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Les Bleues du handball, abonnées à l'or, et celles du foot, qui courent toujours après un premier trophée, lancent leurs Jeux

Les Bleues du handball, abonnées à l'or, et celles du foot, qui courent toujours après un premier trophée, lancent leurs Jeux

Les Bleues du hand et du foot débutent leurs JO, jeudi 25 juillet, face à la Hongrie et la Colombie, avec des statuts bien différents. Les premières sont tenantes du titre et abonnées aux podiums, quand les secondes affichent un palmarès désespérément vide. C’est tout l’inverse au niveau des clubs.

Elles sont aux antipodes l'unes de l'autres. Quand les Bleues du handball collectionent les titres (championnes olympiques en 2021, championnes du monde en 2003, 2017 et 2023, et championnes d’Europe en 2018), celles du foot courent toujours après un premier trophée (quatrièmes du Mondial 2011 et des JO 2012). Les deux sélections lancent leurs Jeux, jeudi 25 juillet, contre la Hongrie (19 heures) pour les handballeuses et face à la Colombie (21 heures) pour les footballeuses.

A quelques heures du coup d'envoi, on a essayé de comprendre pourquoi la situation était inversée au niveau des clubs, avec l'Olympique Lyonnais qui règne sur l'Europe du foot (huit Ligues des Champions gagnées depuis 2011), ce qui tranche avec les difficultés récurrentes des équipes françaises de handball dans la compétition européenne de référence.

Les clubs de hand peinent à attirer les meilleures

Pourquoi, à l’image de Pauletta Foppa, la Loirétaine de Brest, championne d’Europe dès sa première apparition en équipe de France, en 2018, à 18 ans, championne du monde et olympique depuis, les Bleues du handball sont-elles si dominantes en sélection, et systématiquement contrariées en club ?

"Même si le championnat de France est relevé, et même si Metz et Brest y dominent, économiquement, il est impossible d’attirer les meilleures", explique Bertille Betaré, la présidente du CJF Fleury, champion de France 2015, et ancienne internationale elle-même. "À part Brest, avec ses 6 millions d’euros, pas un club [français] ne dispose d’un budget équivalent à ceux du PSG ou de Lyon au foot, observe Daniel Villain, le président de la ligue du Centre-Val de Loire. Et Brest le doit à ses dirigeants, qui sont les propriétaires du club de foot." 

"Avant de penser à recruter telle ou telle joueuse étrangère, rebondit Bertille Betaré, il est déjà difficile de stabiliser l’effectif. " Daniel Villain est catégorique : "On ne gagnera jamais une Coupe d’Europe ! Les clubs français accèdent depuis peu au Final 4 de la Ligue des champions, mais il leur manque toujours un petit quelque chose…" Et de citer Claude Onesta, en distinguant "haut niveau et haute performance". Là où la sélection s’accomplit donc. Une culture, selon lui, "construite depuis 1992 par toute une fédération. Les joueuses sont imprégnées de ça." Génération après génération. 

"Le sélectionneur, s’il a changé sa façon de fonctionner, est là depuis des années, insiste Bertille Betaré. Cette continuité, ajoutée à la qualité de la formation, à la culture de la victoire, à l’homogénéité du groupe, à l’humilité et à la soif de toujours faire mieux, est incroyable."

Pour elle, cela ne fait donc aucun doute : les Bleues sont "les favorites" pour décrocher de nouveau la lune olympique. A fortiori avec une Pauletta Foppa aussi imposante, mature et expérimentée, à seulement 23 ans…

"Le foot français n'a pas de philosophie réelle"

Les lauriers pour l’Olympique Lyonnais (huit Ligues des champions remportées entre 2011 et 2022), et les épines pour les Bleues, au palmarès désespérément vide, au moment de lancer leurs Jeux à la maison. La situation du foot français au féminin, paradoxale à première vue, n’a pas d’équivalent dans le sport tricolore.

Didier Ollé-Nicolle la voyait de loin, jusqu’à son arrivée sur le banc des féminines du Paris Saint-Germain durant l’été 2021, et l’entraîneur de 63 ans (passé par Nice, Clermont, Châteauroux ou encore Orléans) s’explique mieux cette dualité à présent. "Je l’ai découverte pendant mon année au PSG : le foot féminin français n’a pas de philosophie réelle, ni de principes de jeu vraiment ancrés. L’Espagne, en sélection ou au niveau de ses clubs forts, comme le Real Madrid ou Barcelone, travaille là-dessus, sur la possession et la conservation du ballon notamment, et nous très peu, voire pas du tout. On n’a pas de culture du foot féminin, et la formation n’est pas à la hauteur", regrette-t-il.

Et si Lyon a pu régner sur le foot de clubs en Europe, c’est "grâce à son pouvoir financier - parce que Jean-Michel Aulas a investi dans ce secteur car il voyait bien qu’il ne pourrait plus gagner avec les masculins - et qu’il a bénéficié d’une génération très forte, avec Wendie Renard et Eugénie Le Sommer notamment", estime Didier Ollé-Nicolle.

"C'est difficile pour les jeunes Françaises de se faire une place"

L’aisance économique de l’OL et du PSG, qui leur permettent de recruter "quasiment n’importe quelle joueuse au monde", ne rend pas service à l’équipe de France, selon le technicien : "Ces deux clubs jouent avec beaucoup d’étrangères, et c’est difficile pour les jeunes Françaises de s’y faire une place. J’ai été confronté à ça au PSG, alors qu’il y avait des filles au potentiel très intéressant". 

P.B et R.C.

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