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En Haute-Loire, cette association permet aux personnes isolées de se rencontrer

En Haute-Loire, cette association permet aux personnes isolées de se rencontrer

En partenariat avec l’ADMR, l’association La Loco a récemment organisé une journée sous le signe du jeu afin de permettre aux personnes isolées, notamment du Cada de Saint-Beauzire, de se rencontrer.

Notre idée aujourd’hui, c’est de faire en sorte que les gens puissent se rencontrer. Les mentalités doivent évoluer ", annonce Didier Luce, le trésorier de La Loco. En partenariat avec l’Aide à domicile en milieu rural (Admr) d’Espalem, la Loco a organisé, jeudi dernier, une animation collective autour du jeu. À Saint-Beauzire, des résidents du Centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) ont pu rencontrer d’autres personnes isolées du Brivadois.

" Le Cada, ce n’est pas une verrue,  ce sont des habitants comme les autres "

Au total une quinzaine de personnes ont ainsi pu, le temps d’un après-midi ludique, faire connaissance : " Le but c’est de rassembler le plus de monde. Que chacun vienne avec une ou plusieurs personnes de son entourage. Pas pour refaire le monde, mais simplement pour apprendre à se connaître en jouant ". Au programme, des jeux avec des règles simples, type " Triominos ", des palets en bois, et aussi du café et des jus de fruits à partager…

" L’idée c’est vraiment de créer du lien avec tous les acteurs du territoire. Avec les gens du Cada, mais aussi des personnes isolées qui souhaitent se joindre à eux."

Des situations compliqués pour les gens du Cada

 Sur les 110 résidents du Cada, ils ont été peu nombreux à participer à l’évènement. Certains ont préféré rester à l’écart, pour différentes raisons : " Il y a la barrière de la langue et un peu de stress pour ceux qui attendent une réponse imminente concernant leur demande d’asile. La situation politique actuelle n’aide pas non plus ", précise Laura Tronchère, coordinatrice de la Loco. Rompre l’isolement, l’opération prend tout son sens, surtout auprès des demandeurs d’asile, souvent déracinés et isolés. " L'après-midi jeu était ouvert à tous (Photo J.V)

Dépasser les peurs

Dans cette optique, différentes animations leur sont proposées. Des thés cafés, des rendez-vous avec des associations caritatives ou des clubs sportifs sont organisés. La plupart du temps, ils sont entre 40 et 50 à participer à ces évènements. Même si les résidents du Cada vivent en collectivité, la notion d’isolement reste prépondérante : " Beaucoup restent dans leur chambre, ils restent très marqués par ce qu’ils vivent. 

Même pour se déplacer, c’est compliqué, il n’y a pas de moyen de transport. Beaucoup vont à pied jusqu’à Brioude. " L’isolement est à la fois physique et psychologique. Les cultures différentes et le déracinement y sont pour beaucoup. Didier Luce livre à ce sujet une anecdote poignante :

" Un Afghan me disait que dans sa vie il avait parlé à trois femmes, sa mère, sa sœur et sa femme… Depuis qu’il est ici, il parle avec des femmes, alors que chez lui, c’est interdit ! "

La Loco organise aussi des tandems. Le principe est d’accueillir chez soi un résident du Cada. Didier Luce a déjà expérimenté le concept avec son épouse : " Il y en a un ou deux qui viennent à la maison. Ça les fait progresser déjà en français. C’est la base de l’intégration. " Les rencontres avec des collégiens ou des lycéens ont permis de casser les stéréotypes que peuvent avoir les plus jeunes : 

 Ils se rendent compte que ce sont des gens comme tout le monde. Ils sont sensibles à leurs parcours et à leurs difficultés. Ça enlève certaines idées qu’ils peuvent avoir sur les réfugiés. " 

La rencontre, sous toutes ses formes, reste bel et bien une prérogative essentielle de l’association la Loco… 

 

Jérémy Virot 

Activités. Cours de français, ateliers couture, musique… Retrouvez le programme des évènements prévus par la Loco sur le site www.laloco.org.

Blanchard Leu, 52 ans, originaire de la République démocratique du Congo, est en France depuis un an. Dans le cadre des activités de la Loco, il a pu aller à la rencontre d’élèves du Brivadois.Blanchard Leu , résident congolais au Cada (photo JV) 

Qu’est-ce qu’une association comme la Loco vous apporte en termes d’intégration ?

Les activités sont multiples et variées. J’ai participé au moins quatre fois à des rencontres dans des établissements scolaires. J’ai pu expliquer aux jeunes ce qu’était une demande d’asile et quel était le but de notre démarche. J’ai évoqué aussi mon parcours de vie, ma fuite du Congo et mon arrivée en France. Comment ont réagi les élèves en écoutant votre récit ?

J’ai ressenti beaucoup d’émotions. Ils entendent parler de demandeurs d’asile seulement à la télévision. Souvent de manière négative. En voir un en vrai a peut-être modifié leur perception.

 Aviez-vous de l’appréhension avant de les rencontrer ?

Non, car mon discours est simple. Je leur dis que je ne suis pas là pour prendre leur place. Je suis juste là pour livrer un récit.

"Je pourrais raconter ma vie dix fois, mais je ne voudrais pas la revivre une deuxième fois. J’ai vécu des choses vraiment horribles."

Ce qui m’a vraiment ému ici, c’est la liberté d’expression. Les concepts de liberté, d’égalité et de fraternité n’existent pas chez moi. Ici, on peut découvrir les gens. Il y a des échanges. On discute avec des représentants associatifs. Même pour faire des papiers, on est bien reçu. Ça nous permet de sortir de l’isolement. 

 

Propos recueillis par Jérémy Virot

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