L'offre commerciale et de services en proximité s'étoffe pour le bonheur des Puydômois
Le Puy-de-Dôme compte 323.571 ménages et les dépenses par an et par ménage seraient de 14.680 euros, soit un total de 4,75 mds (*). Presque la moitié de cette somme serait consacrée à l’alimentaire à 41 %, suivi de l’équipement de la maison à 17 %, puis de l’équipement de la personne à égalité avec la culture et les loisirs à 11 %, de l’hygiène santé beauté à 10 %, de la restauration à 8 % et enfin des services à 2 %. Les ménages du Puy-de-Dôme contribuent à 98 % de l’activité commerciale du département et près des deux-tiers de celle-ci est réalisé sur le bassin clermontois.
Habitat, Oxybul, Etam... Quels sont les effets de ces fermetures sur l'activité du Centre Jaude à Clermont-Ferrand ?
Cet énorme potentiel qui se diffuse à travers tout le Puy-de-Dôme, avec des zones commerciales fortes, notamment du côté de Clermont-Ferrand, mais aussi une “évasion” sur le web, révèle nos habitudes de consommation et les flux qui en découlent. Et ces dernières années, ils ont, de fait, varié.
Pour l’expliquer, plusieurs facteurs sont à noter : il y a notre façon de vivre, de consommer et l’offre proposée. Cette dernière essayant de s’adapter justement au mieux à nos besoins qui ne cessent d’évoluer. Ces dernières années, le télétravail a notamment changé nos habitudes de consommation. Il peut y avoir moins d’activité commerciale entre midi et deux dans certains pôles au profit d’autres, plus près de chez soi. La hausse du coût du carburant favorise aussi cette notion d’achat de proximité.
Plus d’offres de proximitéD’autant que cette offre commerciale de proximité s’étoffe au fil des années avec notamment de plus en plus de commerces de moins de 300 m2 (supérette, artisanat…).
« On note également un nombre croissant de supermarchés de moyenne surface avec une implantation très forte sur les différents territoires. Ces derniers proposent des produits locaux avec des stands où servent des bouchers, des poissonniers… Ces types d’établissement se réinventent et ont une superficie à taille humaine. Un aspect qui séduit les consommateurs, en plus d’être proche de chez eux. Et puis, il y a aussi une offre de commerce discount très présente comme Aldi, Lidl, Netto… »
Ainsi et spécifiquement sur l’alimentaire, on assiste à un recentrage de la consommation sur les formats de proximité, boosté également par un choix politique de maintenir la centralité commerciale à travers le Schéma de cohérence territoriale et en particulier du Document d’aménagement artisanal et commercial. Celui-ci permet de déterminer les conditions d’implantation des équipements commerciaux susceptibles d’avoir un impact significatif sur l’aménagement du territoire, du commerce de centre-ville, des constructions commerciales et logistiques, en fonction de leur surface et de leur impact sur les équilibres territoriaux. Il identifie aussi les secteurs d’implantation privilégiés au regard des besoins logistiques du territoire.
Une hausse des achats sur le webAvec cette tendance, les zones de chalandise et les flux de consommation se resserrent et si les consommateurs ne trouvent pas leur bonheur « en proximité », ils ont de plus en plus le réflexe d’aller sur le web. « La progression de l’achat par le digital est très présente, surtout le non alimentaire. Elle a entraîné une baisse de 18 % du chiffre d’affaires sur les commerces physiques proposant ce type de produits entre 2018 et 2022 dans le Puy-de-Dôme, explique Stanislas Renié, élu à la CCI. La crise sanitaire a sans aucun doute dopé les ventes en ligne, mais d’autres facteurs entrent aujourd’hui en jeu comme la hausse du coût de l’essence, le côté pratique pour les personnes vivant en zone rurale ou encore le boom de la seconde main. »
D’ailleurs, de plus en plus de zones commerciales proposent des lockers (casiers à colis) où il est possible de retirer sa commande avec une large plage horaire (voir ci-contre). De quoi encore, par ce type de déplacement, créer de nouveaux flux de clientèle.
(*) Selon une étude de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Puy-de-Dôme Clermont Auvergne Métropole, basée sur 47 produits et services en 2022.
Les flux à Clermont-Ferrand ont-ils changé suite aux travaux??
Depuis plus d’un an, le centre-ville de Clermont-Ferrand subit les travaux. Quelles sont les répercussions sur les habitudes et lieux de consommation des Clermontois ?
« Ce qui est évident, c’est que le commerce de proximité n’a jamais aussi bien porté son nom. Les consommateurs vont au plus près de chez eux. Les gens veulent éviter les trajets », assure Julien Vialette, co-président de la Fédération Clermont Commerce Auvergne Métropole.
C’est le constat qu’avait également établi Lætitia Bobel, vice-présidente du Groupement d’intérêt économique (GIE) des commerçants de Jaude, lors de l’une de nos précédentes éditions : « En raison des travaux, certains consommateurs extérieurs à Clermont-Ferrand viennent moins, (probablement au profit des zones commerciales de la périphérie), mais on a aussi récupéré des gens plus proches du centre provenant de Royat et de Chamalières qui ne veulent plus traverser la ville, à cause des travaux, pour se rendre à Aubière. »
Malgré les travaux, le centre clermontois attire encore. Photo Franck boileau
Cependant, les travaux ne sont pas l’unique cause de ces changements de flux. « La perte de fréquentation dans les centres-villes est une tendance nationale. Les ventes en ligne y sont pour beaucoup. D’ailleurs, de grandes enseignes de textiles et de chaussures ont baissé le rideau dans le centre clermontois et Internet y est pour quelque chose. Le télétravail a aussi changé les comportements. Entre midi et deux, on aura encore plus tendance à aller consommer au plus près de chez soi ou, là encore, à commander directement sur le web », assure Julien Vialette.
Toutefois, le centre-ville reste toujours une zone d’attrait. « Nous voyons encore des personnes qui viennent à 30 km à la ronde parce qu’elles ont un rendez-vous médical et profitent d’être là, ou pour une sortie familiale. Mais il va falloir réfléchir à des solutions pour inciter les gens à revenir », prévient Julien Vialette.
Stéphanie Merzet