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Pluie, grêle, maladie : une année cataclysmique dans les vignes sancerroises

« Nous faisons face à une pression mildiou assez inédite », affirme Émeline Piton, conseillère viticole au sein du Sicavac (Service interprofessionnel de conseil agronomique de vinification et d’analyses du Centre).

Dans le Sancerrois, comme dans une grande partie du pays, la pluie n’a pas laissé beaucoup de répit depuis de longs mois. « Nous accusons une quantité d’eau très importante et des pluies fortes, avec des cumuls élevés », explique la conseillère. Autrement dit : beaucoup d’eau, longtemps. De quoi faire perdre leurs cheveux aux vignerons, et leurs grappes aux ceps.

Les dépenses en traitement doublées

Face au déchaînement de la météo, la pression au mildiou atteint des sommets dans les vignes sancerroises. Les cumuls de pluie « représentent le double de ce qu’on connaît d’habitude à cette période », s’inquiète-t-elle. Cette humidité constante favorise le mildiou, « qui est en fait une algue, et non un champignon comme on a tendance à le penser ». Une algue qui, en ce moment, se sent comme un poisson dans l’eau au milieu des ceps du sud-est de Sancerre, « à Thauvenay ou Sainte-Gemme-en-Sancerrois notamment ».

Serge Laloue, vigneron à Thauvenay depuis 1992, a « rarement vu autant de mildiou ». « Quand je regarde le calendrier où je note les jours de pluie, depuis début mai, c’est presque un jour sur deux?! » Une humidité constante pendant « la période sensible de la fleur », qui a causé des dégâts. « C’est très compliqué, on a dû traiter beaucoup, beaucoup, beaucoup… Le week-end dernier, on a encore pris jusqu’à 90 mm de pluie en 20 minutes. On a hâte de vendanger et de passer à autre chose », soupire-t-il.

Le mildiou, « une fois qu’il est là, on se le traîne toute la saison ». Entre les allées de ceps, les tracteurs vont et viennent en permanence. Philippe Auchère travaille sur 5 hectares de vignes à Bué, en culture raisonnée. « Cette année, on court partout?! On est très attentifs. J’ai dû traiter tous les 6 ou 7 jours au lieu de le faire tous les 15 jours. Forcément, ça double les dépenses. Ça dépasse ce qu’on avait prévu financièrement. »

Bué n’est pourtant pas parmi les communes les plus touchées par la maladie. « Toutes les parcelles ne sont pas impactées de la même façon, certaines n’ont quasiment rien perdu. Pour d’autres, c’est presque la totalité des récoltes qui est fichue », indique Émeline Piton.

« On a hâte de vendanger et de passer à autre chose. »

Comme si les pluies continues ne suffisaient pas, le week-end dernier, des épisodes de grêle ont frappé, très localement, des parcelles de Verdigny, Amigny, Bué ou Crézancy-en-Sancerre, à l’est et au nord de Sancerre. « Certaines parcelles atteignent 30 % de dégâts », regrette Émeline Piton. « À force d’enchaîner les galères, ça commence à faire beaucoup. »

Malgré les galères, les vignerons sancerrois veulent se montrer positifs. Philippe Auchère possède un générateur anti-grêle sur sa parcelle. « Ça nous protège quand même, je pense. Ça agit dans un rayon de 5 km et sans ça, ça aurait pu être beaucoup plus grave », se rassure-t-il. Pour Serge Laloue, il faut voir le verre à moitié plein : « À cause du mildiou, il y a beaucoup moins de raisin… Mais du coup, il va mieux grossir?! »

Reste à attendre patiemment mi-septembre, pour avoir un aperçu plus précis sur l’état du prochain millésime et faire le compte des pertes.

Delphine Simonneau

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