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Il propose des habitats insolites avec vue sur le Mézenc

Il propose des habitats insolites avec vue sur le Mézenc

Dormir dans une roulotte aménagée, emprunter les anciennes drailles du Mézenc avec des boucs bâtés ou des ânes est possible depuis l’ancien chalet d’Aiglet.

Partout les foins sont retournés avec quelques jours de retard sur le calendrier habituel. Mille nuances de verts, d’ocres et de jaunes s’étalent généreusement comme dans une toile de Paul Cézanne. La montagne Sainte-Victoire fait place ici au Mézenc qui ferme l’horizon.Depuis la fenêtre de la roulotte, des scènes champêtres s’offriront au regard des premiers résidents. Ils sont attendus d’un jour à l’autre par le propriétaire des lieux, Didier Chaptal, qui a imaginé et conçu lui-même ces habitats insolites, à mi-chemin entre le camping et le gîte. Les premières réservations sont arrivées via la plateforme Booking.com. Ce type d’hébergements existait déjà dans le secteur du Mézenc. Chacun possède sa spécificité selon le projet touristique développé.

Des roulottes et, plus tard, des cabanes

À Aiglet, le décor est planté. Deux roulottes dans un premier temps sont proposées à la location, dont une a fait le voyage depuis la Roumanie. Elles ont été soigneusement restaurées par Didier Chaptal qui a créé sa société baptisée Les Lits de berger dans la commune de Saint-Front. Les roulottes offrent tout le confort nécessaire : couchage, sanitaires, coin cuisine… Et même le chauffage l’hiver. L’aménagement est simple mais soigné. Les touristes peuvent cuisiner, il peut aussi leur être proposé une formule de paniers repas.Les roulottes, aménagées par le propriétaire, sont conçues pour des familles. Le lieu parle à toutes celles et ceux aimant, à la billebaude, flâner dans ces vastes étendues naturelles. Didier Chaptal, qui a longtemps dirigé le Centre d’accueil de Saint-Front et la ferme pédagogique, a quitté ces structures pour bâtir son projet touristique en faisant l’acquisition du Chalet d’Aiglet. Depuis celui-ci, on aperçoit les deux roulottes qui ont été installées à l’abri du vent, dans un bosquet d’arbres. Elles sont entourées de prairies semblant s’étendre à l’infini. Juste devant, un étang a été conservé apportant un peu de fraîcheur et un habitat à la petite faune. Le site est idéalement situé à quelques centaines de mètres d’une activité de chiens de traîneau. Il peut aussi l’hiver servir de point de départ pour des balades en raquettes à neige.Le Chalet d’Aiglet faisait office, on s’en souvient, d’ancien foyer de ski de fond. Il fut la propriété du conseil général, puis de la communauté de communes et constituait une des portes d’entrée de la zone nordique. Extérieurement, il n’a guère changé tel qu’on l’a connu il y a quelques années, avec son bardage bois grisâtre et la vue à couper le souffle qu’il offre depuis le seuil. Il servit aussi dans un passé récent de point de chute à la Fête du vent. Également de centre de loisirs. Didier Chaptal témoigne de l’attachement pour le Chalet d’Aiglet :

Beaucoup l’ayant fréquenté enfant se plaisent à revenir. Deux personnes ont même demandé à fêter ici leurs 30 ans. Elles venaient au centre de loisirs vingt ans plus tôt.

Didier Chaptal a pris possession des lieux il y a trois ans, avec sa compagne Sonia Maurel qui élève des lusitaniens, des chevaux de selle d’origine portugaise. Sonia travaille aussi à l’extérieur comme mandataire judiciaire.Côté tourisme, le Mézenc poursuit sa mue s’affranchissant progressivement de la seule pratique du ski. Didier Chaptal, qui mise sur d’autres activités à commencer par la randonnée, l’a bien compris. Les anciennes drailles, ces chemins d’estive qui irriguent le massif - l’une d’elles passe devant le chalet - sont une vraie opportunité dont veut se saisir le loueur de roulottes et autres gîtes, comme des cabanes aménagées (pour des randonneurs de passage) qui un jour prochain viendront compléter l’offre d’accueil.Didier Chaptal se dit attaché à l’esprit « d’itinérance » et de « transhumance », en proposant « une immersion dans l’univers du pastoralisme » et « une communion avec la nature ». Le maître des lieux explique : « Dans le temps, les bergers se déplaçaient soit en roulotte soit avec une sorte de caisse comme un lit placard. J’ai moi-même récupéré une ancienne cabane-lit de berger qui se trouvait à l’écomusée de Bigorre ». Pour la rando, le site accueille deux ânes et une demi-douzaine de boucs castrés, dressés pour être bâtés et accompagner sur quelques kilomètres les randonneurs. Ils sont plusieurs à développer le concept, dont la casadéenne Elsa Courcelle avec qui Didier Chaptal est en contact.

Viser une clientèle familiale

Le créateur des Lits de berger est encore en pleins travaux. Il a entrepris de bâtir aussi un abri pour ses ânesses, une bourbonnaise et une du Berry, ainsi que pour ses boucs Massif Central. « Mon projet, dit-il, a un peu évolué. Au début, je ciblais l’aventurier, je me suis rendu compte que ce dernier ne recherchait pas ce type de produit. J’ai donc privilégié une clientèle plus familiale ». Le site d’Aiglet est désormais répertorié comme une forme de camping ou d’hôtellerie de plein air avec ses résidences mobiles de loisirs (RML). Pour une première année de fonctionnement, Didier Chaptal conserve des ambitions modestes mais envisage par la suite une plus large diffusion de ses produits touristiques.

 

Philippe Suc

 

Des boucs pour la randonnée

Didier Chaptal est une des chevilles ouvrières de la Foire de la chèvre du Massif Central qui s’est déroulée dimanche 21 juillet à Saint-Front. Il fut longtemps président de l’Association pour le renouveau de la chèvre du Massif central. On parle bien aujourd’hui de foire et non plus de fête (depuis la période Covid) car il est toujours possible d’y acquérier des reproducteurs. « Au début des années 90, il était encore difficile de se procurer des sujets, mais depuis, la race a bien évolué puisqu’elle dispose de plus d’un millier de mères. Nous avons fait un travail de sélection surtout sur la rusticité », confie Didier Chaptal qui à partir du cheptel de la ferme pédagogique a conservé sept menons (des mâles castrés). Comme leur nom l’indique, ces derniers servaient jadis à mener le troupeau. Leur propriétaire précise encore : « Les boucs ont tous leur caractère. Certains sont plus familiers que d’autres. » Les menons peuvent porter une charge ou tirer une charrette. Des démonstrations sont prévues à la foire aux chèvres.

 

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