Fontainebleau, cité des rois et des loisirs aux multiples charmes
On a vu fleurir, ces dernières semaines, sur les réseaux sociaux, plusieurs vidéos montrant des plages françaises presque désertes. En plein mois de juillet, cela peut surprendre. L’inflation aurait-elle dissuadé certaines familles de rejoindre les côtes cette année ? Quoi qu’il en soit, le farniente au bord de la mer garde, c’est sûr, une belle base de fans. Mais le tourisme dans les terres, souvent moins onéreux, est aujourd’hui davantage considéré.
À moins d’une heure de Paris, Fontainebleau et ses alentours constituent une destination prisée. Pour les étrangers, avec des séjours plus ou moins longs, mais aussi pour les touristes français. Au-delà de la visite incontournable du château, la diversité des activités proposées dans le secteur s’avère déterminante. En matière de culture, de sport ou de gastronomie, l’offre est à ce point complète qu’elle peut satisfaire de nombreux touristes.
Le charme de BarbizonUne escapade par Barbizon, d’abord, s’impose, pour ceux qui apprécient la peinture impressionniste, qui a fait la notoriété de la commune, mais aussi le charme des petits villages.
Dans la cité de Barbizon.Dans la rue principale, les galeries d’art sont nombreuses. Deux Hollandais, un homme et sa fille, ont choisi de s’arrêter dans un café en ce début de matinée. Ils ne tarissent pas d’éloges sur la région, qu’ils ont choisie pour des questions d’organisation et de logement. "Nous venons d’Amsterdam et cherchions une grande maison à louer, pour dix personnes. Nous avions en tête Fontainebleau, qui est connue dans le monde entier. On a trouvé notre bonheur en lançant des recherches sur internet, un peu par accident. Nous sommes installés à Saint-Martin-en-Bière, non loin, et nous y restons six jours." Dirk et Fénna reconnaissent qu’ils n’apprécient pas particulièrement la mer. "L’atmosphère, ici, est magnifique", savourent-ils, définitivement conquis par les petits commerces de qualité de Barbizon.
Ces plaisirs simples que le père et sa fille s’autorisent précèdent des visites culturelles, "dans un musée et dans un jardin remarquable". Le duo fait honneur à la réputation néerlandaise en circulant à vélo. Il pratique ainsi un tourisme tout en douceur, sans stress.
C’est aussi dans cet état d’esprit qu’Anne et Roger, qui habitent Blois, déambulent dans les artères de la cité. "La plage ? Non, il y a souvent trop de monde, lâchent-ils. Nous avons loué un logement Airbnb pour quatre jours. Nous sommes là pour la peinture, mais pas uniquement. Nous sommes particulièrement attirés par les paysages qu'offrent les randonnées, notamment en nocturne, mais aussi par la forêt aussi."
C’est dans la forêt, d’ailleurs, que la plupart des touristes vont chercher de la fraîcheur. Après une quinzaine de minutes de marche, grâce aux indications d’autochtones, on peut par exemple découvrir les Sables du cul du chien, un site très prisé par les promeneurs. Il y a 30 millions d’années, un océan d’eau chaude recouvrait le massif des Trois Pignons. Au fond, du quartz s’est déposé puis s’est désagrégé, donnant la belle étendue de sable encore présente aujourd’hui.
Les Sables du cul du chien, avec ce rocher qui fait penser à une tête canine.Les cavaliers apprécient les balades dans cette grande forêt de plus de 20.000 hectares. Et c’est aussi l’un des attraits majeurs de Fontainebleau. Samuel habite à Pithiviers. Il est venu spécialement pour une jolie sortie de deux heures au pas et au trop. Il monte un Henson, une race créée en France dans les années 70. Alice Bertinchamps, qui gère le haras des Brulys, à Saint-Martin-en-Bière, en possède huit.Samuel, de Pithiviers, est venu spécialement pour une jolie sortie de deux heures au pas et au trop.Toute l’année, elle accueille des amateurs d’équitation, parfois des familles entières. Côté touristes étrangers, elle encadre surtout des Américains et des Asiatiques. "Pour eux, il y a vraiment un côté glamour à monter à cheval. Entre deux visites culturelles, ils s’offrent ce petit plaisir. Ils aiment les chevaux, et la connexion avec la forêt", précise-t-elle.
