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Les piscines du bassin thiernois ne désemplissent pas

Les piscines du bassin thiernois ne désemplissent pas

Certaines collectivités du bassin thiernois ont fait le choix d’implanter depuis des années des piscines publiques malgré un coût de fonctionnement important et la présence de trois plans d’eau à proximité.

Quatre piscines publiques quadrillent le territoire du bassin thiernois en été : Puy-Guillaume (municipale), Courpière (municipale), Saint-Rémy et Thiers à Iloa, gérées toutes deux par Thiers Dore et Montagne (voir ci-dessous).

Malgré la présence de trois plans d’eau à proximité proposant une baignade gratuite, les bassins ne désemplissent pas. "Nous avons une capacité de 250 personnes et sommes parfois obligés de réguler, de faire entrer quand d’autres sortent", illustre André Debost, chargé du tourisme à Puy-Guillaume. 

Des structures populaires mais qui coûtent cher

Construite en 1995, la piscine ouverte à la saison estivale et jusqu’au 1er septembre, a enregistré 5.700 entrées en 2023, "dont 810 personnes qui fréquentent le camping". À Courpière, la structure municipale a comptabilisé la même année 4.000 personnes se délectant de l’eau fraîche et en plein air.Pour les collectivités, ce service a un coût, et pas des moindres. Piscine de Courpière.

"150.000 € HT en moyenne chaque année en comptant les coûts de fonctionnement et d’investissement", dévoile Gregory Villafranca, directeur général des services de la commune de Puy-Guillaume.

Cette année nous avons déboursé 80.000 € TTC pour le système de filtration et encore 40.000 € l’année précédente pour d’autres travaux.

Un budget conséquent également pour Courpière (41.600 € HT en fonctionnement) auquel s’ajoutent, comme partout ailleurs, des problèmes de recrutement.

À Puy-Guillaume, la piscine tourne aujourd’hui avec un maître nageur, "alors qu’il nous en faudrait deux voire trois". Conséquence : la structure qui ouvrait sept jours sur sept a dû se résoudre depuis peu à réduire la voilure. "L’année dernière nous n’avons pu ouvrir que cinq jours sur sept. Cette année, nous sommes remontés à six", dévoile le directeur des services.

Une question sociale

Mais pourquoi se donner tant de mal alors que Courpière et Puy-Guillaume ne se trouvent qu’à quelques minutes seulement et respectivement des plans d’eau d’Aubusson et Iloa ?

Les enjeux, s’ils sont multiples ne sont en aucun cas économiques. Ouvrir une piscine restera toujours un gouffre financier. La dimension est tout d’abord sociale.

Le centre aquatique et aqualudique de Thiers Dore et Montagne à Iloa.

"On touche un public local qui n’a pas forcément les moyens de se déplacer, explique-t-on à la mairie de Courpière. Dans cette structure ouverte, les contraintes notamment au niveau de l’hygiène sont moindres qu’au centre aquatique à Iloa. Cela permet à certaines personnes qui n’y ont pas accès, comme les femmes en burkini, de pouvoir se baigner. Ce n’est pas une question politique, c’est factuel." Deuxième argument avancé par la municipalité, celui de la question environnementale.

Proposer une piscine collective en bon état et à des tarifs accessibles c’est peut-être aussi réduire le nombre de piscines individuelles, à terme, dans le territoire.

Du côté de Puy-Guillaume, malgré le coût très conséquent, la question d’une fermeture ne s’est, là aussi, jamais posée. "C’est une piscine avec des contre-courants et un champignon qui attire bien au-delà de la commune, jusqu’à Thiers. Avec le camping à proximité, cela crée un pôle d’attraction pour les jeunes qui ne partent pas en vacances", détaille l’adjoint au tourisme. Pour les jeunes et toute une commune.

Du côté d’Iloa et Saint-Rémy

Avec près de 15.000 entrées à Saint-Rémy mais aussi à Iloa durant l’été, les deux bassins gérés par l’intercommunalité constituent notamment une alternative à la cyanobactérie.

Géré par Thiers Dore et Montagne (TDM), le centre aquatique à Iloa (bassin couvert), ouvert en juillet 2022, a trouvé son public en été. Près de 15.000 entrées enregistrées en 2023.

Un chiffre un peu moins élevé que l’autre piscine de TDM, qui jouxte le plan d’eau de Saint-Rémy. Une structure qui comptabilise 15.126 entrées en 2023 pour 14.274 en 2022.

Une alternative en cas de cyanobactéries

Une progression donc pour des recettes s’élevant à 43.000 € par an à Saint-Rémy. De quoi compenser en petite partie des coûts de fonctionnement de 116.000 € HT environ et par an. La fréquentation, elle, est familiale et trouve un intérêt certain à se baigner dans une eau bleue. Selon Mathilde Bouteille, directrice des services techniques à TDM :

Il existe un public qui préfère la baignade en eaux claires plutôt qu’en eaux de lacs, parfois troubles (milieu naturel) et inversement. Cela peut être lié aussi à la pratique de la nage et de l’apprentissage, de la familiarisation aux milieux aquatiques.

Autre avantage, les deux piscines, comme celles de Courpière et Puy-Guillaume (voir ci-dessus) dans le bassin thiernois, offrent une des seules alternatives lorsque les plans d’eau à proximité sont interdits à la baignade pour cause de cyanobactéries par exemple. Une microalgue toxique qui prolifère depuis ces dernières années, coïncidant avec des épisodes de canicule.La piscine de Saint-Rémy-sur-Durolle.

Une double peine pour le public en manque de fraîcheur. D’autre part, les piscines sont soumises à une réglementation plus rigoureuse en termes de qualité de l’eau.

"Les plans d’eau et piscines recevant du public ne répondent pas à la même réglementation et aux mêmes normes. Les eaux de piscine ont un traitement quotidien (eau traitée) et ne présentent pas de risque de cyanobactéries, contrairement aux lacs."

Yann Terrat

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