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Europe : les infrastructures portuaires en manque d’investissements

Lemoci 

Les ports européens se trouvent à la croisée des chemins pour relever les défis des risques climatique et géopolitique. Si les financements manquent actuellement, le pari est cependant loin d’être perdu, estime une récente étude d’Allianz Trade. 10 600 milliards de dollars (Md USD) d’ici 2040. La somme des financements nécessaires à la modernisation des infrastructures […]

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Les ports européens se trouvent à la croisée des chemins pour relever les défis des risques climatique et géopolitique. Si les financements manquent actuellement, le pari est cependant loin d’être perdu, estime une récente étude d’Allianz Trade.

10 600 milliards de dollars (Md USD) d’ici 2040. La somme des financements nécessaires à la modernisation des infrastructures européennes liées au climat, calculée par le Global Infrastructure Hub, est colossale. Sur la base des projets actuels, seuls 9 100 Md USD seront investis. 1 500 Md USD (soit 14,3 % de l’investissement total nécessaire) vont donc venir à manquer alors que les incidents climatiques se multiplient.

Les sécheresses, les inondations, les canicules et autres perturbations du climat coûte chaque année 30 Md USD aux pays à revenu élevé et perturbent durablement le commerce international. Le transport maritime est aux premières loges. Ainsi, si la sécheresse du canal de Panama se poursuit, elle pourrait provoquer une baisse de 7 % du commerce international cette année, rapporte l’étude. A l’inverse, selon l’Agence européenne pour l’environnement, en l’absence de meilleures mesures de protection des côtes la fréquence des inondations serait multipliée par 10 sur la plupart des côtes européennes d’ici 2050.

Un manque estimé à 4 milliards de dollars

 

Le déficit d’investissements dans les infrastructures portuaires, évalué aujourd’hui à 4 Md USD, atteindra 8 Mds USD à l’horizon 2040 alors qu’il s’avère de plus en plus urgent d’agir du fait de la multiplication des incidents climatiques et des perturbations géopolitiques.  « Cela coûte énormément d’argent en réparations, constate Johan Geeroms, directeur de la tarification des risques chez Allianz Trade Benelux. S’ajoute encore à cela l’instabilité économique. Les flux de marchandises et la sécurité énergétique sont particulièrement compromis. […] Souvenez-vous, notamment, du sabotage des pipelines Nord Stream en 2022. Il y a tellement de pipelines dans les fonds marins. La question n’est donc pas de savoir si d’autres sabotages suivront, mais plutôt quand ils se produiront. »

Conséquence : la prime de risque géopolitique augmente à la fois pour l’assurance et les investissements. Fin 2023, les primes d’assurance contre les risques de guerre en mer Rouge ont augmenté jusqu’à 1 % de la valeur du navire, contre 0,07 % avant la guerre entre Israël et le Hamas. Même les compagnies qui réorientent leurs navires pour éviter la zone paient un prix plus élevé pour les trajets plus longs, relate Allianz Trade.

L’Union européenne à la manœuvre  

 

Pour Johan Geeroms, « se contenter de réagir aux problèmes d’infrastructure engendrés par le climat et la guerre coûte pourtant beaucoup plus d’argent que les mesures vertes préventives qui contribuent à la résilience de l’infrastructure. Ces dernières soutiennent d’ailleurs également la croissance économique. »

Face au double défi posé par le climat et la géopolitique au secteur du transport maritime, l’Union européenne a fait évoluer les outils existants tels que les Réseaux transeuropéens de transport (RTE-T), pour lesquels elle vient de valider une sélection de 134 projets d’insfrastructure qui bénéficieront d’une enveloppe de subvention de 7 milliards d’euros. Allianz Trade note qu’ils s’orientent de plus en plus vers projets qui donnent la priorité à l’indépendance stratégique et à la résilience logistique de l’UE, notamment ceux qui augmentent la capacité portuaire, soutiennent les itinéraires énergétiques alternatifs et garantissent la mobilité militaire par ces mêmes corridors.

Accélérer les changements réglementaires

 

Pour combler l’actuel déficit d’investissements, l’assureur-crédit en appelle à faire également avancer certaines réglementations européennes. Ainsi, l’Autorité bancaire européenne (ABE) et l’Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles (AEAPP) peuvent ajuster les exigences en matière de fonds propres afin de les rendre plus attrayantes en termes de charges de capital ou de favoriser l’intégration des lignes directrices ESG dans leurs décisions de prêt et d’investissement, suggère l’étude.

Les obligations vertes de l’UE pourraient également jouer un rôle plus important en stimulant les investissements dans les infrastructures à travers l’Europe. En général, la promotion du financement mixte, que ce soit directement (par l’effet de levier ou l’extension de programmes existants, de garanties) ou par la création de cadres réglementaires clairs qui fournissent des règles du jeu plus précises serait bénéfique à l’investissement.

Bref, l’Union européenne dispose de moyens qui permettrait aux ports européens de rattraper leur retard et de faire d’une pierre deux coups : contrer le risque climatique et géopolitique et permettre aux infrastructures maritimes européennes de rester compétitives tout en participant à la croissance de la part des entreprises européennes dans le commerce international.

Sophie Creusillet  

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