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Sept femmes, dont une mineure... Ce qu'il faut savoir sur les accusations de harcèlement sexuel contre l'abbé Pierre

Une des personnes était mineure

À la suite "d'un témoignage faisant état d’une agression sexuelle commise par l’Abbé Pierre sur une femme", un travail a été mené en interne par un cabinet expert de la prévention des violences, Egaé, ont expliqué dans un communiqué Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre publié mercredi. "Ce travail a permis de recueillir les témoignages de sept femmes qui font état de comportements pouvant s’apparenter à des agressions sexuelles ou des faits de harcèlement sexuel commis par l’abbé Pierre entre la fin des années 1970 et 2005", ajoutent les trois organisations, en précisant l'une de ces personnes "était mineure au moment des premiers faits". 

"Il s'est mis à lui tripoter le sein gauche"

Parmi les faits remontés, "des comportements inadaptés d’ordre personnel, une proposition sexuelle, des propos répétés à connotation sexuelle, des tentatives de contacts physiques non sollicités, des contacts non sollicités sur les seins". Une des femmes rapporte ainsi que l'Abbé Pierre "s'est mis à lui tripoter le sein gauche" alors qu'elle se trouvait "au pied de l’escalier, un endroit de type sas".

Quelques années plus tard, elle raconte une autre scène dans un bureau. 

"Je me suis avancée vers lui pour lui serrer la main. Il a essayé de m’attirer vers la fenêtre. Je lui ai dit +Non, Père+. Il m’a dit +J’en ai besoin+. J’ai dit +non+, il est parti."

Une autre femme raconte la fois où l'Abbé Pierre "pose ses mains sur (sa) poitrine, (ses) seins", pendant "qu’on parle du travail". Une autre indique quant à elle qu'un jour, "au moment de lui dire au revoir, il a introduit sa langue dans ma bouche d’une façon brutale et totalement inattendue". 

De cette série d'entretiens ressort "une forme de sidération lors des faits", écrit l'autrice du rapport Caroline de Haas, qui pointe une "forme d’emprise alimentée par la différence d’âge, le statut de l’Abbé Pierre et une forme d’idolâtrie, ou la situation de subordination entre lui et les personnes".

Douze personnes entendues dans le cadre d'une enquête

A la suite "d'un témoignage faisant état d’une agression sexuelle commise par l’Abbé Pierre sur une femme", un travail a été mené en interne par un cabinet expert de la prévention des violences, Egaé, ont expliqué dans un communiqué Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre publié mercredi. 

"Nous saluons le courage des personnes qui ont témoigné et permis, par leur parole, de mettre au jour ces réalités".

"Nous les croyons, nous savons que ces actes intolérables ont laissé des traces et nous nous tenons à leurs côtés", ajoutent-elles. "Ces révélations bouleversent nos structures" et "ces agissements changent profondément le regard que nous portons sur un homme connu avant tout pour son combat contre la pauvreté, la misère et l’exclusion". Dans son rapport, Egaé indique avoir entendu "12 personnes dans le cadre de l’enquête, dont certaines n’ont pas été la cible de comportements" du prêtre, et avoir eu accès à "deux témoignages adressés fin juin 2024 à une personne d’Emmaüs International". 

Au total, le cabinet dit avoir été destinataire de témoignages de sept personnes "faisant état de violences subies par des femmes de la part de l’Abbé Pierre sur une période allant de la fin des années 1970 à l’année 2005."

Aucun signalement à la justice n'a été fait à ce stade

A la suite de ces premiers récits, un dispositif de recueil de témoignages et d’accompagnement, "strictement confidentiel, s’adressant aux personnes ayant été victime ou témoin de comportements inacceptables de la part de l’abbé Pierre", a été mis en place, selon les trois associations. Selon une source interne à Emmaüs, aucun signalement à la justice n'a été fait à ce stade.

A la suite de ces révélations, la Conférence des évêques de France (CEF) a exprimé sa "douleur" et sa "honte". L'Abbé Pierre "a eu, dans notre pays et dans le monde, un impact remarquable, il a éveillé les consciences sur la responsabilité de tous à l’égard des personnes en précarité", a-t-elle réagi. "Mais sa position ne saurait dispenser du travail de vérité nécessaire, que vient de réaliser Emmaüs avec clarté et courage, en se mettant à l’écoute des personnes plaignantes"

Défenseur inlassable des sans-abri et des mal-logés, cofondateur du mouvement Emmaüs, résistant pendant la Seconde guerre mondiale, l'Abbé Pierre (1912-2007), de son vrai nom Henri Grouès, fut longtemps la personnalité préférée des Français. 

Avec AFP

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