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Dans cette commune de Haute-Loire, les maisons insalubres vont laisser place à des logements tout confort pour seniors

Dans cette commune de Haute-Loire, les maisons insalubres vont laisser place à des logements tout confort pour seniors

Dans le pittoresque, mais parfois trop délaissé centre-bourg de Craponne-sur-Arzon, les engins de chantier sont de sortie. Une petite révolution se prépare dans la quiétude des vieilles rues pavées.

Craponne-sur-Arzon n’échappe pas à la désertification de son centre-bourg. Pour preuve, le cœur de la commune est majoritairement composé de maisons insalubres, désuètes et laissées à l’abandon depuis de nombres années. Mais un collectif a décidé de faire bouger les lignes et de lui redonner vie avec un projet ambitieux et mûrement réfléchi…

Une alternative à l’Ehpad

Dans la quiétude des vieilles pierres, là où les rues laissent à peine assez de place au passage des voitures, la place du For s’anime. Autour de la fontaine, une cinquantaine de personnes s’est rassemblée autour d’un trio de musiciens aux inspirations gipsy qui réchauffe l’atmosphère. Devant le local de l’association Maison Bolène, ils prennent part à un « apéro pelles et pioches » qu’ils attendaient depuis longtemps. Ce mardi 9 juillet était un jour important pour eux : leur projet se concrétise et le chantier débute enfin.La déconstruction des maisons insalubres du vieux Craponne se terminera en octobre.Depuis plusieurs années, Maison Bolène a pris le fléau de l’isolement des seniors à bras-le-corps et organise des journées pour rassembler ces ruraux isolés et favoriser les échanges. « Pour l’instant, nous les accueillons tous les mardis. C’est un test en conditions réelles, une expérimentation », lance Aline Robert, coordinatrice de l’association.Mais l’ambition de Maison Bolène est tout autre. L’association a spécialement été montée pour porter son grand projet qui démarre : construire un habitat partagé dans le centre-bourg de Craponne. « Nous voulons proposer ces logements à des gens qui font face à des difficultés dans leur logement actuel. Trop grands, difficiles à entretenir, éloignés des commerces de proximité, isolement, solitude, entourage qui se réduit… Aujourd’hui, la seule solution est l’Ehpad. C’est très bien, mais cela ne correspond pas à tout le monde. C’est la solution quand il y a un besoin médical, mais ce n’est toujours l’idéal. Il fallait proposer une alternative », développe l’ancienne salariée de Handicap International.

Un projet chiffré à 2 millions d’€

Et pour ce faire, Aline Robert travaille depuis quatre ans sur un projet ambitieux. Proposer un logement plus sécurisant et sécurisé, avec un loyer modéré, là où chaque habitant « reste libre de ses choix ». « C’est à ce moment-là qu’un collectif s’est créé, se voulant le plus participatif possible. Il faut que les gens s’y projettent, maintenant ou plus tard et qu’ils soient associés à tous les choix. » Le conseil d’administration de l’association est donc composé de potentiels futurs locataires de cet habitat partagé dans lequel « chacun est chez soi, mais tous ensemble », résume Aline Robert.La mairie de Craponne et le bailleur social Soliha accompagnent l’association.Le bâtiment verra le jour place Neuve, au cœur de Craponne. « La place n’aura jamais aussi bien porté son nom », plaisante la coordinatrice. L’existant ne sera pas conservé et la phase de déconstruction a démarré ces derniers jours. « L’existant ne convenait pas à notre projet. Nous n’avons pas eu d’autre choix que de reconstruire du neuf par-dessus l’ancien. » Petit à petit, après des années de travail et de démarchage de partenaires, le chantier est lancé.

C’est un projet complexe, en centre-bourg, avec plusieurs partenaires et la volonté de proposer des logements confortables et accessibles.

D’ici début 2026, un nouveau bâtiment d’environ 600 m2 devrait sortir de terre, place Neuve. Dix logements seront proposés à la location. Essentiellement des T2 tous traversants de 42 m2 avec « une vraie cuisine et une vraie chambre ». Au rez-de-chaussée, 150 m2 seront consacrés au lieu de vie partagé entre les habitants. « Le futur bâtiment sera un peu plus avancé que l’ancien afin de pouvoir créer un jardin de 200 m2 à l’arrière », annonce Aline Robert.Ambitieux, le projet est aussi coûteux, environ 2 millions d’euros. Une somme importante déjà en partie financée par un crédit bancaire et des subventions publiques. « Il nous reste environ 40 % du budget à aller chercher auprès de nos différents partenaires comme les organismes sociaux, des fondations privées ou encore des mécènes. Mais c’est en bonne voie. » Les futurs locataires seront quant à eux choisis selon des critères bien précis. « Les plafonds de revenus et l’envie de venir et de prendre part à ce projet », indique la Craponnaise d’adoption.

« À Craponne, nous ne voulons pas devenir une ville-musée »

« En Haute-Loire, la plupart des retraités ont des petites pensions. Il y a aussi beaucoup de femmes seules avec des moyens très limités. Nous voulons faire quelque chose de bien avec des loyers modérés et répondre à ce besoin local. Et, dans le même temps, avec ces nouveaux habitants du bourg, redynamiser tout un quartier et favoriser les échanges, les rencontres et créer une émulation globale », termine Aline Robert.Dans un centre-bourg délaissé et composé de nombreux bâtiments insalubres et délaissés, le projet de la Maison Bolène a tout de suite séduit la mairie et Laurent Mirmand. « Tout cela a du sens et se concrétise enfin après tant d’énergie déployée. Cet habitat inclusif a un intérêt très important pour le plateau tout entier. Il démontre que l’on peut se réapproprier le centre-bourg. Nous ne voulons pas devenir une ville-musée où l’on attend des cars de touristes pour visiter la commune. C’est un projet phare pour Craponne, comme l’était celui de la médiathèque et comme le sera un futur projet d’habitat, toujours dans le centre-bourg », dévoile le maire.

 

Nathan Marliac

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