Retour sur notre cycle de ski de randonnée alpine (et technique)
Je suis montée au lac blanc le week-end dernier. Une classique du massif des Aiguilles Rouges. C'était en toute fin d'après-midi et même si le temps était radieux, il y avait plus de bouquetins que de randonneurs sur ce chemin très parcouru en pleine journée. Un contexte rêvé pour profiter de la balade et du cadre. Il y a quand même eu ce couple croisé au retour, lui avec ses skis et chaussures sur le dos, qui avait prévu de se faire les deux petits cols au-dessus du lac le lendemain. Skier en dessous de 3000m d'altitude en juillet, ça n'arrive pas tous les ans ! Face au massif du Mont Blanc, j'ai pu me refaire le parcours de la dernière sortie de notre cycle, du glacier d'Argentière au glacier du Tour, et rêver de la suite en observant tous ces sommets mythiques alentour...
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Tout commence fin octobre. Aux manettes, FrançoisG et SouleymaneD se lancent dans un cycle "Perfectionnement et Techniques alpines" et convient à leur plus grande joie ThibaudW, ChristelleH, AlexandreB, LenaD, LudovicG et moi, youpiii !
La première journée se déroule en Belledonne sur décembre : la cime de la Jasse, au départ de Prabert. La fameuse "journée test" pour vérifier que le niveau est là et que tout le monde est en ligne sur les objectifs du cycle. Les conditions ne sont pas optimales pour cette première sortie, le risque annoncé par le BERA est marqué. Un peu d'appréhension au début de la sortie comme le révélera le débrief de fin de journée, mais qui se dissipe sur le terrain au vu de la neige et de la topographie des lieux. On rallie le sommet sous le soleil. On déchausse pour faire les derniers mètres et on se réjouit de cette mise en bouche. On clôture la sortie par une petite recherche DVA, recherche et dégagement de deux cibles enterrées. Scores honorables, surtout pour Christelle qui nous bat à plat de couture avec un temps inférieur à 5 minutes ! La journée se termine sur un pot, c'est l'occasion de partager un pépite/rateau et de trinquer à l'anniversaire de Christelle ;) Tout le monde a envie de s'investir dans la préparation des sorties, en amont et sur le terrain. On a hâte de la suite !!
La vue de la cime de la Jasse
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Le premier week-end du cycle a lieu en Maurienne. Ça y est, on entre dans le vif du sujet.
Le camp de base est à Albane. On arrive dès le vendredi soir pour avoir un peu de temps ensemble avant de chausser les skis et aussi gagner 2h de sommeil le lendemain matin... Chacun s'est vu attribuer des missions pour le week-end, aussi bien sur la préparation des sorties, des récap' théoriques que des repas ;) Christelle nous régale avec un poulet au curry qu'elle a préparé (avec amour, ça se sent !) sur Lyon dans l'après-midi. Le week-end est un véritable hold-up. On découvre sur le terrain des conditions excellentes qui nous permettent de faire un couloir N et un sommet chaque jour. On commence le samedi par un des couloirs N de l'éperon rocheux de la Paroi du Midi. En bas du couloir, et au vu de la neige assez poudreuse, on comprend que la remontée va être très laborieuse et on décide de faire le tour par le col au-dessus de la Paroi du Midi (point 2520). Après avoir remonté l'arête NE, on profite de la descente sur le bras le plus large à droite de l'aiguillette. Après une rapide concertation, on décide d'enchaîner sur la pointe d'Emy avant le déjeuner, sans difficultés si ce n'est que certains commencent à avoir vraiment trèèès faim !!
