En pleine période électorale, la Tunisie célèbre sa fête nationale ce 25 juillet
A quelques semaines de l’élection présidentielle du 6 octobre prochain, la Tunisie célèbre ce 25 juillet sa fête de la République. Le président du pays Kaïs Saïed a attendu 18h précise pour prononcer une allocution à la nation, un choix symbolique selon lui puisque c’est précisément à cette heure-là que l’Assemblée constituante tunisienne avait proclamé la République comme nouveau régime politique le 25 juillet 1957.
Dans son discours retransmis à la télévision et à la radio d’Etat, le chef de l’Etat a adressé ses félicitations au peuple tunisien à l’occasion de cette fête nationale, et mis en exergue l'importance de cet évènement, date charnière du long parcours militant mené depuis 1881 contre l'occupant français.
Dans une énième critique de l’Occident, le président Saïed a réitéré son refus de l’ingérence étrangère dans les affaires internes du pays, fustigeant par la même occasion des «tentatives de déstabilisation» venus aussi «de l’intérieur» faisant référence à ses opposants islamistes et leurs alliés sans les nommer.
Plus tôt dans la journée, le Parlement tunisien avait rendu hommage au texte de la déclaration «historique» publiée par l'Assemblée nationale constituante lors d'une «séance mémorable» tenue «au Palais du Bardo un jeudi 25 juillet 1957». Dans sa déclaration, le Parlement a remémoré les «sacrifices consentis par les martyrs de la patrie» pour l'instauration d'un régime républicain, «dont les bases ont été jetées par des leaders courageux comme Habib Bourguiba».
Le 25 juillet 1957, l’Assemblée constituante tunisienne mettait fin à la monarchie beylicale et choisissait la République comme nouveau régime politique. Habib Bourguiba avait été élu premier président de la République tunisienne, mettant fin au règne de Lamine Bey, dernier souverain de la dynastie husseinite qui avait duré 252 ans. La proclamation de la République intervenait un peu plus d’un an après la fin de l’occupation française de ce pays nord-africain, qui avait proclamé son indépendance le 20 mars 1956.
Période électorale
La célébration de la fête nationale tunisienne intervient, cette année, en pleine période électorale en prévision du scrutin présidentiel du 6 octobre prochain. Alors qu’une grande partie des Tunisiens ont profité de ce jour férié pour notamment aller à la plage, des partisans et des opposants du président Kaïs Saïed ont organisé le matin deux manifestations antagonistes tenues à la même heure au même lieu dans la capitale Tunis.
Les deux mobilisations ont eu lieu devant le Théâtre municipal, situé sur l’avenue Habib Bourguiba au cœur du centre-ville de Tunis. Une barrière de sécurité a été installée dès les premières heures de la matinée par les forces de l’ordre pour séparer les deux manifestations, rapporte l’agence de presse officielle tunisienne TAP, qui n’a fait état d’aucun incident.
Alors que les opposants au chef de l’Etat organisaient une «marche de protestation» et scandaient des slogans appelant notamment à la libération des «détenus politiques», ses partisans sont descendus pour exprimer leur appui à la candidature de Kaïs Saïed à la prochaine élection présidentielle du 6 octobre, ainsi que leur soutien au «processus du 25 juillet» conduit par le président Saïed depuis le 25 juillet 2021.
Le coup de force du 25 juillet 2021
Le 25 juillet, jour de la fête nationale, correspond en effet à cette autre date-clé dans l’histoire contemporaine de ce pays nord-africain, à savoir le coup de force entrepris par le président Kaïs Saïed après plus d’une décennie de gouvernance du parti islamiste Ennahdha et ses alliés.
Ce jour-là, le chef de l’Etat, élu en 2019, s’est arrogé tous les pouvoirs en limogeant le chef du gouvernement et en gelant les activités du Parlement avant de le dissoudre. Ce coup de force est intervenu alors que le pays traversait une grave crise institutionnelle après plusieurs mois de blocage politique entre les trois institutions qui se partageaient le pouvoir : le Parlement, la présidence de la République et la présidence du gouvernement.
Une année plus tard jour pour jour, le président tunisien avait soumis à un référendum le texte d'une nouvelle Constitution, adoptée avec 94,6% des voix, mettant ainsi fin à un régime parlementaire hybride «à trois têtes» et marquant le retour au régime présidentiel en vigueur dans le pays de 1956 à 2011. Des élections législatives, régionales et locales ont été depuis organisées dans le cadre d’une refonte totale du système politique et institutionnel du pays.
Le président Saïed a officiellement annoncé le 19 juillet sa candidature pour un second mandat de cinq ans, après avoir annoncé le 2 juillet la tenue du prochain scrutin présidentiel le 6 octobre 2024.