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Quand culture, patrimoine et handicap se mêlent autour d'un spectacle : "Le travail derrière est colossal"

Quand culture, patrimoine et handicap se mêlent autour d'un spectacle :

Des personnes en situation de handicap mental sont les créateurs et acteurs d’Impressions Aulteribe. Une performance artistique chorégraphiée, pour ouvrir toujours plus grandes les portes du château.

Il était une fois, un groupe d’handi’artistes qui redonnent vie aux trésors du passé. Léna, Caroline, Claire, Damien, Thierry, Axel, Ludovic et Pascal ouvrent les portes du château d’Aulteribe pour faire voyager les visiteurs à travers les siècles avec un spectacle bien rodé et émouvant. "Le plaisir qu’ils prennent sur scène est beau à voir. Et le travail derrière est colossal", glissent Claude et Gérard Espinasse. Les parents de Claire sont venus assister à la dernière représentation de cette tournée du Puy-de-Dôme, qui avait lieu à la médiathèque de Lezoux mercredi dernier.

Une idée née à l’Esat de Thiers

Leur fille, comme six autres membres de la troupe en situation de handicap mental, travaille avec la section annexe de l’Esat (*) de Thiers. "La demande de créer un spectacle venait d’eux. Ils ont visité le château plusieurs fois, et on a observé leurs premières impressions. D’où le titre du spectacle", explique Marine Papon, leur éducatrice.La chorégraphie est un projet sensoriel et visuel, retranscrit par le mouvement. Elle a été créée par Sylvia Delsuc et la danseuse Margot Dumas de la compagnie clermontoise Jaïs, en collaboration avec le service de médiation culturelle du château d’Aulteribe. "On a travaillé avec eux, pas à leur place. L’idée était de trouver dans leurs regards de quoi monter cette pièce, pour qu’ils s’approprient réellement le patrimoine et le racontent à leur manière", décrivent la chorégraphe et Sylvie Bergougnoux, la responsable du service.

Dans leurs yeux 

Sur scène, les personnages entraînent le spectateur du salon à la chambre en passant par la petite cour intérieure du château, au fil des époques et à travers des objets qui ont du sens pour eux. Les filles, qui ont passé beaucoup de temps à se regarder dans les miroirs de l’édifice, admirent leur reflet. "Pascal, lui, était tombé sous le charme des lustres, alors on lui en a trouvé un aussi", sourit Sylvia Delsuc.

Dans leurs beaux costumes d’époque dénichés par la scénographe Delphine Ciavaldini, les émotions passent par des gestes tendres et des sourires, plus que par les mots. "La personnalité et les capacités de chacun ont été exploitées. Et un esprit de groupe s’est créé tout au long de l’aventure, entre eux, mais aussi avec toute l’équipe du projet", reprend Marine Papon.À la fin de cette dernière représentation, acteurs et metteurs en scène se sont retrouvés pour un pot. Au détour des tables, on entend les mots doux et sincères distribués aux uns et aux autres.  "Tu vas me manquer, on se reverra", murmure Ludovic à la danseuse Margot Dumas. De belles relations créées depuis le début des répétitions officielles, démarrées il y a deux mois au rythme de deux séances par semaine. "C’est le premier projet de cette envergure que l’on réalise ensemble et c’est une belle réussite qui réchauffe les cœurs. On espère pouvoir recommencer", rapporte Marine Papon.

Jumeler la culture, le patrimoine et le handicap, c’est célébrer la diversité humaine et redéfinir les normes de la culture. Les cinq représentations d’Impressions Aulteribe ont été jouées dans des lieux à destination d’un public qui ne peut pas forcément se déplacer dans les lieux culturels. Pour continuer de partager l’histoire de ce château au-delà de ses frontières.

(*) Les sections annexes d’Établissements et services d’aide par le travail (SA-Esat) accueillent des personnes en situation de handicap qui ne peuvent plus travailler à plein temps en Esat. Elles proposent des activités diversifiées et adaptées à chacun, leur permettant de maintenir les liens sociaux et de développer leur bien-être et leur autonomie.

Financement. Le projet présenté et co-construit par l’Adapei 63 a été financé par la Région, le Centre des monuments nationaux et l’ACEF Aura.

Angèle Broquère

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