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Pourquoi des étudiantes sont-elles venues des Pays-Bas au chevet du temple de Thiers ?

Pourquoi des étudiantes sont-elles venues des Pays-Bas au chevet du temple de Thiers ?

L’entretien du patrimoine religieux est une vraie problématique. Cette semaine, huit femmes sont venues des Pays-Bas à Thiers. Au programme : le chantier, et bien plus.

Casquettes posées sur leurs cheveux longs, t-shirts tachés de peinture, sept jeunes néerlandaises et leur encadrante ont manié rouleaux, pinceaux et ponceuses tous les matins de cette semaine. Elles ont donné un coup de fraîcheur au temple protestant de Thiers, situé place Duchasseint. La porte d’entrée en bois est désormais vernie et le plafond de la grande salle à l’étage est peint en blanc.

C’est la seule église en Europe qui a bénéficié cette année de la venue de jeunes dans le cadre du programme "Voyage d’expérience", organisé entre les membres de l’Unepref (*). Une des missions d’Harriette Smit est de créer des liens entre la France et les Pays-Bas à travers la jeunesse. Elle connaissait le pasteur de Thiers, Denis Schneller. Après plusieurs années de report à cause du Covid ou du manque de volontaires, cette fois-ci, ce sont sept femmes de 17 à 22 ans qui se sont inscrites et ont rendu possible ce chantier.

Elles ne se connaissaient pas, elles sont toutes étudiantes et ont choisi, sur leurs vacances, d’offrir ce temps-là à cette église, avec la volonté de servir les autres

expose Harriette Smit.

Manque de moyens

Avant de partir, deux d’entre elles ont écrit un mot dans la lettre de leur église, ce qui a permis de récolter "un grand don" auprès des fidèles néerlandais. Autant d’aides particulièrement précieuses pour un temple assez démuni. C’est l’église réformée de Thiers-Les Sarraix qui est propriétaire et doit entretenir ce bâtiment inauguré en 1854. "On n’a aucune aide de l’État", souligne Denis Schneller, très ému par ce soutien.

 

"On a du mal à boucler au niveau financier. Si je suis à mi-temps, ce n’est pas pour le plaisir, c’est qu’il n’y a pas de moyens." Il veut se "battre pour cette église" mais se sent abandonné par les protestants de Thiers qui préfèrent suivre leur culte à Clermont-Ferrand, laissant une poignée de croyants gérer et entretenir ce temple. "Le jour où la toiture ne sera plus bonne, comment fera-t-on ? Alors voir des inconnus nous aider…" Cela lui fait monter les larmes aux yeux.

Le temple n’a même pas pu payer les repas de ses hôtes : c’est "humiliant" concède le pasteur. Pour autant, c’est bien lui qui a cuisiné, pour faire découvrir la gastronomie et partager cette façon si française de passer du temps à table. "Aux Pays-Bas, un repas c’est 30 minutes, maximum une heure ! Cela amène les jeunes à réfléchir à leur culture, ça élargit leur horizon", remarque Harriette. Car comme elle dit, "le travail, ce n’est pas le but principal, c’est un moyen de s’intégrer".

"Si on ne reste qu’entre nous, c’est moche"

Si le matin a été consacré aux travaux, l’après-midi a été dédié au tourisme. Visites de Thiers, Clermont, Vichy, montage d’un couteau et montée au puy de Dôme faisaient partie du programme. Le mercredi après-midi, les Néerlandaises ont aussi animé des jeux ouverts au public à l’Orangerie, pour le centre social intercommunal. "Je voulais qu’elles ne soient pas qu’au temple, mais aussi dans la ville. Si on ne reste qu’entre nous, c’est moche", poursuit le pasteur. 

Cette ouverture faisait bien partie des objectifs du départ.

J’ai choisi de venir pour plusieurs raisons, témoigne Hanna, 22 ans. Pour rencontrer d’autres chrétiens, améliorer mon français, partir en vacances en France en été, profiter de la nourriture et passer du bon temps !

Mirthe, 21 ans, voulait "être utile, aider les gens et comprendre comment les chrétiens vivent en France". Elle a été très étonnée de voir si peu de monde au culte du dimanche matin !

Au milieu de toutes ces femmes des Pays-Bas, il y avait aussi un Français : Jérémie, 30 ans, de Pontarlier. Il n’avait qu’un an quand il a participé à un camp de ce type et voulait y retourner. Maintenant qu’il est électricien, il a vu dans cette mission à Thiers une occasion. Il est venu sur ses vacances pour faire un peu d’électricité, mais aussi de la peinture. "Je réponds aux besoins."

Dans un méli-mélo de langues, Français et Néerlandaises se sont compris et ont fini le chantier. Avec un credo : "Tu donnes et tu reçois."

(*) Union nationale des Églises protestantes réformées évangéliques de France.

Alice Chevrier

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