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Atos placé en procédure de sauvegarde accélérée : la fin d’une longue saga ?

Atos placé en procédure de sauvegarde accélérée : la fin d’une longue saga ?

Atos s’apprête-t-il à sortir enfin la tête de l’eau ? Le tribunal de commerce de Nanterre a ouvert mercredi 24 juillet une procédure de sauvegarde accélérée du groupe informatique français en difficulté, pilier technologique des Jeux de Paris, afin de mettre en œuvre le plan de restructuration négocié avec ses créanciers. En parallèle, Jean-Pierre Mustier, président du conseil d’administration d’Atos depuis octobre 2023, a été nommé le même jour président-directeur général du groupe avec effet immédiat.

"Le tribunal a estimé que, compte tenu du soutien suffisamment large des créanciers financiers et des informations fournies par la conciliatrice lors de l’audience, l’adoption du projet de plan de restructuration financière au cours de la procédure de sauvegarde accélérée était vraisemblable", a indiqué Atos dans un communiqué. L’audience du tribunal pour l’approbation du plan de sauvegarde accéléré est "envisagée" pour le 15 octobre.

Mi-juillet, Atos, qui compte plus de 90 000 salariés dans 69 pays, était parvenu à un accord avec un groupe de banques et créanciers obligataires pour sécuriser le financement de son plan de restructuration, dont le montant atteint 1,75 milliard d’euros. Plombé par une dette brute colossale de près de 5 milliards d’euros, Atos avait enclenché en février une procédure de restructuration et se trouve depuis plongé dans un feuilleton financier aux multiples rebondissements….Avec son lot d’échecs. Au fil des mois, l’ex-fleuron français des services informatiques a vu tomber à l’eau de nombreuses options pour renflouer ses caisses.

Kretinksy, Airbus… Une succession d’échecs

En avril 2024, Airbus annonçait ne pas racheter pas les activités Big Data & Security (BDS) d’Atos. "Les Allemands d’Airbus étaient plutôt défavorables à cette opération et le contexte pré-élections européennes a sûrement joué aussi", déclarait à l’époque dans L’Express Catherine Berjal, cofondatrice d’un fonds d’investissement activiste engagé sur le dossier Atos. Quelques semaines auparavant, la cession de sa branche de conseil Tech Foundations au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky avait également été annulée.

L’avenir du groupe revêt une forte dimension politique liée à ses activités stratégiques dans le domaine de la défense. Comme le rappelle le New York Times , "Atos possède entre autres le supercalculateur qui permet à l’armée française de simuler des essais de bombes nucléaires, après que le gouvernement a interdit les essais physiques en 1996. Le logiciel Atos est utilisé sur les avions de combat français Rafale et même sur les lignes téléphoniques sécurisées des forces armées françaises." Cela explique donc qu’en avril dernier, Bercy octroie à Atos un prêt de 50 millions d’euros, en complément des 400 millions d’euros privés, pour "stabiliser sa situation financière" et "garantir la protection des activités stratégiques".

Et maintenant ? Après le retrait fin juin du consortium mené par Onepoint, premier actionnaire d’Atos initialement choisi pour mener à bien ce sauvetage, les créanciers et les banques se sont entendus pour reprendre et sauver eux-mêmes l’entreprise. L’accord comprend notamment une augmentation de capital de 233 millions d’euros, et une réduction de la dette d’environ 3 milliards d’euros.

Jean-Pierre Bustier devient PDG d’Atos

Banques et détenteurs d’obligations deviendront alors les actionnaires majoritaires d’Atos : ils détiendront jusqu’à 99,9 % du capital. L’augmentation de capital est toutefois ouverte aux actionnaires actuels qui ne souhaiteraient pas voir leur participation diluée et pourraient, s’ils contribuent, s’assurer au maximum 25,9 % du capital. L’accord trouvé doit permettre de sortir le groupe de la crise financière, d’obtenir "d’ici 2026" une notation de crédit "BB" et de lui garantir "un montant minimal de liquidités de 1,1 milliard d’euros" jusqu’au 31 décembre 2026.

Président du conseil d’administration depuis octobre 2023, Jean-Pierre Mustier a été nommé, mercredi 24 juillet, PDG d’Atos. Il remplace l’Américain Paul Saleh, qui a présenté sa démission au conseil d’administration, et avait été nommé directeur général d’Atos en janvier, en remplacement d’Yves Bernaert resté seulement trois mois en fonction. Cette démission s’inscrit dans la valse des dirigeants depuis le départ en octobre 2021 du directeur général Elie Girard, successeur en 2019 de Thierry Breton, alors appelé à la Commission européenne et qui avait été à la tête de l’entreprise pendant plus de dix ans.

Concernant la future gouvernance du groupe, Atos avait indiqué mi-juillet que la société resterait "non contrôlée" pendant une "période de transition" jusqu’à la réalisation de la restructuration financière car les banques et les porteurs d’obligations "n’entendent pas agir de concert". Le conseil d’administration restera composé d’une majorité d’administrateurs indépendants et "certains créanciers auront le droit de proposer la nomination de membres et/ou de censeurs" après la restructuration, avait ajouté le groupe français.

L’un des piliers des JO

Partenaire informatique mondial du Comité international olympique (CIO) depuis 2002, Atos est l’un des piliers technologiques des JO de Paris, chargé notamment de la gestion des accréditations, de la diffusion instantanée des résultats ou encore de la cybersécurité. A titre d’exemple, l’entreprise s’occupe du calendrier des compétitions, les applications de vote des athlètes qui participent aux processus décisionnels du CIO au sein de la commission des athlètes, le portail des volontaires et la gestion des équipes opérationnelles", renseigne la firme sur son site Internet. Et qui répertorie les données personnelles des athlètes ? C’est encore Atos. Lorsque le groupe était étranglé financièrement, Jean-Pierre Bustier tentait déjà de rassurer en avril 2024 : "Atos fera son travail de manière tout à fait normale" pendant l’événement.

S’il s’agit d’une étape importante pour Atos, quelques nuages demeurent dans son ciel financier. "Les financements apportés par les créanciers bancaires et obligataires le seront à des taux d’intérêt très élevés, atteignant 13 % pour certains types de crédit. Conséquence : une grande partie des futurs bénéfices du groupe iront dans le remboursement de la dette", préviennent nos confrères du Monde. De quoi risquer de lui mettre du plomb dans l’aile sur le plus long terme.

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