À deux pas de là, une multitude de rochers permet aux amoureux de l’escalade de s’exercer. "Franchard Isatis, c’est l’un des meilleurs sites au monde, vraiment idéal pour les enfants", estime Julian, un Allemand venu avec son épouse Christina et leur fils de 2 ans, Léon. De retour de l’Espagne, la petite famille s’autorise une halte pour la varappe. C’est déjà la quatrième fois qu’elle séjourne à Fontainebleau. Loin des côtes, l’enfant blondinet a encore en main sa petite pelle pour les châteaux de sable. Il encourage son père, lequel multiplie les courtes ascensions pour s’échauffer. La maman, qui attend un heureux événement, se réjouit devant cette jolie scène.
Dans la forêt, on croise aussi cet homme de 80 ans se promenant avec ses petits-enfants. Depuis ses 22 ans, il fréquente ces lieux, notamment pour l’escalade. "J’ai grimpé jusqu’à mes 75 ans, mais depuis une opération chirurgicale, je m’abstiens", avoue-t-il, ravi néanmoins d’avoir transmis la passion de la varappe à sa descendance.
Après le sport en pleine nature, l’heure est à la détente et au réconfort.
Le patron des cuisines du Sommelier du Château, en pleine préparation d'asperges.À Fontainebleau et dans les entourages, de nombreux restaurants soignent leur clientèle. Ils proposent de la gastronomie française et locale faisant honneur à la réputation de notre pays, mais aussi des plats inspirés d’autres cuisines. En centre-ville, Le Sommelier du Château propose ainsi sa carte du monde.
Douce ambiance au restaurant Le Sommelier du Château, avec ici l'un des plats proposés. Direction le château maintenant. Passage obligé dans ce lieu chargé d’histoire puisqu’il fut fréquenté par tous les souverains de France. Avant de découvrir les moments les plus importants qui ont marqué ce lieu, les visiteurs s’extasient devant la beauté et la majesté de l’édifice.
Construit à la demande de Louis XIII entre 1632 et 1634, l’escalier en fer à cheval, notamment, affiche ses formes atypiques. Construit à la demande de Louis XIII entre 1632 et 1634, l’escalier en fer à cheval, notamment, affiche ses formes atypiques. Les selfies s’enchaînent. Un couple venu du Québec est en vacances en France. Il a prévu une heure au château. "C’est vraiment appréciable de pouvoir y entrer, contrairement à Londres par exemple, où le public est maintenu à l’extérieur", explique l’homme.
Un site historique qui peut passionner petits et grandsUn peu plus loin, deux seniors habitant Thiais, dans le Val de Marne, accompagnent Hypolite et Barthélemy, des jumeaux de 8 ans. Passionnés, les petits-enfants réclament un passage à la boutique de souvenirs après avoir profité d’un déjeuner au restaurant du château puis de deux heures de visites guidées.
"Nous sommes bénis des dieux ici, avec toutes ces belles choses. Et en plus, ça n’est pas très coûteux…", commente le grand-père. Le petit groupe a choisi de venir plusieurs fois à Fontainebleau durant les vacances. Il a déjà fait des passages en petit train et admiré les jardins. Il est attiré par le site principal de la ville mais aussi par son centre-ville, sans oublier les espaces boisés situés à quelques kilomètres seulement.
"Nous avons la chance que nos petits-enfants ont hérité de leurs parents le goût de la lecture et qu’ils adorent l’histoire, poursuit le papy. Personnellement, j’aime bien aussi. J’ai lu un livre sur Philippe IV dit Philippe le Bel, avant de venir. J’ai appris qu’il serait décédé dans un accident de chasse ici, à Fontainebleau. C’est intéressant de découvrir des événements historiques et de se rendre dans les endroits où ils se sont produits." Fontainebleau regorge de trésors, le public ne s’y trompe pas. Et force est de constater qu’il faut aujourd’hui bien plus qu’une journée pour en faire le tour.
Emmanuel Gougeon