"C'était l'anarchie" : une matinée de galère en gare de Montparnasse, après les attaques contre le réseau SNCF

Surprise, impatience, incompréhension... Les usagers ferroviaires n'en menaient pas large ce vendredi 26 juillet en gare de Montparnasse à Paris, après le sabotage d'ampleur dont a été victime le réseau SNCF depuis la nuit précédente. Ambiance et témoignages, sur place.

À son arrivée dans le hall d'entrée de la gare de Montparnasse tôt ce vendredi matin, Agnieszka n'était pas prête pour ce qui allait suivre. En compagnie de son mari, ses trois enfants, son chien et son futur bébé, la résidente de Montréal se retrouvait stoppée net dans son voyage vers Nantes, où des amis proches l'attendent avec grande hâte.

"Depuis le début de semaine, on a fait 6.000 km pour arriver à Paris. Tout s'était bien passé jusque-là... On attend maintenant de savoir si notre train est annulé ou pas. On ne sait pas si l’on pourra partir, on avait de grands espoirs de retrouver nos très bons amis que l’on n’a pas vus depuis longtemps... Mais on reste assez zen et patients malgré tout. On est surtout fâchés contre ceux qui ont fait ça", lâche la Québécoise d'adoption. 

Parmi la foule retenant son souffle devant les panneaux d'affichage de la gare parisienne, le Breton Jean-Michel et sa femme  font de leur côté partie des miraculés à pouvoir bénéficier d'un plan B dès la fin de matinée :

On avait un TGV à destination de Cancale, avec des correspondances au Mans puis à Rennes. Là, on a la chance d'avoir un train de substitution à Granville, où viendra nous récupérer une amie. C’est du stress, mais il n’y a pas vraiment de surprise compte tenu du contexte ambiant, je ne suis qu’à moitié surpris. On est juste déçus pour ceux qui viennent voir les JO et ceux qui partent en vacances.

De miracle, il n'y en aura vraisemblablement pas pour les Franciliens François et Jean, en route vers un festival à Bordeaux. Avec la haute perturbation ferroviaire de Paris aux zones Nord, Ouest et Est, jusqu'à ce lundi, leurs chances de profiter d'un week-end festif fondent comme neige au soleil : "On se demande si ça vaut le coup d’attendre la solution des trains ou d’en trouver une autre en voiture. En attendant on brainstorme, on peut aussi aller récupérer l'une de nos voitures dans l’Oise... On doit être à Bordeaux dès ce vendredi soir et jusqu’à lundi. Ça fout le plan en l’air. La SNCF semble ne pas trop avoir de solutions. Ils sont sympas mais c’est à nous de nous débrouiller, c’est un peu galère. On est en tout cas atterrés de ce sabotage... Ça a l'air en plus assez organisé, on espère qu’ils seront bien punis !" 

Dans cette lignée, les premières victimes de ce sabotage d'ampleur avaient du mal à cacher leur énervement : "J’aimerais bien comprendre pourquoi les gens font ça ?! Je trouve dommage de taper sur les usagers", se plaignait Damien. Le jeu en vaut particulièrement la chandelle pour ce Breton parti ce vendredi matin de Lyon, avec sa fille qui l'attend à Rennes. Pas le temps néanmoins de niaiser pour le jeune papa, qui mettait en route un itinéraire bis par ses propres moyens, tout en distillant des conseils à droite, à gauche, aux autres "galériens" SNCF.

"Mon premier train depuis Lyon s’est passé tranquillement, je ne m’en suis pas rendu compte au début. En arrivant ici (à Montparnasse), c’était l’anarchie, avec plus aucun train à disposition [...] J’ai quand même trouvé un plan B qui va me faire passer par Le Mans puis Vannes. Je prendrai alors la voiture jusqu'à Rennes. Pour l'instant, je ne me prends pas trop la tête côté argent, chaque chose en son temps et je devrais en avoir pour une cinquantaine d'euros de train. En attendant, j’entends des gens galérer... L’idée c’est de les aider car on est tous dans le même bateau."

Pas sûr qu'ils aient en revanche tous le temps d'être à l'heure devant leur TV pour suivre les premières minutes de la cérémonie d'ouverture des JO 2024, prévue ce vendredi à 19 h 30.

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Notre envoyé spécial à Paris, Florent Leybros