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Transport et logistique : la France, championne d’envergure mondiale

Non, tous les voyants économiques ne sont pas au rouge. La France est même le leader européen et mondial dans plusieurs domaines, comme le transport et la logistique. Certains de ses fleurons jouissent même de taux de croissance record.

 

Ils s’appellent CMA-CGM, Modalis, DW Trans, Ezytail, Team Logistic Services, BOA Concept ou encore Jifmar Offshore Services. Ces noms ne vous disent peut-être rien, mais sans eux, la France – voire le monde – ne tournerait pas rond. Qu’elles soient des multinationales ou des PME, ces entreprises sont des acteurs incontournables du transport et de la logistique sur le Vieux Continent, position géographique oblige. Selon les données statistiques du ministère de la Transition écologique et de la cohésion du territoire, à lui seul, le transport routier de marchandises en France représente quelque 296 milliards de tonnes-kilomètres. Personne ne fait mieux en Europe. La logistique intérieure représente 56,9 % de ce trafic, le commerce intra-européen 43,1 %.

Et cette vocation de plaque tournante, la France l’a également sur les mers : selon l’organisation professionnelle Armateurs de France, qui réunit une cinquantaine d’armateurs, un navire de commerce toucherait « un port français toutes les six minutes, près de 75 % du commerce extérieur de l’Union européenne s’effectue par voie maritime. Il s’appuie sur un réseau de grands ports nationaux parmi lesquels Marseille et Le Havre sont des acteurs majeurs ».

Ce secteur compte deux champions d’envergure mondiale : Bourbon, nº1 de l’offshore pétrolier, et CMA-CGM, nº3 pour le transport de conteneurs.

Voilà, les présentations sont faites.

 

En route vers l’intermodalité

Avant de revenir sur terre, restons sur les flots. Car la France ne serait pas cette championne de la logistique sans son porte-étendard du commerce international qu’est l’armateur CMA-CGM.

Troisième mondial donc, mais qui pourrait encore gravir une marche – voire deux – sur le podium, d’après ses résultats du premier trimestre 2024 : avec 11,83 milliards de dollars de chiffre d’affaires sur les trois premiers mois de l’année, il n’est devancé que par l’armateur danois Maersk (12,35 milliards), loin devant l’Allemand Hapag-Lloyd (4,26 milliards).

Rodolphe Saadé, le PDG du groupe basé à Marseille, se félicite :

« Comme attendu, le début de l’année 2024 s’est révélé plus dynamique pour le commerce mondial de biens et la demande de transport de marchandises en dépit des tensions géopolitiques qui ont fortement pesé sur la fluidité des échanges économiques mondiaux. Notre division maritime réalise une performance solide, portée par le phénomène de restockage en Chine et aux États-Unis. »

Les performances actuelles de l’armateur français s’expliquent par sa rigueur opérationnelle, mais aussi par le développement de la logistique intermodale, entre transport maritime, opérations portuaires et ouverture vers le rail et la route.

Cette intermodalité est en train de devenir l’alpha et l’oméga de la logistique du transport. C’est en tout cas le pari fait par Modalis, une autre entreprise française. Basé à Aix-en-Provence, ce groupe figure en tête du classement des entreprises du secteur de la logistique en termes de croissance, avec un chiffre d’affaires de 20,8 millions d’euros en 2022 (en hausse de 223, soit 6 % par rapport à 2019, selon les chiffres selon les chiffres de Les Échos).

Son créneau : proposer des solutions de report de la route vers le rail, grâce à l’utilisation des wagons de fret les plus rapides du marché européen.

Le fondateur du groupe en 2002, Bernard Meï, assure :

« Nous n’avons pas vocation à devenir opérateur de transport logistique, notre rôle est, au contraire, de proposer une offre globale pour accentuer le report modal. Elle comprend la fourniture en location des wagons, caisses mobiles et autres châssis, mais également la vente de wagons et UTI via notre filiale CCFC, implantée près de Bergame. »

Selon ses propres projections, Modalis devrait doubler de volume dans les deux années qui viennent, avec un objectif de 200 millions d’euros d’ici cinq ans. Et il n’y a pas de miracle à ça : un plan d’investissement massif de 120 millions d’euros va lui permettre de booster son volume d’affaires. Avec déjà un parc de 4500 unités de transport intermodales (UTI) et plus de 1000 wagons porte-conteneurs, l’entreprise lorgne maintenant sur les pays limitrophes du Benelux et de l’Italie pour étendre son influence sur l’Europe du rail, et multiplier le nombre de ses clients grâce aux performances de ses trains de transport de marchandises allant jusqu’à 140 km/h.

 

Complémentarité des compétences

L’industrie du transport de marchandises ne se limite pas qu’au transport proprement dit – par bateau, par train ou par camion –, elle s’est aussi largement développée ces vingt dernières années grâce aux centres de logistique, de stockage et de dispatch robotisés.

Dans ce domaine, la France compte aussi une entreprise peu connue du grand public, mais qui se démarque dans ce secteur hyper concurrentiel : BOA Concept. Installée à Saint-Étienne, l’entreprise spécialiste de « l’intralogistique » a vu elle aussi son chiffre d’affaires bondir entre 2019 et 2022 (+117,96 %), atteignant 20 millions d’euros, avant un léger fléchissement en 2023 lié au ralentissement général des investissements. À ses clients, BOA Concept propose des solutions technologiques de premier plan pour fluidifier les opérations en entrepôt et réduire le temps de préparation des marchandises à expédier.

Aujourd’hui essentiel, ce maillon de la chaîne de la logistique du transport est amené à poursuivre sa modernisation. C’est pour cette raison que BOA Concept a décidé de se diversifier en acquérant au printemps dernier 70 % de la société belge Easy Systems Benelux, afin de développer des offres complémentaires à destination de clients français et européens. Et même américains.

Jean-Lucien Rascle, président et cofondateur du groupe, assure :

« Nous accélérons notre stratégie de développement sur de nouveaux territoires et de nouveaux marchés, en particulier grâce à la prise de participation dans la société belge Easy Systems, qui a été finalisée courant avril. Forts de notre savoir-faire en automatisation, ainsi qu’en robotisation et intelligence artificielle grâce à l’acquisition en 2022 de la Société RobOptic, nous avons décidé de lancer dès maintenant la commercialisation de nos solutions sur le marché nord-américain, qui était à l’étude depuis plus d’un an. »

Chez les ténors français de la logistique et du transport, cette stratégie de rachat de sociétés complémentaires n’est pas nouvelle.

Déjà en 2022, CMA-CGM rachetait l’entreprise de transport Gefco – fondée par la famille Peugeot – qu’il a rebaptisé Ceva Logistics, après un passage sous actionnariat russe. Pour l’armateur français, il s’agissait là aussi de faire revenir sous giron tricolore une entreprise historique du transport hexagonal.

Car la logistique est aussi affaire de souveraineté industrielle, surtout dans la course actuelle à la décarbonation et à l’indépendance industrielle.

Alain Bagnaud, directeur général de la Semaine internationale du transport et de la logistique (SITL), affirme :

« La logistique est devenue un enjeu de compétitivité et de souveraineté nationale. L’ancienne gestion de flux standards massifs et récurrents a fait place à des flux d’informations qui précèdent désormais les flux physiques. Dématérialisation, plateformes numériques, robotisation, blockchain… Les entreprises du transport et de la logistique sont devenues un laboratoire pour de très nombreuses technologies. »

Et dans ce domaine, la France peut se réjouir de compter des champions d’Europe. Et du monde.

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