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La "collectionnite aiguë" des passionnés de guides et objets Michelin

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Anne Parizot est professeur des universités à l’université de Franche-Comté et chercheur au laboratoire Texte, image, langage (TIL), à l’université de Bourgogne. À l’occasion des 25 ans de ventes Michelin, elle a réalisé une étude intitulée Passionnément collectionneurs. Michelin : Objet de collection et collections d’objets ! Nous l'avons rencontrée afin de comprendre ce phénomène de "collectionnite aiguë".

Qui sont les collectionneurs Michelin ? Y a-t-il, de façon plus générale, un profil type du collectionneur ?Les collectionneurs Michelin sont majoritairement des hommes (peu de femmes sont représentées, même s’il en existe qui ont des collections intéressantes).Il n’y a pas de profil type, même si l’on remarque, pour les guides, un intérêt des restaurateurs et cuisiniers, mais si certains collectionneurs sont monothématiques et d’ailleurs incollables sur le sujet (cartes Michelin) d’autres, au contraire, collectionnent tout Michelin. Il faut dire qu’il y a de quoi !

Plus globalement, nous sommes tous un peu collectionneurs. Une étude Ifop menée pour Ebay (mars 2021) a montré qu’un Français sur 10 a été en contact avec une forme de collection au cours de sa vie et le nombre de collectionneurs aujourd’hui est encore important.

Et si l’on regarde bien dans les catégories, on s’aperçoit que Michelin coche vraiment beaucoup de cases (livres, cartes postales, figurines, véhicules miniatures, pin's et objets pub, cartes à jouer, montres, objets militaires…).

Qu’est ce qui peut motiver une personne à collectionner des objets ?Pour les collections Michelin, il y a plusieurs motivations, me semble-t-il : tout d’abord l’attachement à la marque, la passion de la marque voire un attachement à la région : cet attachement se traduit souvent par la transmission par un membre de la famille, ou un ami. Il faut dire, aussi, que la marque fait partie de notre patrimoine et a été bien souvent associée à de grands événements populaires (coupe du monde, logo du siècle, etc.). Les médias ont largement contribué à cet engouement.

Mais il n’y a pas que les Auvergnats qui collectionnent. Il y a toujours une personne qui a été en contact avec Michelin d’une façon ou d’une autre.

De plus, il y a toujours eu aussi un engouement pour les voitures et cet univers de la mobilité, car les voyages associés à une restauration, c’est l’imaginaire qui fonctionne, associé à l’évasion… et Michelin, c’est un univers !Parfois, ce collectionnisme se fait au détour d’une rencontre avec un objet sur une brocante… et quand on commence, on ne sait pas où cela va s’arrêter. En ce qui concerne les collectionneurs Michelin, l’objectif est de faire une collection et, compte tenu de la diversité et du nombre des objets, cela peut durer plusieurs décennies. Et c’est la passion de la marque, de l’histoire qui est l’un des moteurs.

Comment le collectionneur évolue-t-il dans le temps ? Peut-il arrêter ? (peut-on parler d’addiction ?) Pourquoi et comment, le cas échéant, s’arrête une collection ?

À partir du moment où l’on commence, il est difficile de s’arrêter, car la quête de l’objet manquant anime les collectionneurs. On peut parler d’addiction ; certains parlent de "collectionnite aiguë", car cela devient un jeu pour soi, mais aussi entre collectionneurs.

Une collection peut s’arrêter mais sans doute par cas de force majeure, aléa de la vie bien sûr. Alain Morel, par exemple, le restaurateur belge, a vendu sa collection car il pensait être arrivé au bout, et n’avait pas d’héritier… car on a envie aussi de transmettre.

J’ai constaté, aussi, en discutant avec les « carteux Michelin », que l’objet manquant suscite toujours la passion et la continuité de la collection… Il y a un vrai plaisir à toujours compléter sa collection et de se dire que ce n’est pas fini.

Les ventes aux enchères Michelin, à Clermont-Ferrand, fêtent leurs 25 ans

Parler d’addiction est négatif (pathologie), passion est beaucoup plus positif ! Alors, à partir du moment où la passion, à l’inverse de l’addiction, ne présente pas de caractère dangereux, ni pour soi ni pour les autres, passion est le maître-mot. D’autant que les collectionneurs Michelin sont très sympathiques, fiers de leur passion et participent à la protection du patrimoine.Véronique Lacoste-Mettey

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