World News in French

"C’est intenable" : dans l'indifférence, des familles dorment sous des tentes depuis trois mois à Clermont-Ferrand

Le collectif au chevet des familles étrangères sans-abri, hébergées depuis le mois d'avril dans la salle de la Maison du peuple, à Clermont-Ferrand, craint que la situation se dégrade cet été. Et appelle les collectivités et la préfecture au dialogue.

Un peu plus de trois mois après l’installation des premières tentes place du 1er-Mai, puis à la Maison du peuple, rien n’a changé. Ou si peu. Alors que l’été est bien entamé, les militants engagés dans l’accompagnement des familles étrangères sans-abri craignent que leur lutte tombe aux oubliettes.

Le mois de campagne électorale écoulé a déplacé la focale et éloigné certains militants. Mais les abris de fortune de la salle d’hébergement demeurent. D’après un décompte du collectif, 42 adultes, dont six femmes (l’une d’elles est enceinte), et 31 enfants ont trouvé un toit dans cette salle, près du centre-ville de Clermont-Ferrand.

Une trentaine d'enfants

"On ne pourra pas fermer tant que la préfecture continuera de mettre des gens à la rue", déplore Simon Lamure, l’un des cadres du mouvement et membre de RESF 63. Il craint que la chaleur, jusqu’ici limitée, ne vienne empirer les conditions déjà précaires dans lesquelles vivent les familles.

"Ce devait être temporaire, ce n’est pas un lieu de vie, appuie le militant. Il y a urgence, c’est intenable. Il faut remettre la Maison du peuple au cœur de la politique locale."

Les regards se tournent vers la préfecture, avec laquelle le dialogue reste constant malgré les désaccords. Les contacts sont rompus avec la Ville depuis mai, selon le collectif. Le président du Département, Lionel Chauvin, "s’en lave les mains", regrette-il. Aucun échange n’a été engagé, alors qu’une trentaine de mineurs isolés dorment dans une salle du centre Jean-Richepin et une cinquantaine ont trouvé un refuge temporaire chez des particuliers ou sont à la rue depuis six mois. 

Crainte pour la santé des familles

D’où l’appel, renouvelé, à la tenue d’une table ronde avec tous les acteurs politiques et les associations pour trouver une issue. « Si c’était des Français, est-ce qu’ils auraient trouvé une solution ? Oui, dénonce Simon Lamur. Donc c’est une politique xénophobe. » Présente mercredi après-midi à la Maison du peuple, la députée LFI-NFP Marianne Maximi s’est émue d’un "blocage de la préfecture qui dure, traîne et rend la situation insupportable". Selon la parlementaire, "le préfet a décidé de faire du zèle".

Sous les tentes de la Maison du peuple, certains enfants errent depuis avril, des parents sont usés par l’attente. Une femme en situation de handicap n’entre toujours pas dans les critères de vulnérabilité censés lui ouvrir la porte d’un hébergement d’urgence. Les associations voient poindre le risque de dégâts sur la santé physique et psychique des adultes et des enfants. "Ça a assez duré", répètent-elles. Pourtant, c’est parti pour s’éterniser.

Malik Kebour

Читайте на 123ru.net