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"Un communiste à l’Assemblée nationale, ça aurait été une déflagration" : André Chassaigne revient sur sa semaine agitée

Candidat malheureux pour la présidence de l’Assemblée nationale, André Chassaigne, député Nouveau Front populaire de la 5e circonscription du Puy-de-Dôme, révèle les coulisses d’une tractation politique intense et évoque la course à Matignon.

Depuis hier matin votre nom circule pour le poste de Premier ministre. Qu’en est-il??

Ce n’est pas possible. Devenir Premier ministre n’est pas une ambition que j’ai. Et je pense qu’il faut avoir des ambitions en fonction de ses qualités. Et je n’ai pas celles pour devenir Premier ministre. Je n’ai pas été sollicité, et surtout, je n’ai rien demandé.

Concernant votre candidature à la présidence de l’Assemblée nationale, comment cela s’est-il passé??

Cela s’est fait en deux étapes en trois jours seulement. Les quatre présidents de groupes, accompagnés chacun de deux délégués, se sont réunis. Assez facilement, nous nous sommes mis d’accord pour une candidature unique. Puis chaque groupe a proposé un nom.

Finalement vous avez été choisi. Cela vous a surpris??

J’ai toujours eu d’excellente relation avec l’ensemble des députés. Le point de blocage venait de LFI. Ils m’en voulaient beaucoup notamment parce que j’ai souvent pris la parole pour m’opposer aux vociférations dans l’hémicycle. Ils avaient une très très forte réticence à voir mon nom. Les discussions ont duré deux jours, et finalement, la veille du vote, il ne restait plus que moi et Cyrielle Chatelain, l’écologiste en lice. Elle a estimé que j’avais plus de chance de réunir le plus de suffrages, ce qui était le cas.

Matignon en ligne de mire

C’était la seule motivation??

Il y avait aussi beaucoup de non-dits, notamment par rapport au poste de Premier ministre. Notre groupe de la Gauche démocrate et républicaine n’avait pas d’ambition, mais les autres si. Ils savaient qu’en cas d’élection, le groupe représenté ne pourrait pas prétendre à Matignon. Mais cela n’a jamais été dans ma tête à moi.

Lorsque vous avez été désigné, quel a été votre sentiment??

C’était à la fois une lourde responsabilité et aussi de l’appréhension à l’idée d’être élu.

Je savais que je réussirais à diriger l’Assemblée nationale, les débats dans l’hémicycle. Je l’aurais fait de façon habile. Je me sentais tout à fait apte et motivé. C’est le reste que j’appréhendais.

Rester à Paris du lundi au samedi aurait eu un impact sur ma vie personnelle. Être président de l’Assemblée nationale c’est beaucoup de représentations, recevoir, et ce n’est pas ce que j’aime faire. J’étais un peu tiraillé.

Mais cela ne s’est pas réalisé.

Il y a eu des marchandages entre Les Républicains et la majorité présidentielle. Un accord a été scellé entre Yaël Braun-Pivet et Laurent Wauquiez, qui voulait deux postes de vice-président et un de questeur. On est rentré dans un accord politique très fort.

Pas de déception pour le député PCF

C’est une déception??

Cela a été sans impact pour moi. J’ai tout fait pour être élu, mais au fond de moi, je savais que ça n’allait pas fonctionner.

Je n’y ai jamais vraiment trop cru. L’enjeu était énorme. Un communiste à l’Assemblée nationale, ça aurait été une déflagration.

Votre camp l’a été??

Du côté des politiques, il n’y en a pas vraiment eu. Les plus déçus, ce sont les membres du personnel de l’Assemblée. Huissiers, administrateurs, chauffeurs, femmes de ménage… Ils attendaient mon élection. À l’intérieur du Palais Bourbon il y avait un espoir que je gère les choses de façon plus humaine.

Propos recueillis par Sarah Douvizy

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