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Assemblée : Braun-Pivet l'emporte, sans être prophétesse en macronie

Une réélection de Mme Braun-Pivet ? "Ça n'existera pas", pensait un député Renaissance; "je doute qu'elle y arrive", estimait un cadre du RN. Ces dernières semaines, peu de gens voyaient la première femme présidente de l'Assemblée nationale se succéder à elle-même.

Sourde aux mauvais augures, la députée des Yvelines, âgée de 53 ans, a inlassablement défendu sa candidature : "je fais partie de ceux qui réussissent à faire fonctionner une Assemblée compliquée".

Un argument qui semble avoir fait effet dans son groupe (Ensemble pour la République, ex-Renaissance), personne ne lui contestant le rôle de candidate. Sa position institutionnelle d'accorder des postes-clés à tous, RN et LFI compris, a toutefois été mise en minorité, et son profil ne fait pas l'unanimité.

Elle "a fait honneur à la fonction de présidente", affirme la députée Violette Spillebout, quand une conseillère Renaissance regrette une victoire qui "n'envoie pas le message d'un changement".

"Ce n'était pas idiot d'avoir quelqu'un d'autre, mais ce n'est pas une candidature qu'on sort du chapeau en 24 heures", philosophe une ministre.

Une décision fortuite pour la macronie, qui malgré la perte de nombreux députés survit à la dissolution avec le perchoir en poche, et a posé les jalons d'une éventuelle coalition avec la droite, Yaël Braun-Pivet ayant été élue par 220 voix, après un accord avec le camp Wauquiez.
"Différenciation"
Le quatrième personnage de l'Etat peut-il encore voir plus loin, dans une post-macronie en quête de successeur pour la présidentielle de 2027 ? Son nom circule même si l'intéressée rejette régulièrement cette hypothèse.

"Ce n'est pas quelqu'un qui peut ramener un vote de gauche ou de droite dure en cas d'élection présidentielle. Le seul qui a fait le barrage républicain et qui peut estimer avoir un électorat de gauche qui voterait pour lui au second tour c'est Gabriel Attal", estime un membre de Renaissance, favorable au Premier ministre désormais chef de groupe à l'Assemblée.

"Elle est dans une stratégie de différenciation qui va se dérouler jusqu'à ce qu'on ait trouvé un mode de régulation des candidatures", estime un autre député macroniste.

Une différenciation qu'elle porte, jusqu'à un certain point, comme un badge d'honneur, mettant parfois en avant son indépendance vis-à-vis de l'Elysée, elle qui n'était pas la candidate d’Emmanuel Macron pour le perchoir en 2022.

La relation entre les deux responsables ne s'est pas améliorée avec la dissolution, décidée contre l'avis de Yaël Braun-Pivet, qui avait sollicité un entretien privé avec le chef de l’État pour tenter de le convaincre de donner une chance à une coalition à l'Assemblée.
Novice en 2017
Encore novice en politique Yaël Braun-Pivet se laisse tenter par l'aventure Emmanuel Macron en 2017, adhérant à En Marche après avoir "toujours voté PS".

Descendante de "l'immigration slave, juive polonaise et juive allemande, avec des grands-parents entrés en France avec des visas touristes" dans les années 1930, sa famille doit selon ses mots, "tout à la République". Elle porte régulièrement plainte pour les menaces de mort antisémites dont elle fait l'objet.

Native de Nancy et "première parmi les siens à accomplir des études supérieures", elle avait mis sa vocation entre parenthèses pour suivre son mari, cadre chez L'Oréal, sept ans à Taïwan et au Japon, et élever leurs cinq enfants.

Entrant à l'Assemblée, l'ancienne avocate pénaliste préside rapidement la prestigieuse commission des Lois, mais rencontre un vrai vent de face lorsque la commission d'enquête sur l'ex-collaborateur du président Alexandre Benalla, dont elle est co-rapporteure, explose après le retrait de l'opposition, plusieurs députés l'accusant de "protéger" l'Élysée.

Elle obtient le perchoir dès 2022, consacrant une bonne partie de sa présidence à ouvrir l'Assemblée au public, et multipliant les déplacements diplomatiques, quitte à susciter de vives critiques à gauche pour son soutien jugé trop appuyé au gouvernement de Benjamin Netanyahu après le 7-octobre.

Au perchoir elle part souvent à l'affrontement avec la gauche, notamment LFI, qui l'accuse d'avoir empêché un vote dans l'hémicycle pour abroger la réforme des retraites, ou de recourir trop facilement aux sanctions.

Elle fait également du renouvellement démocratique et de l'instauration d'une dose de proportionnelle aux législatives un bâton de pèlerin, temporairement laissé de côté avec la dissolution, et qu'elle pourrait reprendre.

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