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Chassaigne au perchoir, les tensions à gauche... Rentrée agitée pour les députés du Puy-de-Dôme à l'Assemblée nationale

Chassaigne au perchoir, les tensions à gauche... Rentrée agitée pour les députés du Puy-de-Dôme à l'Assemblée nationale

Le Puy-de-Dôme au perchoir de l’Assemblée nationale ? Désigné mercredi par le Nouveau Front populaire, André Chassaigne (PCF) va vivre une rentrée parlementaire intense, ce jeudi. Tout comme les quatre autres députés du département.

Il n’a jamais été aussi proche du perchoir. Le député communiste André Chassaigne a été désigné, mercredi, pour porter la candidature commune du Nouveau Front populaire (NFP) à la présidence de l’Assemblée nationale.

Le verdict est tombé après des heures de discussions entre les représentants des partis composant le NFP. « Le choix a été difficile », réagissait l’élu puydômois, au micro des journalistes, au Palais Bourbon.

Difficile, mais André Chassaigne a pu faire valoir quelques atouts de poids face aux quatre autres candidatures enregistrées à gauche. Dès mercredi matin, le député communiste assurait, à La Montagne, vouloir incarner, s’il était élu au perchoir ce jeudi, « une voix de la sagesse », mettant en avant son expérience, la reconnaissance de ses pairs et sa connaissance des rouages de l’hémicycle, qu’il fréquente depuis 2002.

Quelques minutes après sa désignation, il a dit souhaiter assurer une présidence « fidèle à ceux qui m’ont désigné. […] Nous avons une légitimité à présider l’Assemblée nationale car nous sommes arrivés en têtes des élections législatives. […] Nous voulons répondre aux difficultés du quotidien. Nous le ferons avec une forme de pacification. »

« Un trou de souris »

Au bord de la rupture ces derniers jours, la gauche cherchait une personnalité rassembleuse et une forme d’apaisement, que doit incarner André Chassaigne. « Personnellement, je reste tranquille », racontait l’intéressé à l’évocation des tensions au sein du NFP.

S’il est resté médiatiquement discret ces derniers jours, il ne cache pas son agacement face aux désaccords qui divisent jour après jour le NFP : 

C’est catastrophique. Ceux qui ont mis leurs espoirs dans la gauche populaire doivent se dire qu’on est la gauche la plus bête du monde. Plus on tergiverse, plus on donne le gouvernail au chef de l’État…

Le député le reconnaît aussi sans mal : la partie est loin d’être gagnée pour la gauche dans la quête du perchoir, aujourd’hui. « Il y a un trou de souris », estime même le communiste, choisi aussi pour sa capacité à convaincre au-delà de son camp. « André peut rassembler au-delà du NFP. Il a les qualités requises, une autorité naturelle et beaucoup d’expérience. Il saura respecter tous les députés », saluait ainsi hier Christine Pirès-Beaune (PS), sur le réseau social X.

"On a besoin d'apaiser le pays"

Car si les projecteurs ont été subitement braqués sur le communiste de Thiers-Ambert, les quatre autres députés puydômois se préparent eux aussi à rejoindre les bancs de l’Assemblée nationale. À ce titre, la Riomoise se dit « combative et constructive. On n’a certes pas la majorité absolue mais la logique veut que celui qui est arrivé en tête aux élections doit gouverner. »

L’absence d’accord à gauche, notamment sur Matignon ? « Ce n’est pas dramatique que ça prenne du temps, ce sont les expressions de certain(e)s qui le sont, et qui sont difficiles à encaisser, d’autant qu’on a besoin d’apaiser le pays. On a pourtant de beaux sujets qui peuvent nous rassembler : la réduction des inégalités, le retour des services public… Mais si on veut être aux manettes, il ne doit pas y avoir de mainmise d’un parti sur un autre. »

Pour l’heure, en dehors de la candidature commune pour le perchoir, la gauche court en vain après l’union affichée pendant la campagne des législatives. « J’essaie de ne pas m’alarmer, de prendre les choses avec patience », souffle Marianne Maximi (La France Insoumise), pour qui « le débat ne doit pas seulement porter sur un nom, une personne, mais aussi surtout sur un programme, une méthode, ce dont on parle peu. Je sens qu’il y a plus de responsabilité, c’est une certitude. C’est à nous de gouverner. »

Innovation politique

« Il y a beaucoup d’effervescence, ce qui fait que ce n’est pas facile de poser les choses », raconte aussi Nicolas Bonnet (Europe Écologie les Verts), qui découvre lui l’Assemblée nationale ces jours-ci. « Que les discussions prennent du temps à gauche, ça ne me choque pas. Avec les JO, la période estivale, on est dans un moment où l’on pourrait justement se laisser du temps. »

Un sentiment partagé par Delphine Lingemann (MoDem). La seule députée puydômoise hors NFP, citant l’exemple de l’Allemagne, appelle à construire un large rassemblement. « Il faut être factuel : aucun des trois blocs n’est en mesure de gouverner seul. Le NFP prend les choses à l’envers en parlant d’abord des personnes… Il faut d’abord se rassembler autour d’un projet commun avant de parler de postes. Mais il faut se donner le temps de construire cette coalition. C’est une séquence d’innovation politique, mais j’ai envie d’y croire. »

Arthur Cesbron

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