Le couloir N à droite de l'aiguillette
La fine équipe au complet en haut de la Pointe d'Emy
Le gribouillon de Thibaud pour la sortie du samedi
Le soir, on prend un apéro chaleureux au coin du feu et on joue au Paulo Grobel pour la préparation de la sortie du lendemain. Il y a beaucoup de questionnements au sein du groupe pour la sortie du lendemain, la Grande Chible. C'est le tout début de saison pour la plupart et on craint une neige dure en haut sur cette course 3.3 dont l'exposition est cotée E2. François l'a déjà faite et nous ôte finalement de tout doute. On part donc le lendemain à l'assaut du sommet du week-end qui culmine à 2900 et quelques mètres que l'on a pu observer la veille de la Pointe d'Emy voisine. Une fois la partie station derrière nous, comme la veille, on ne croise plus grand monde et on profite tranquillement des grands espaces qui s'offrent à nous. Arrivés au col au-dessus de la Paroi du Midi, le temps se couvre légèrement, mais on continue. On traverse le pas de Perpuité puis on met le cap plein Ouest avant de remonter la face Sud. Le terrain devient un peu hostile, on observe en de nombreux endroits une reptation du manteau neigeux... (aïe, c'est dangereux ou pas ?!) Le terrain a l'air stable mais on se demande en pratique si on va réussir à cheminer jusqu'au sommet à distance de ces trous ! On finit par déchausser pour finir l'ascension en crampons, de toute façon, il le fallait, ça devient bien raide ! L'arrivée est un peu aérienne. On profite de l'ambiance et de la vue à 360°. On croise deux skieurs qui viennent de la rampe NE. On redescend la face sommitale avec précaution puis on profite pleinement de la neige qui est très agréable à skier. Sur la redescente, on cherche un peu le couloir N au point 2720 mais l'entrée n'est pas évidente et on manque un peu d'info. On décide finalement de faire un autre couloir plus simple d'approche et que l'on a pu voir clairement du bas derrière la Paroi du Midi après un rapide déjeuner au col. Le temps continue de se couvrir et on commence à manquer de visibilité. Finalement une trouée inespérée nous confirme que l'on est bien à l'entrée du couloir, c'est parti pour une des meilleures descentes de l'année !...
Vers le sommet de la Grande Chible, que c'est beau !
Attention au trou !
Notre maître jedi au sommet de la Grande Chible
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Pour notre deuxième week-end, on retourne en Belledonne. Hébergement tout confort à la classique auberge du Glandon le samedi soir. Il fait très chaud pour un début de mois de février ! L'objectif de la première journée est d'aller à la Pointe de l'Aup du Pont par le versant sud. On remonte la combe des Roches avant de bifurquer vers le nord après l'Orselle. Il y a une énorme coulée dans la combe qui mène au Puy Gris qui dégueule jusqu'à la bifurcation. La selle du Puy Gris, ça ne sera finalement pas pour demain... On poursuit sous un soleil de plomb jusqu'au sommet. On ne traîne pas mais la neige est déjà bien transformée, il est temps d'arriver ! A la redescente, on varie les plaisirs et on prend un couloir de l'autre côté de l'éperon rocheux sous le sommet, c'est facile et bien agréable :)
La redescente à l'ouest de l'éperon rocheux sous la Pointe de l'Aup du Pont
On profite des derniers rayons du soleil avec une bière devant l'auberge avant de potasser les topos pour le lendemain. On change un peu de secteur et notre choix se porte sur les Rochers de Vallorin. On étudie plusieurs possibilités avec différents niveaux de difficultés. On opte sur place pour une brèche relativement facile avec un accès final un peu raide qui nous permet de pratiquer la pose d'une main courante (enfin une corde, on y est !!).
La pose d'une main courante à la brèche de Vallorin
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Pour ce dernier week-end ensemble de la saison, François et Souleymane proposent d'aller sur la première étape de la légendaire Haute Route des Alpes reliant Chamonix à Zermatt, pour finir en toute beauté, et on est tous très excités à l'idée de ce bouquet final ! On n'est d'ailleurs pas les seuls du CAF LV à avoir cette idée, puisqu'on croise DidierL et Jean-LucB !
