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Cigarettes after Sex se livre sur un “X’s” incandescent et sans filtre

Avec ce nouvel album, Greg Gonzalez concilie dream pop ténébreuse et ambient pour des chansons sensuelles, intimistes et mélancoliques qui alimentent les fantasmes.

Fidèle à sa démarche, entamée sur son premier EP en 2012 et poursuivie sur l’album nommé Cigarettes after Sex en 2017, Greg Gonzalez enchaîne tournées et sorties discographiques sans dévier de son sillon, sans céder aux tendances du jour qui ne lui ressemblent pas.

On retrouve avec plaisir l’univers langoureux et désormais familier de ce groupe qu’il incarne à lui seul : des visuels chics en noir et blanc, un casting réduit au strict minimum (seuls un bassiste et un batteur viennent lui prêter main-forte), une voix androgyne qui murmure (loin du timbre grave qu’il a dans le civil), des influences allant de Mazzy Star aux Cocteau Twins ainsi que des chansons sensuelles, intimistes et mélancoliques, au tempo lent, idéales pour danser un slow, réel ou fantasmé, blotti·e contre un autre corps.

Dans “X’s”, on peut entendre excès, extase ou ex-petit·e ami·e

Ne pas croire que ces morceaux, entre ambient et dream pop, font dans l’eau de rose : Greg Gonzalez s’y livre sans filtre, pour tenter d’exorciser ses peines de cœur. L’exorcisme, un mot dans lequel résonne le titre concis de cet album, X’s, qu’on peut aussi entendre dans excès, extase ou ex-petit·e ami·e.

“J’aime beaucoup cette idée, nous confirme le quadragénaire texan relocalisé à L.A. La lettre X dégage une impression de danger. Comme un film classé X, comme sur l’étiquette d’une bouteille de liqueur dans les dessins animés… À la base, j’ai pensé à cette lettre en regardant les célèbres photos de Marilyn Monroe prises par Bert Stern : tous les clichés rejetés étaient barrés d’un X. J’ai réfléchi à tout ça pendant longtemps.”

“J’arrêterai le chapitre Cigarettes after Sex quand j’estimerai avoir tout dit”

Ce titre, qui est aussi celui de la chanson lascive qui ouvre l’album, dégage une sobriété qui reflète parfaitement le contenu. “Je compose de la façon la plus minimaliste possible, reconnaît l’Américain. J’ai l’impression que c’est mon fort, quand je retire tout le superflu pour ne garder que l’essentiel. Toutes les œuvres d’art que j’aime comprennent une part de mystère qui nous permet de laisser notre esprit divaguer et d’imaginer les choses à notre façon, au lieu de nous asséner des réponses toutes faites.”

Entre 2020 et 2022, le songwriter et guitariste a lui-même produit ce nouveau disque, comme les deux précédents. Le résultat reste aussi apaisant et intemporel que ce qu’il nous a déjà proposé – deux qualités qu’il recherche activement quand il compose.

“Beaucoup de choses que j’écoute ne sont pas du tout dans ce style, mais cette sensation de consolation m’a toujours plu. Kind of Blue de Miles Davis ou sa BO d’Ascenseur pour l’échafaud m’ont aidé à traverser des moments de ma vie où je ne me sentais pas bien, et j’ai toujours voulu avoir ce même effet avec ce tout que j’écris : créer une musique calme, mélodique et très personnelle. C’est un but que j’ai de manière consciente et je ne veux pas le changer. J’arrêterai le chapitre Cigarettes after Sex quand j’estimerai avoir tout dit dans cette veine.” On est convaincu qu’il saura aussi nous toucher en plein cœur dans d’autres registres.

X’s (Partisan Records/PIAS). Sortie le 12 juillet. En concert à l’Accor Arena, Paris, le 16 novembre et à la Halle Tony Garnier, Lyon, le 17.

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