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"On a de la quantité, mais pas de la qualité" : les conséquences des fenaisons retardées dans le Cantal

Les mois de mai et de juin particulièrement pluvieux, ont obligé les agriculteurs cantaliens à retarder leurs fenaisons, qu’ils terminent en ce moment avec un décalage de deux à trois semaines sur la période habituelle. Un retard qui pose le problème de la qualité du foin et pourrait impliquer des coûts supplémentaires pour les agriculteurs cet hiver.

À travers tout le Cantal, les champs se ressemblent ces derniers jours : le foin coupé, étalé sur le sol, sèche sous la chaleur estivale qui a fini par arriver. Des paysages tout à fait habituels, mais pas à cette période-là de l’année. « Normalement, on finit de faire les foins au grand maximum le 10 juillet », pose Géraud Fruquière. Cette année, l’agriculteur de Drugeac avait encore la moitié de ses champs à faucher au milieu de la semaine dernière : « On devrait finir d’ici une dizaine de jours, autour du 25 juillet. »

Partout à travers le Cantal, les agriculteurs constatent ce même décalage, de trois semaines environ, par rapport à une année normale, causé par la météo particulièrement pluvieuse et changeante des mois de mai et de juin. « On a attaqué fin mai, début juin, à peu près comme d’habitude, mais il n’a pas fait assez beau ni assez chaud donc on a fait par petit morceau. Parfois, on nous annonçait trois ou quatre jours de beau puis finalement il n’y en avait qu’un ou deux, donc on hésite à couper », constate Frédéric Raynal, éleveur à Cheylade.

Des compléments pour l'hiver

Pour faire du foin, l’herbe coupée doit sécher trois ou quatre jours minimum au soleil. Des conditions qui n’ont pas été réunies souvent lors de ce début d’été obligeant les agriculteurs à repousser leurs coupes, ce qui a des conséquences sur la qualité de l’herbe. « Plus on tarde, plus la qualité du fourrage décroît, explique Christophe Chabalier, conseiller spécialisé en agronomie à la Chambre d’agriculteur du Cantal. Il perd de la valeur nutritionnelle, en protéines. Cette année, on a de la quantité, mais pas de la qualité. » Ce qui tend déjà à rassurer les éleveurs sur un point : « Il y aura du fourrage pour les animaux, se réjouit Géraud Fruquière. On est satisfait qu’ils aient au moins à manger. »

Reste que la plupart des agriculteurs s’apprêtent à devoir donner des compléments dans l’alimentation de leurs animaux cet hiver pour compenser la perte nutritive de ces foins tardifs.

« Il va falloir donner des correcteurs. Si on veut une production stable, on va être obligé de compléter l’alimentation, regrette Frédéric Raynal. Mais, ça coûte de l’argent et ça augmente tout le temps. »

Des coûts qui ont aussi augmenté au moment des premières fenaisons car beaucoup d’agriculteurs se sont tournés vers l’enrubanage, une technique de conservation du fourrage dans des ballots de plastiques qui nécessite un séchage moins important. « On en a fait beaucoup. Les fenêtres étaient très réduites donc on attendait le dernier moment puis on faisait de l’enrubannage », explique Valentin Delbos, président des Jeunes agriculteurs du Cantal. « J’ai fait plus de 500 ballots d’enrubannage. En temps normal, j’en fais 200 de moins, chiffre Frédéric Raynal. C’est plus de frais. Une bobine de 30 ballots, c’est 80 euros. »

Mais, ces coûts supplémentaires permettent de récolter le foin plus tôt, quand ses valeurs nutritives sont encore bonnes. « Bien fait, ça reste de la qualité, estime l’agriculteur de Cheylade. On verra sous la vache cet hiver. » Le risque d’une alimentation de moins bonne qualité : avoir moins de lait et de moins bonne qualité cet hiver.

Frédéric Raynal espère pouvoir compenser la qualité du fourrage grâce à ses terrains en altitude et à la deuxième pousse. « Mais, on prendra ce que la météo veut nous donner. » Les agriculteurs n’ont pas le choix : il faut bien s’adapter aux caprices du ciel.

Mathieu Brosseau

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