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Protéine durable et abondante: prêts à manger du serpent ?

Protéine durable et abondante: prêts à manger du serpent ?

"C'est un véritable gâchis", se lamente auprès de l'AFP Emilio Malucchi.

"Moi, je mange de la chair de python parce que je sais comment je les ai élevés (...) Nous devons éduquer les gens sur les possibilités qu'elle offre", insiste-t-il.

Les près de 9.000 serpents de la ferme d'Emilio Malucchi, dans la province d'Uttaradit (nord), sont destinés à l'industrie du luxe, qui apprécie leur peau robuste et graphique pour la fabrication de ceinturons, de sacs ou de chaussures.

La chair termine à la poubelle, ou des fermes piscicoles l'achètent pour une misère.

Dans un contexte de hausse de la demande mondiale de viande, les reptiles représentent une option jusqu'ici négligée, estiment des scientifiques, d'autant que la lutte contre le changement climatique pousse à reconsidérer les habitudes de consommation et de production alimentaire.

"Le python d'élevage pourrait constituer une réponse souple et efficace à l'insécurité alimentaire mondiale", a conclu une étude publiée en mars dans la revue Nature portant sur 5.000 pythons réticulés et pythons birmans de deux fermes en Thaïlande et au Vietnam.

"Ils peuvent survivre pendant des mois sans nourriture ni eau, sans perdre la moindre condition physique", et se reproduire rapidement, précise l'herpétologue Patrick Aust, l'un des auteurs du papier.

Marché restreint

Consommé depuis longtemps à petite échelle dans toute l'Asie du Sud-Est, le python n'a pas encore trouvé de débouchés internationaux malgré une texture proche du poulet, et une faible teneur en matières grasses saturées.

La viande de ruminant, principalement le bœuf, a été "constamment identifiée comme l'aliment ayant le plus grand impact sur l'environnement", selon le GIEC, un groupe d'experts de l'ONU sur le climat.

Cet impact se traduit à la fois par des émissions de gaz à effet de serre et par des changements dans l'utilisation des sols.

Les Nations unies et les défenseurs du climat préconisent une alimentation plus végétale, mais l'OCDE estime que la demande de viande augmentera de 14% d'ici à 2032, sous l'effet de la croissance démographique dans les régions à faible revenu, et de l'élévation du niveau de vie dans les pays d'Asie.

En parallèle, les phénomènes climatiques extrêmes comme les sécheresses rendent l'agriculture traditionnelle de plus en plus difficile dans de nombreuses régions du monde où les populations ne mangent pas assez de protéines.

En 2021, la malnutrition protéino-énergétique a causé près de 190.000 décès dans le monde, selon l'étude Global Burden of Disease.

Ce paradoxe a incité à explorer les alternatives à la viande, qu'il s'agisse d'insectes comestibles ou de viandes cultivées en laboratoire.

"Potentiel énorme"

Mais ces nouvelles nourritures n'en sont qu'à leurs balbutiements et la mise sur le marché de viandes de serpent répond à des normes sanitaires strictes, notamment dans les marchés importants comme les Etats-Unis ou l'Union européenne.

Malgré tous les obstacles, Patrick Aust juge que la viande de serpent garde un "potentiel énorme".

"Vous pouvez la cuire au barbecue ou la faire mijoter dans des currys et des ragoûts. J'aime la faire sauter jusqu'à ce qu'elle soit bien croustillante et la manger avec une sauce au beurre aillé" explique-t-il.

Mais des défenseurs des droits des animaux ont critiqué les conditions d'abattage des serpents.

Au début de l'année, l'ONG PETA a accusé la ferme d'Emilio Malucchi de cruauté après avoir filmé en secret ses pythons tués à coups de marteau avant d'être dépecés.

L'éleveur a placé sur ses murs de grandes affiches expliquant comment tuer un python "sans cruauté" et a déclaré que son métier n'était pas différent des autres types d'élevage.

"Les animaux de ferme sont abattus dans le monde entier", explique-t-il. "Pour les pythons, c'est pareil."

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