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Bangladesh: la justice se prononce sur les quotas d'emplois à l'origine des violences

Bangladesh: la justice se prononce sur les quotas d'emplois à l'origine des violences

Ce qui a commencé comme une protestation contre des quotas de recrutement aux très prisés emplois publics, accusés de favoriser les proches du pouvoir, a conduit cette semaine aux pires violences sous le mandat de la Première ministre Sheikh Hasina, au pouvoir depuis 15 ans.

Des soldats patrouillent dans plusieurs villes du Bangladesh après que la police anti-émeutes n'a pas réussi à rétablir l'ordre, tandis qu'une coupure d'internet à l'échelle nationale limite considérablement depuis jeudi le flux d'informations vers le monde extérieur.

La Cour suprême doit se réunir dimanche pour rendre une décision sur l'abolition ou non de ces quotas, réintroduits le mois dernier et qui réservent notamment 30% des postes aux enfants des anciens combattants de la guerre de libération du Bangladesh contre le Pakistan. Cette catégorie est réputée proche du pouvoir en place.

De nombreuses voix assurent que le programme bénéficie aux enfants issus des cercles soutenant Mme Hasina, 76 ans, qui dirige son pays depuis 2009 et a remporté sa quatrième élection consécutive en janvier après un vote largement joué d'avance

Mais après la répression croissante de ces derniers jours et l'augmentation du nombre de morts, il n'est pas certain qu'une décision favorable apaise la colère de la population.

"Démission du gouvernement"

"Il ne s'agit plus des droits des étudiants", déclare à l'AFP Hasibul Sheikh, 24 ans, propriétaire d'une entreprise, sur les lieux d'une manifestation organisée samedi dans la capitale Dacca malgré le couvre-feu instauré dans tout le pays.

"Notre demande porte sur un seul point, à savoir la démission du gouvernement."

Le gouvernement de Mme Hasina est accusé par les défenseurs des droits humains d'user abusivement des institutions de l'Etat pour asseoir son emprise et éradiquer la dissidence, en particulier par l'assassinat extrajudiciaire d'opposants.

Le Bangladesh n'étant pas en mesure d'offrir des possibilités d'emploi adéquates à ses 170 millions d'habitants, le système de quotas est une source importante de ressentiment parmi les jeunes diplômés confrontés à une grave crise.

Mme Hasina a attisé les tensions ce mois-ci en comparant les manifestants aux Bangladais qui avaient collaboré avec le Pakistan pendant la guerre d'indépendance du pays.

"Plutôt que d'essayer de répondre aux griefs des manifestants, les actions du gouvernement ont aggravé la situation", a relevé auprès de l'AFP Pierre Prakash, directeur du Crisis Group pour l'Asie.

Depuis mardi, au moins 151 personnes, dont plusieurs policiers, ont été tuées dans des affrontements à travers le pays, selon un décompte réalisé par l'AFP à partir de données de sources policières et hospitalières.

La Première ministre bangladaise devait quitter le pays dimanche pour une tournée diplomatique en Espagne et au Brésil, mais elle a renoncé à son projet en raison des violences en cours.

Couvre-feu maintenu

La police a arrêté plusieurs membres du parti nationaliste du Bangladesh (BNP), première formation d'opposition, et de Students Against Discrimination, le principal groupe organisateur des manifestations.

Le ministre bangladais de l'Intérieur, Asaduzzaman Khan, a indiqué à l'AFP que le couvre-feu imposé samedi serait maintenu "jusqu'à ce que la situation s'améliore".

En plus des incendies de bâtiments gouvernementaux et de postes de police par les manifestants, des incendies criminels ont rendu le réseau ferroviaire métropolitain de Dacca inexploitable, a-t-il fait savoir.

"Ils mènent des activités destructrices visant le gouvernement", a affirmé M. Khan, accusant le BNP et le parti islamiste Jamaat d'attiser la violence.

Le département d'Etat américain a déconseillé samedi aux Américains de se rendre au Bangladesh et a annoncé qu'il commencerait à rapatrier certains diplomates et leurs familles.

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