Le plan A est de faire le col du Tour noir dans l'après-midi après la montée au refuge d'Argentière du village du Tour mais le départ est tardif et il fait déjà chaud. Au col des Rachasses, on se fait une petite frayeur car l'un de nous dévisse au-dessus des pentes rocheuses mais tout se termine sans encombre. On enterre le Tour noir et on profite d'un déjeuner ensoleillé aux Grands Montets, pendant que Souleymane met en pratique sa technique de virages sautés éprouvée sur une planche de bois dans son jardin (tu as vraiment bien Bruchez ;)). Au passage, on observe le terrain pour notre étape du lendemain au col du Chardonnet. La descente sur le glacier d'Argentière puis la remontée au refuge de l'Argentière nous mettent dans l'ambiance, cette sortie est bien différente des précédentes, on évolue en terrain glaciaire avec toutes les fascinations et dangers qui vont avec, entourés par ces grands sommets qu'on voit souvent de loin qui sont là juste à côté.
Col du Chardonnet, des Grands Montets
Le lendemain, on part aux aurores pour boucler notre itinérance jusqu'au refuge Albert 1er par les 3 cols : col du Chardonnet, Fenêtre de Saleina, col supérieur du Tour. La montée à la fraîche au premier col est agréable, on monte rive droite du glacier avant de revenir vers le centre sur le dernier bras glaciaire sous le col, on avance d'un bon pas et on rattrape le groupe de Jean-Luc (ce groupe dépote ;)). La montée au col se termine par un petit passage rocheux. Là, un pied en Suisse, un pied en France, on profite d'une magnifique vue sur la Verte avant de descendre en rappel sur le glacier de Saleina.
Rappel au col du Chardonnet
La majestueuse Aiguille Verte
La pente qui suit le rappel fait rêver Christelle mais on se résout à jouer la sécurité et on désescalade tranquillement jusqu'en bas du raidillon. Le soleil cogne bien et on traverse le glacier rive gauche jusqu'à la fenêtre. Derrière la fenêtre, le glacier est tout plat et on arrive très vite au troisième col. La neige est vraiment bonne et ça donne envie d'ajouter un petit collet main gauche au voyage. On file finalement au refuge sans détour en prenant le temps de bien observer l'enneigement de l'Aiguille du Tour pour le lendemain. Le refuge est moderne et il y a foule. On dévore nos assiettes et on jouit d'un magnifique coucher de soleil sur les impressionnantes crevasses du glacier du Tour. On visualise la vallée de Chamonix juste en bas, en creux en observant la limite d'enneigement sur le versant des Aiguilles Rouges opposé. La ville est proche mais ce soir on profite là-haut d'une autre temporalité.
Glacier du Tour
Le plan A pour le dimanche est de faire l'Aiguille du Tour en repassant en AR par le col supérieur du Tour. Le gardien du refuge nous suggère d'emprunter plutôt le col du Midi des Grands au nord pour attaquer l'Aiguille du Tour, ce qui ouvre aussi l'alternative intéressante de faire le tour horaire de l'Aiguille sans aller au sommet, qui plaît bien aux skieurs du groupe en quête de neige plutôt que de rochers... Le lendemain, comme la veille, on est à 6h30 sur les skis, acclimatés à la haute montagne et l'effort des deux jours précédents et bien motivés pour cette dernière journée. La montée se déroule sans difficulté aux côtés d'un autre groupe de randonneurs qui se dirige vers le même col que nous. Quelle n'est pas notre surprise arrivés aux pieds du col ! Il n'est même pas 8h mais on comprend vite que l'objectif s'éloigne... Le col est tout sec et vu le tas de cailloux instable, il va falloir passer un à un pour éviter de faire tomber une pierre sur les copains. Souleymane part en reconnaissance avec le talky. La décision est finalement prise de ne pas tenter cette aventure et de prendre le temps de la descente sur le glacier. On prend plaisir à descendre malgré la neige encore bien dure jusqu'en contrebas du refuge puis la neige transformée prend le relais immédiatement et on descend tant bien que mal sur la rive droite avant de retrouver le chemin d'été.
Col du Midi des Grands
Transition printanière sur la descente au Tour
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Un grand merci à toute l'équipe qui a fait de ce cycle une super aventure et en particulier à vous, François et Souleymane, pour ces beaux moments de partage !!! :-)