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Pourquoi l'utilisation de casques de réalité virtuelle est tout sauf un gadget à l'hôpital de Brive

Pourquoi l'utilisation de casques de réalité virtuelle est tout sauf un gadget à l'hôpital de Brive

La peur du bistouri n’est pas une fatalité. Au sein des pôles chirurgie de l’hôpital de Brive et de la clinique Saint-Germain (Corrèze), on fait même tout pour la réduire au maximum, notamment grâce à l’utilisation de casques de réalité virtuelle. Avec, en prime, de vrais bénéfices pour la santé.

Elle appréhendait de retourner au bloc, « un peu paniquée à l’idée d’entendre les bruits des machines ». Mais de son opération à une cheville pour retirer des vis posées à la suite d’une fracture de la malléole, Sophie n’a le souvenir que d’une voix apaisante la guidant dans un paysage de montagnes et de cascades.

« J’étais dans ma bulle »

Équipée d’un des casques de réalité virtuelle dont le centre hospitalier de Brive a fait l’acquisition en 2023, cette habitante d’Espartignac, en Corrèze, n’a rien vu ni entendu de son intervention sous anesthésie loco-régionale.

« Ça m’a super bien calmée. J’étais dans ma bulle et c’est ce que je voulais. Franchement, c’est génial », explique la quinquagénaire, encore bluffée par l’expérience immersive qu’elle a vécue.

Toute une démarche pour réduire l'anxiété des patients

Si elle a pu bénéficier de cette technologie, c’est parce que l’hôpital a décidé, il y a un an, de prendre à bras-le-corps la question de la peur du bistouri. « Cette anxiété péri-opératoire, on la prenait déjà en compte, mais pas de manière coordonnée et structurée comme on le fait dorénavant », souligne Sandrine Dalès, la cadre supérieure de santé des pôles chirurgie de l’hôpital et de la clinique Saint-Germain.

Au cours des derniers mois, toute une démarche a été mise en place pour dépister, évaluer et réduire l’angoisse des patients via différentes actions et outils. Tout le monde est impliqué, des médecins jusqu’aux brancardiers. L’hôpital de Brive fait même partie des établissements moteurs en la matière.

« Un vrai dispositif de soins »

Dans ce dispositif, le casque de réalité virtuelle est tout sauf un gadget. Concrètement, ces casques peuvent servir avant, pendant ou même après un large éventail d’opérations, du canal carpien à la coloscopie jusqu’à la pose de dispositifs veineux. « Ça peut être, aussi, en amont d’une anesthésie générale parce que quand des personnes arrivent stressées au bloc, on a besoin de plus de produits d’anesthésie pour les endormir. En fait, on s’adapte en continu », précise la Dr Pauline Segouffin, l’une des anesthésistes de l’hôpital.

« C’est un vrai dispositif de soins qui a été développé spécifiquement pour le monde médical. On le garde plutôt pour les patients les plus anxieux et il donne de très bons résultats. J’ai en tête l’exemple d’une dame qui était prête à faire demi-tour, tellement elle avait peur. Grâce au casque, elle a pu se calmer et se faire opérer comme prévu »

Ces casques ont également démontré leur intérêt pour certains soins post-opératoires. « C’est par exemple le cas après des amputations, illustre Sandrine Dalès. Les premiers pansements ne sont jamais simples et le casque peut aider le patient à se détendre. Cela permet aussi aux soignants d’intervenir plus vite et avec plus de précision. »

Moins d’antalgiques et moins de complications

Et si ça marche aussi bien, c’est un peu à l’appareil et beaucoup à eux que les patients le doivent. « Comme pour l’hypnose, on utilise le fait que le cerveau ne peut pas faire plusieurs choses en même temps. Donc, quand il est focalisé sur quelque chose, le reste, il s’en fiche. Nous, tout ce qu’on fait, c’est mettre le patient dans une situation agréable pour qu’il fasse abstraction de ce qui se passe autour », détaille le Dr Romain Nieuviarts, lui aussi anesthésiste.

Mais cette réduction de l’anxiété dépasse le seul confort des patients. Les bénéfices sur la santé sont également démontrés. La Dr Célia Bounif, spécialisée en chirurgie digestive et viscérale, en a même fait son sujet de thèse en 2020.

« Ça a, en particulier, des effets très clairs sur la diminution des risques post-opératoires tels que l’hypertension artérielle ou la tachycardie. Et comme l’anxiété et la douleur sont très liées, ça permet aussi de diminuer la consommation d’antalgiques, par exemple. »

« Comme on monitore les patients en continu, on voit clairement la différence. Quand ils sont calmes, on voit leur fréquence cardiaque qui ralentit et leur tension qui baisse, prolonge Pauline Segouffin. Après l’opération, ça influe aussi sur la manière dont ils récupèrent. Comme ils se mobilisent moins, leur guérison est plus rapide et ils peuvent rentrer plus vite chez eux. »

Au prix d’une journée d’hospitalisation, il n’y a pas que les patients qui y gagnent, le système de santé aussi.

Michaël Nicolas

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