrêter d’exporter, au risque « d’aller dans le mur et là ce sera trop tard ».

L’arrêt de l’exportation, « ce n’est pas pour demain », rétorque la direction de la Société des eaux de Volvic (Danone), dont le marché étranger pèse 70 % de la production : « On a encore des marges de manœuvre importantes et des projets d’investissement structurants et d’économie d’eau. Cela réduira les prélèvements. Si au-delà de ça, dans cinq ans il faut s’adapter, on le fera. » 

(*) Elle place les besoins de la population et la préservation des milieux naturels devant l’exploitation des nappes à des fins industrielles.

Malik Kebour

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