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Comment Denis Dailleux, photographe invité de la Biennale photo de Brioude, a réalisé sa série Tante Juliette ?

Comment Denis Dailleux, photographe invité de la Biennale photo de Brioude, a réalisé sa série Tante Juliette ?

Dans le cadre de la première Biennale de photo de Brioude, organisée jusqu’au dimanche 21 juillet, des photographes sont présents pour expliquer leur travail au public. Rencontre avec Denis Dailleux, le photographe invité.

Vendredi 12 juillet, jour de lancement de la Biennale photo de Brioude. Il est un peu plus de 15 heures quand Denis Dailleux, photographe invité et membre de la célèbre agence VU, arrive à la chapelle de la Visitation. Après avoir arpenté la côte qui mène au lieu où sont exposés les clichés de sa série intitulée Tante Juliette, il se présente face à quelques visiteurs. Car, pour tous, regarder une photographie et en connaître l’histoire sont deux choses différentes. Des panneaux explicatifs permettent d’obtenir quelques éléments de contexte, mais cela n’a rien à voir avec les explications de l’artiste.

« Dites-moi ce que vous souhaitez savoir », lance le photographe. Très vite, il répond aux différentes questions. L’essentiel, au départ, est de savoir qui est Juliette. « C’était ma grande tante. Je suis allé la voir régulièrement pour la photographier, de ses 80 à 95 ans. » Cette femme, au caractère bien trempé, Denis Dailleux en avait de vagues souvenirs d’enfance. En 1987, alors que sa carrière de photographe a du mal à décoller, il se rend dans le village de son enfance. « J’ai demandé à ma mère si elle était encore en vie. Elle m’a dit que oui et qu’elle habitait à quelques kilomètres. »

Il décide de partir à sa rencontre. « Quand je me suis présenté, elle m’a répondu qu’elle ne pensait pas me revoir un jour. » Cette femme indépendante, au caractère particulier était marginale. Moquée par beaucoup d’habitants. Entre tante Juliette et Denis Dailleux, une complicité naît. « Je n’ai pas tout de suite sorti mon appareil photo. C’est venu au fil du temps. Les premiers clichés étaient simples. » Après plusieurs rencontres, tante Juliette joue le jeu. « C’était une réelle actrice. » Jouer avec un tournesol, se mettre des plumes sur la tête. Elle a fait beaucoup de choses.

Mais attention, elle avait un réel regard sur ce travail. Quand elle me disait “c’est nul”, elle avait toujours raison et on passait à autre chose.

Entre le mur de la chapelle de la Visitation, cette exposition permet de découvrir les différentes expressions d’une femme dont les traits du visage n’ont pas besoin d’explication. Ce travail, long de 15 années, a permis à Denis Dailleux d’intégrer l’agence VU et d’entamer une carrière à la renommée internationale.

Pour lui, ce travail représente beaucoup. Professionnellement et personnellement. Il a pris fin en 2002. « J’ai arrêté de la photographier quand elle avait 95 ans. Ce n’était plus pareil. Elle est tombée. Elle s’est cassé le col du fémur. Et puis elle est partie en maison de retraite. »

La complicité a duré jusqu’à son décès, à l’âge de 100 ans. Mais, sur les murs de la chapelle de la Visitation, le visage et le caractère de Tante Juliette sont bien présents. Pour le plus grand plaisir des visiteurs.

Nicolas Jacquet

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