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Ces surprenants policiers qui sécuriseront les JO : maîtres-nageurs, sauveteurs en montagne…

Les plages de sable du littoral ont été remplacées par le bitume de Paris : en ce mois de juillet 2024, les 280 CRS maîtres-nageurs sauveteurs (MNS) que compte la police nationale ont été mobilisés à Paris et en Ile-de-France, pour participer au maintien de la sécurité des Jeux olympiques (JO). Habituellement déployés sur les côtes françaises durant la saison estivale, ces spécialistes ont pour mission de porter secours aux personnes en détresse en mer, mais également de surveiller les plages et les côtes françaises, afin d’y maintenir la sécurité et de verbaliser les usagers en infraction. "Nous sommes les seuls nageurs sauveteurs à être armés. En cas d’attaque terroriste sur une plage par exemple, nous sommes les premiers à pouvoir riposter et proposer une première intervention", explique Patrice Martin, référent national des CRS MNS pour le syndicat de police Unité.

Cette année, l’intégralité des effectifs a été réquisitionné afin de maintenir une surveillance nautique aux abords du village olympique et en région parisienne, ou pour renforcer les compagnies classiques de CRS. "Il n’a pas été prévu que nous soyons remplacés sur les plages, et les maires des communes concernées ont dû s’organiser en renforçant leur police municipale, par exemple", regrette Patrice Martin, qui craint, en conséquence, une "délinquance d’opportunité" sur certaines côtes françaises.

Le ministère de l’Intérieur, de son côté, rappelle que les restrictions de congé consenties par les policiers et gendarmes sur cet été 2024 permettront une présence accrue sur les zones littorales, avec "14 000 agents supplémentaires spécifiquement mobilisés dans l’ensemble des départements" par rapport à la même période en 2023.

"Tous les métiers de la police"

En cette période olympique, les CRS MSN ne sont pas les seuls à avoir vu leurs effectifs sollicités pour la sécurité des Jeux : durant les deux semaines de la compétition, plus de 35 000 policiers et gendarmes seront déployés partout en France - un chiffre qui grimpera à 45 000 pour la cérémonie d’ouverture organisée sur la Seine. Pour épauler ces troupes, 18 000 militaires français seront également présents aux abords des lieux de compétition, et environ 2000 policiers étrangers se sont joints aux effectifs. Pour atteindre un tel objectif, le ministère de l’Intérieur n’a pas hésité à mobiliser l’intégralité de ses troupes - jusqu’aux spécialités les plus inattendues. Une trentaine des 200 CRS secouristes en montagne quitteront les sommets français durant quelques semaines, afin de renforcer les unités présentes à Paris et Marseille.

L’expertise de ces agents, qui assistent à l’année les randonneurs, parapentistes et autres guides de haute montagne, pourrait s’avérer très utile durant les compétitions. "Par exemple, nous sommes en capacité de rapidement décrocher des banderoles sur des arbres ou des immeubles, faire redescendre en toute sécurité des activistes situés sur des lieux situés en hauteur, ou assister des agents de la BRI ou du Raid pour des missions en altitude", résume Emmanuel Freyche, référent national des unités CRS montagne. Les missions habituelles de ces agents, plus que nécessaires en cette période estivale, ne seront pour autant pas supprimées : leurs périodes de congés ont simplement été décalées ou supprimées, afin de maintenir une assistance prioritaire dans les zones concernées. "En revanche, il n’est pas garanti que nous puissions bénéficier des trois hélicoptères de la sécurité civile normalement envoyés en renfort durant cette saison, ce qui pourrait largement retarder nos interventions dans les massifs", explique-t-il.

Pour maintenir l’ambitieux objectif annoncé par le ministère de l’Intérieur, le secrétaire général d’Alliance Police nationale Eric Henry rappelle en effet que "tous les métiers de la police" ont été mobilisés, "des élèves gardiens de la paix aux réservistes, en passant par les policiers adjoints ou les effectifs de la police scientifique". Le syndicaliste indique par ailleurs que certaines brigades spécialisées ont été appelées en renfort dans des domaines très spécifiques - c’est le cas notamment des démineurs, des brigades cynophiles, des cavaliers, des unités de lutte anti-drone ou des physionomistes de la police. "Ils seront chargés de repérer tous les éléments suspects, lutter contre les pickpockets, remonter les informations de terrain auprès des services de renseignement, par exemple", développe le policier.

Formations complémentaires

Les personnels administratifs, qui réalisent habituellement des missions de secrétariat, de ressources humaines ou de gestion des personnels, seront également mobilisés sur le terrain, pour des missions "de soutien". "Ils seront amenés à remplir des missions de sécurisation par exemple, avec des examens de véhicules, de sacs, des contrôles d’identité… Pour cela, ils ont reçu une formation d’une semaine et seront accompagnés d’agents dits 'actifs', qui pourront agir physiquement en cas de mission opérationnelle", détaille Eric Henry. Idem pour les policiers adjoints, également mobilisés, qui ne peuvent ni recevoir de plaintes, ni établir des procès-verbaux, ni consulter les fichiers de police, mais ont la capacité de verbaliser de petites infractions, de rédiger une main courante ou d’immobiliser des véhicules.

Les 12 000 réservistes de la police nationale, enfin, représentent un vivier conséquent pour garantir la sécurité de ces Jeux olympiques. "Retraités ou issus de la société civile, ils sont considérés comme des policiers 'actifs', sont armés et peuvent intervenir en cas de mission opérationnelle", garantit Eric Henry. Si ces agents n’ont pas reçu de formation supplémentaire pour les JO, le référent des policiers réservistes pour le syndicat Alliance Pierre Theron assure que chaque volontaire a dû répondre à certaines exigences. "Il faut être à jour dans ses entraînements de tirs, et apte physiquement. Les réservistes sont par ailleurs très bien formés dans leur cursus initial, et bénéficient d’une formation continue et d’un système de tutorat", garantit le policier, qui confirme que ces agents "ne se retrouveront jamais seuls sur le terrain".

Pour Grégory Joron, l’engagement "à 100 %" de ces effectifs et les restrictions de congés permettront d’éviter d’éventuels "trous dans la raquette" durant les JO, même si la situation reste, selon lui, "légèrement tendue d’un point de vue logistique". "Environ 2000 effectifs actifs ont été mobilisés en Nouvelle-Calédonie, et manquent donc aux prévisions initiales. Il manque également quelques centaines de personnels administratifs, ce qui a quelques conséquences sur la fluidité des mobilisations, avec des collègues prévenus en dernière minute, par exemple", illustre-t-il. En contrepartie du fort engagement des policiers et gendarmes sur la période, Eric Henry rappelle, de son côté, que "des primes et le paiement des heures supplémentaires" ont été négociés avec le ministère de l’Intérieur.

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