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La famille cantalienne Gilibert fait don d’une collection d’objets kanaks au musée du quai Branly

La famille cantalienne Gilibert fait don d’une collection d’objets kanaks au musée du quai Branly

Pierre Gilibert a décidé de léguer au musée du quai Branly-Jacques Chirac l’importante collection d’objets kanaks, réunie par son aïeul, le père Jean Gilibert, missionnaire mariste en Nouvelle-Calédonie, qui dormait dans la maison familiale à Jabrun (Cantal),

L’émotion était à son comble mardi matin dans la petite église du village de Jabrun. Pierre Gilibert y avait organisé une cérémonie religieuse en hommage à l’un de ses aïeuls, Jean, prêtre mariste parti évangéliser l’île de Pot en 1858, dernière île alors habitée de l’archipel de Belep en Nouvelle-Calédonie. Un long séjour de près de trente ans dont il ne reviendra pas, mais qu’il a partagé avec sa famille, à travers un volumineux et détaillé journal manuscrit, longtemps conservé dans la maison familiale de Jabrun, transmis de génération en génération. Un témoignage précieux qu’a retranscrit sœur Marie-Louise Gondal, religieuse de Saint-Joseph, à la demande du père de Pierre Gilibert, cousin du missionnaire mariste. Et dont elle a fait un livre, "Un voyage sans retour, de l’Aubrac à la Nouvelle-Calédonie".Un ouvrage complété par une importante collection d’objets kanaks, une soixantaine environ, gardés intacts, que le père Gilibert a envoyé à sa famille en 1876. Dont, pièce maîtresse de ce patrimoine, une hache ostensoir avec une lame en bénitier, servant notamment à frapper le soleil pour faire venir la pluie et que Pierre Gilibert avouait « avoir remué à l’automne dernier, ne pensant pas que nous aurions 7 mois de pluie ».

Transmission

Bien qu’inestimables, mais tout aussi imposants, Pierre Gilibert avait à cœur de transmettre, à son tour, ces nombreux écrits et multiples pièces qu’avait rassemblés son ancêtre tout au long de son exil et qui dormaient dans des armoires de la maison familiale de l’Aubrac.

« Ce fut un casse-tête, mais quel heureux événement pour ma famille et pour la paroisse Saint-Martin en Caldaguès que l’aboutissement de la mise au jour de la vie de cet aïeul. Et quel soulagement pour moi que de voir la transmission de ce fabuleux patrimoine aboutir de manière durable ».

Ce n’est autre qu’Emmanuel Kasarhérou, président du musée du quai Branly-Jacques Chirac, dédié aux arts et civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques, qui, par l’intermédiaire de l’ancien secrétaire d’État, Alain Marleix, a accepté de prendre en charge cette collection d’objets. Elle viendra ainsi rejoindre « une collection déjà très importante consacrée à la Nouvelle-Calédonie avec quatre vitrines et deux podiums », expliquait Magali Mélandri, responsable de l’unité patrimoniale Océanie, après un travail d’inventaire détaillé et de conservation et restauration, « pour lui redonner une belle lisibilité, même si les pièces sont en très bon état », avouait-elle.

« Témoignage historique important de l’activité de collecte et de documentation des objets opérée par les missionnaires maristes en Nouvelle-Calédonie dans la seconde moitié du 19e siècle », Emmanuel Kasarhérou a reçu « ce don généreux pour la nation » avec beaucoup d’émotion.

« Car au-delà d’une collection, ce sont des objets qui parlent d’une histoire et qui sont accompagnés, ce qui est très rare, de paroles avec les lettres adressées à la famille. C’est extrêmement précieux ».

Et ça l’est d’autant plus pour le président du musée du quai Branly-Jacques Chirac qui est né à Nouméa, d’un père tailleur kanak, et qui a été successivement directeur du musée de Nouvelle-Calédonie, à la tête du musée du centre Tjibaou, puis directeur culturel de l’Agence de développement de la culture kanak avant d’en devenir le directeur général.Les journaux et la correspondance du père Jean Gilibert ont, eux, été déposés aux Archives du Diocèse de Saint-Flour et seront, sous la houlette de Pascale Moulier, à la disposition des chercheurs, des étudiants ou de la famille. « On ne va pas enfermer tout ça, on va les protéger, les conserver et les mettre en valeur », assurait-elle. 

Isabelle Barnérias 

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