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Pourquoi ce petit village du Puy-de-Dôme a-t-il échappé au pire en juillet 1944

Pourquoi ce petit village du Puy-de-Dôme a-t-il échappé au pire en juillet 1944

Le 8 juillet 1944, une patrouille allemande est attaquée par des maquisards à Vollore-Montagne. Le lendemain, le village ne doit son salut qu’au professeur M. Charrier, qui évite les représailles. Une histoire contée dans un documentaire réalisé par Patrick Aujard, mis en ligne 80 ans plus tard, avec des témoignages de Vollorois ayant vécu cet épisode.

Mis en ligne ce lundi 8 juillet sur la chaîne Youtube de la WebTV du Livradois-Forez, pilotée par Patrick Aujard, un documentaire retrace un épisode de la Seconde Guerre mondiale. Il s’est joué dans le bourg de Vollore-Montagne, le 8 juillet 1944 ainsi que le lendemain. Les témoignages des Vollorois, recueillis pour certains il y a dix ans, sont entrecoupés par la diction de François Sauvanot, qui relie les souvenirs entre eux (voir ci-dessous).

Une attaque surprise organisée par les maquisards

Mais que s’est-il passé ? "Une patrouille de reconnaissance allemande venue d’Aubusson, composée de 22 soldats, s’est accordé une pause à l’hôtel des touristes et a été repérée par le 132e bataillon de résistance Guy Moquet, installé depuis peu près du col du Pertuis", explique Patrick Aujard.

Marinette Jothy, qui travaille à l’hôtel, assure pourtant aux Allemands qu’il n’y a pas de "terroristes" ici. "Et au moment où je dis ça, c’est parti…" Attaqués par les Résistants, les Allemands se réfugient dans l’hôtel, d’autres partent créer un barrage sur la route d’Augerolles. Les combats dans le bourg durent une bonne partie de la matinée.

Il y a un maquisard qui est entré dans l’hôtel, ils l’ont tué au pied du téléphone…

Marinette

Le soir, un camion de maquisards est refoulé par les soldats. Le bilan de la journée fait état d’une quinzaine de morts (trois civils dont le facteur), et des Résistants. Les Allemands ne comptant que des blessés. "Forcément le lendemain, des renforts allemands arrivent", continue le réalisateur.

Un salut qui revient à un enseignant du village

"Des villageois sont réunis au centre de la commune par un lieutenant SS. C’est le moment le plus intense, niveau risque, pour la population. Les maisons sont fouillées, des armes sont trouvées à l’école, et des Résistants chez les habitants, soignés."

Le village ne doit sans doute son salut qu’à l’instituteur et secrétaire de mairie, M. Charrier. De longues et intenses discussions sont engagées entre le lieutenant et le professeur, ce dernier parlant allemand. Moïse Guyonnet se souvenant lui "de sa personnalité, de son charisme".

Puis, à la fin, ils nous ont dit de partir. “Raus !” Marthe Lévigne

Vollore-Montagne a peut-être échappé, ce jour-là, aux mêmes atrocités ayant été perpétrées à Oradour-sur-Glane, un mois auparavant. Le bataillon de résistance lui, participera à la libération de Thiers, quelques semaines plus tard.

Un gros travail de recherches

"J’ai commencé ce documentaire il y a dix ans, au début de la création de la WebTV du Livradois-Forez, à l’initiative de Michel Mense, qui m’a suggéré d’évoquer le sujet. On a recueilli les témoignages, et puis, ça n’a jamais vraiment conclu…"Jusqu’au jour où Patrick Aujard a décidé de ressortir des placards les enregistrements, pour aller au bout de l’idée. Au final, avec sept témoignages de personnes ayant vécu les événements à Vollore-Montagne (Jean Guélon, Marie Vachias, Marthe Lévigne, Odette Dubost, Moïse Guyonnet, Prosper et Marinette Jothy), le résultat est passionnant.

J’ai tourné le dernier témoignage il y a quelques semaines. Mais depuis les premiers enregistrements, il ne reste que deux personnes encore en vie.

"Et donc, ça m’ennuyait d’avoir des témoignages dans un disque dur pour ne pas m’en servir, vis-à-vis des gens qui j’ai interviewés." Ce documentaire de 18 minutes, Patrick Aujard n’en est pas pleinement satisfait. "C’est dommage que je n’ai pu obtenir plus de recueils. Et puis j’ai l’impression qu’il me manque des choses. On ne sait pas grand-chose sur le 132e bataillon Guy Moquet par exemple."

Un rapport détaillé retrouvé

En revanche, il a trouvé quelques pépites, dont le rapport de M. Charrier, l’instituteur, très détaillé des journées des 8 et 9 juillet 1944, et consigné au registre des délibérations du conseil municipal, dès septembre 1944. "Je me suis aussi appuyé sur un autre rapport, celui d’un participant au renfort des Résistants. Mais la plus grande difficulté dans tout ça résidait dans la reconstitution des journées.

Les témoins répétant parfois ce qu’ils avaient “entendu”", explique Patrick Aujard, qui ressent désormais un sentiment d’impréparation de la part des maquisards : "Oui, j’ai un peu l’impression que cette attaque, c’était n’importe quoi, et pas très organisé militairement parlant. Et ce qui frappe aussi, c’est que ça aurait pu réellement dégénérer…"

Alexandre Chazeau

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