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Pourquoi les policiers de l'environnement surveillent le pont Régemortes à Moulins ?

Appelez-les aussi « hirondelles de mer ». Les sternes sont de beaux oiseaux vifs et protégés. Leur reproduction est compliquée : elles déposent leurs œufs, qui ressemblent à de petits cailloux, au milieu… des cailloux, sur des grèves, au bord de l’eau, incognito. Même sans le vouloir, les pieds humains peuvent les écraser.

À Moulins, les sternes ont adopté deux îlots à deux pas du pont Régemortes, en pleine ville. C’est ici qu’elles se concentrent. Avec les grosses précipitations en amont cette année, les îlots, submergés, n’ont pas été accessibles très tôt. Les dames sternes ont tout de même pondu quand elles ont pu et « il y en a pas mal en ce moment », jugent, satisfaits, les agents de l’office français de la biodiversité, dont une des missions est faire respecter la réglementation sur les aires protégées.

Ces deux îlots sont spécifiquement interdits d’accès depuis 2011 (via un arrêté préfectoral de protection de biotope, modifié en 2017), justement, pour permettre à ces oiseaux de continuer à faire des petits, lors de leur période de reproduction. Une protection particulière, en termes de lieu et de temporalité qui vient s’ajouter à celle qui court tout le long de l’Allier.

La vigilance est de mise jusqu’à la fin août, soit jusqu’à l’émancipation complète des juvéniles issus des dernières couvées.

La pédagogie  avant l’amende

C’est à deux pas, en rive gauche, qu’on pouvait retrouver les agents de l’OFB samedi dernier. Des agents de l’Allier et deux renforts ponctuels de Narbonne (Aude), faisant partie de la brigade mobile d’intervention du pôle sud-est.

S’ils rappellent que les amendes peuvent se monter « jusqu’à 750 € » pour être rentré sur un des îlots et jusqu’à 150.000 € d’amende et deux ans de prison pour destruction d’œufs, leur rôle est avant tout « d’informer », de faire de la « pédagogie » ou encore de la « présence dissuasive », avec des passages dans les zones sensibles, réserve et espaces naturels, de manière « aléatoire » et « régulière » : « La verbalisation, c’est en dernier recours. On discute beaucoup avec les gens ».Les sternes ne sont pas les seules à être surveillées, d’autant qu’à Moulins, ça se passe « beaucoup mieux qu’il y a dix ans », notamment « grâce aux panneaux explicatifs ». Mieux aussi depuis que les feux d’artifice sont tirés de plus loin.Les policiers de l’environnement sont donc amenés à bouger dans tout l’Allier, jusqu’aux bords de Loire.

Hors-piste, braconnage…

Pour veiller à ce que les 4x4, motos et quads ne fassent pas de hors-piste dans les forêts, sur les berges : c’est un « vrai sujet », surtout « en Montagne bourbonnaise » et « dans les Combrailles ». Mais aussi pour prévenir les incendies en forêt, de concert avec l’ONF ; intervenir dans les réserves naturelles, veiller à la réglementation autour de la pêche avec la fédération, contrôler le braconnage de chasse, la gestion de la ressource en eau, l’utilisation de produits phytosanitaires interdits ou employés de façon non conforme, sans oublier les dépôts sauvages de déchets.Au-delà des oiseaux, il y a du boulot pour les treize agents de l’OFB Allier, notamment pour les dix inspecteurs de l’environnement autorisés à verbaliser.

Mathilde Duchatelle

Photos : Séverine Trémodeux

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