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Le 22 juillet 1944, 127 personnes sont raflées à Clermont-Ferrand : parmi elles, une future légende du cyclisme

Le 22 juillet 1944, 127 personnes sont raflées à Clermont-Ferrand : parmi elles, une future légende du cyclisme

Il y a 80 ans, plus d’une centaine de personnes sont arrêtées dans le quartier de La Plaine. Parmi eux, la future légende du cyclisme, Raphaël Géminiani.

« Un matin, j’ai été réveillé, chez moi, par la milice qui effectuait une rafle dans le quartier de La Plaine : elle nous a emmenés, nous étions près de vingt hommes, à l’école Diderot. » Ces mots sont ceux de la légende auvergnate du vélo Raphaël Geminiani, décédé au début du mois, à l’âge de 99 ans. Une histoire dans l’Histoire. Une de celles qui nous rappellent que le 22 juillet 1944, 127 personnes sont raflées par les miliciens de Joseph Darnand et les Groupes mobiles de réserve, dont ce jeune cycliste de 19 ans plein d’avenir.

Représailles??

Est-ce en représailles au sabotage de la voie ferrée à Gerzat quelques jours auparavant?? Très certainement. Le quartier composé d’ouvriers Michelin compte dans ces rangs plusieurs résistants. Les autorités allemandes mènent alors une opération d’ampleur.

Un épisode que Gem’ n’a pas oublié de narrer dans sa biographie (Raphaël Geminiani, mes quatre vérités, en collaboration avec Jean-Paul Vespini) :

« On nous a questionnés puis placés dans des cars et conduits dans un autre établissement, à l’école Amédée-Gasquet. »

« Deuxième interrogatoire. Je me demandais ce qui m’arrivait, se souvient la légende. Puis, en pleine nuit, ils nous ont écroués à la prison de Clermont-Ferrand, rue Halle de Bourgogne, où j’ai laissé ma ceinture et mes empreintes digitales. »

La majorité des personnes arrêtées seront libérées, mais 18 d’entre elles seront déportées. En attendant d’être relâché, le coureur vit un enfer. « J’ai vécu des jours affreux […] alors que je ne songeais qu’à percer dans le monde du vélo, j’étais en cabane. Nous étions plus mal soignés que des bêtes, écrit-il dans sa biographie. 

Une tinette trônait au milieu de la pièce, c’était un immense tonneau qui nous servait de toilettes, ça puait, ça sentait le grésil, on avait la gorge et les yeux qui brûlaient. »

Et en guise de repas, une ration par jour, « le soir, avec une soupe d’eau chaude et une demi-patate dans une gamelle rouillée. »

« Ça vous forge un tempérament »

Malgré cette captivité, la légende peut compter sur le soutien d’autres prisonniers.

« Ils voyaient que j’étais jeune, j’avais une petite réputation de bon sportif, alors ils m’ont pris à la bonne, ça m’a aidé. »

Un épisode douloureux pour le coureur qui a duré une semaine. Il sera libéré le 29 juillet, selon le spécialiste local de cette période Michel Bertrand (la biographie indique par erreur qu’il y est resté un mois). « En sortant, croyez-moi, j’ai respiré à fond. Et je sais, encore aujourd’hui que cette triste expérience m’a marqué et endurci. Ça vous forge un tempérament », avoue le coureur dans son ouvrage. Un tempérament qui lui a notamment permis d’endosser les maillots de leader des trois grands tours. 

Erwan Rousseau

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