JO-2024: à J-8 de la cérémonie d'ouverture, les bords de Seine sous cloche
Le périmètre "gris", aussi appelé SILT pour périmètre de "sécurité intérieure et lutte contre le terrorisme", est entré en vigueur jeudi à 5H00 dans la capitale, où des barrages filtrants ont été dressés aux abords des quais de Seine.
Selon un premier bilan à 11H00 de la préfecture de police, "90% des usagers ont pu accéder au périmètre et parmi les 10% de refus, il s'agit à 98% de personnes avec un pass pour la zone rouge autour des sites olympiques", qui n'est pas encore activée.
"Pour aujourd'hui, on va être clément": la réponse d'une gendarme tombe comme un soulagement pour Inès, sur le chemin du travail.
Si riverains, professionnels et visiteurs (munis de la preuve de réservation d'un hôtel, d'un musée ou d'un restaurant par exemple) peuvent accéder à ce périmètre, encore faut-il être en mesure de présenter un "pass jeux".
"Contrôles pédagogiques"
Une fois le barrage passé, elle est soumise, comme tout le monde, à une rapide procédure de fouille et de palpation, et se presse dans la rue de Rivoli rendue quasi déserte par l'installation du périmètre où les véhicules motorisés sont interdits, sauf rares dérogations, notamment pour les véhicules d'urgence.
Quelques minutes plus tard, Pauline, avocate, fait face à moins de souplesse. "Je travaille, je dois aller plaider", lâche-t-elle.
Contrairement à d'autres passants, elle était bien au courant des restrictions de circulation, mais n'a toujours pas réussi à obtenir son pass malgré une demande "il y a trois semaines".
"Pendant les premières 24 heures, il y aura des contrôles pédagogiques, avec de la souplesse, mais seulement pour les riverains et les travailleurs permanents" de la zone grise, avait pourtant indiqué le préfet de police de Paris Laurent Nuñez la veille.
Mais la consigne n'est ni appliquée de manière uniforme, ni même connue de certains agents.
De l'autre côté de la Seine devant le pont Saint-Michel, le schéma se répète. "Je peux passer ?", demande un passant aux policiers barrant le trottoir et la route. "Sans QR code, c'est pas possible, monsieur".
"Nous, on n'a pas eu l'info des 24 heures, on nous a pas dit qu'on devait laisser passer", explique un policier, scannette de QR code à la main.
Mais face à la foule pressée -et mécontente-, la souplesse s'impose. Une jeune fille s'approche, sans le précieux sésame, obtenu selon M. Nuñez par "près de 300.000 personnes". "J'ai mon contrat d'alternance par contre", explique-t-elle en fouillant dans son téléphone. Les gendarmes la laissent finalement passer.
Les cyclistes et piétons refoulés sont renvoyés vers le pont Notre-Dame, resté ouvert à leur circulation. A condition de ne pas entrer dans une des rues perpendiculaires de l'île de la Cité, quadrillée de grilles, et où un policier est posté à chaque coin de rue.
Cyclistes à la peine
Tant pis pour Thiong Tran, habitante de Seine-Saint-Denis, qui voulait montrer le Marché aux fleurs à sa famille venue depuis la Pologne. "Je ne sais même pas si après on va réussir à attraper notre bateau sur la Seine".
Aux abords de l’Hôtel de Ville, un agent redirige les piétons sans pass vers le même pont Notre-Dame, à 200 mètres. Un détour qui agace une passante de 43 ans. "Je vais arriver au bureau, je serai en nage".
"Je vais essayer de remonter jusqu’au Pont-Neuf pour voir si je peux traverser", confie Anna Marck, qui travaille dans une maison d’édition aux abords du quai Saint-Michel. "Je n’ai jamais réussi à accéder à une carte lisible sur laquelle on puisse zoomer, je ne sais pas si la rue de mon travail est dans la zone concernée ou pas".
Xavier Bosert, 31 ans, doit lui traverser Paris depuis le 15e arrondissement pour se rendre jusqu'à Pantin en pédalant, et s'agace: "Ils auraient quand même pu organiser mieux la circulation pour les JO".
"Évidemment, il reste des personnes à informer (...) mais on présente ces nouvelles règles depuis de nombreux mois", a rappelé sur France Inter Laurent Nuñez.
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